Inondations en Côte-d’Ivoire: L’heure du deuil, mais aussi des questions

Par RFI

Le jour d’après, en Côte d’Ivoire où au moins 20 personnes sont mortes dans les fortes inondations qui ont touché notamment Abidjan après des heures d’intempéries torrentielles. Ce mardi, la ville se réveille encore sous le choc même si les pluies ont cessé. C’est l’heure du deuil, des réparations, mais aussi de certaines interrogations.

Des centaines et des centaines de commerces sont à nettoyer et à dégager des décombres dorénavant. Beaucoup de logements aussi sont concernés à Abidjan, notamment dans les quartiers de Cocody, de Port-Bouët ou bien d’Adjamé. Ce sont des images post-apocalyptiques auxquelles on a pu assister ce lundi et ce mardi matin encore : enchevêtrement de gravats, de carcasses de voitures et parfois malheureusement de passagers morts à l’intérieur de ces véhicules noyés dans la boue.

A certains endroits comme dans la rue ministre à Riviera Palmeraie, zone martyre régulièrement sujette aux inondations, le bitume aurait été totalement emporté par les eaux et la route serait impraticable. On a l’impression qu’il y a eu un tremblement de terre, explique un employé de la municipalité. Au moins 18 personnes tuées, 136 autres secourues, c’est donc le bilan provisoire des dégâts causés par les pluies torrentielles à Abidjan. Deux victimes sont à déplorer aussi à Tiassalé et à Ouragahio dans l’ouest du pays. Les dégâts matériels sont importants, de même que les besoins des populations sinistrées. Dans certaines zones, les familles sont réfugiées sur les toits, parfois dans les arbres pour tenter de sauver leur vie.

« Il y a des personnes qui doivent déménager des zones où elles sont parce qu’elles sont dans des zones à risque. Il y a aussi des besoins en vivres en ville parce que plusieurs familles ont vu leur maison emportée ou inondée par l’eau. Il y a aussi des personnes à qui on doit trouver des logements au niveau d’Abidjan. Pour intervenir, nous avons mis en place un système d’alerte précoce, nous faisons de la sensibilisation, nous donnons l’information sur les mesures à prendre dans des situations d’inondations », explique Emmanuel Kouadio, le secrétaire général de la Croix-Rouge Côte d’Ivoire.

L’aide aux sinistrés commence à s’organiser dans la ville. Par exemple, la députée de Cocody, Jasmina Ouegnin, a mis à disposition d’associations sa permanence où les Abidjanais sont invités à déposer de la nourriture, des vêtements ou de l’eau. On assiste à un important mouvement de solidarité à Abidjan. Sur les réseaux sociaux, les appels aux dons pour venir en aide aux sinistrés, se multiplient. Des dons qui sont en train d’être triés par des bénévoles et qui seront ensuite distribués dans les quartiers sinistrés.

Colère à Abidjan

Le choc est à la hauteur de la peine pour les Abidjanais qui s’interrogent et parfois s’insurgent sur les raisons de ce drame. Plusieurs d’entre eux rencontrés par RFI ou qui s’expriment sur les réseaux sociaux incriminent une mauvaise gestion de la voirie, des canaux d’évacuation de la capitale économique où se mélangent allègrement eaux usées et eaux pluviales. Et ils dénoncent une urbanisation anarchique d’Abidjan au mépris des règles de sécurité et de la topographie naturelle de la ville avec ses bassins versants.

Lors d’une cellule de crise, lundi, le gouvernement a déploré cette situation en affirmant travailler avec les communes pour relocaliser les populations et assainir les zones dites à risques. Un travail de longue haleine, affirme le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, un travail qui est répété chaque année, mais qui ne semble pas produire beaucoup d’effet : 15 à 28 morts depuis quatre ans à cette saison. C’est la facture à payer pour les Abidjanais lorsque s’abattent ces pluies diluviennes sur leur tête.

Ce matin, les opérations de secours des sapeurs-pompiers ont pris fin. Mais ils restent en alerte. D’ailleurs, dans les quartiers, les habitants scrutaient le ciel avec inquiétude car ils savent que la saison des pluies est bien loin d’être finie. Et à chaque averse, les estomacs se nouent.

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8 réflexions au sujet de “Inondations en Côte-d’Ivoire: L’heure du deuil, mais aussi des questions”

  1. @belo ..

    Pour vous ceci :
    « Le choc est à la hauteur de la peine pour les Abidjanais qui s’interrogent et parfois s’insurgent sur les raisons de ce drame. Plusieurs d’entre eux rencontrés par RFI ou qui s’expriment sur les réseaux sociaux incriminent une mauvaise gestion de la voirie, des canaux d’évacuation de la capitale économique où se mélangent allègrement eaux usées et eaux pluviales. Et ils dénoncent une urbanisation anarchique d’Abidjan au mépris des règles de sécurité et de la topographie naturelle de la ville avec ses bassins versants. »

    Toutes les raisons y sont donc et la seule façon de circonscrire le problème est de faire de la prévention en réglant tous ces problèmes au lieu de guérir les abidjanais en déployant le FUMACO dans les eaux boueuses d’Abidjan afin de repêcher des corps inanimés et/ou de sauver des personnes en danger !!

    Maintenant, ce serait de la mauvaise foi de dire que personne ne peut rien contre une catastrophe et qu’il en arrive aussi dans les autres pays industrialisés.

    Non, concernant ces inondations, nous sommes les premières causes et raisons de ces catastrophes et non la pluie qui agit naturellement et légendairement, une pluie qui est ardemment désirée dans d’autres villes en manque d’eau (BOUAKE) ou plus agricole, frappées par la sécheresse !!

    Mauvaise foi, qualité de gauche vous dites ?

    Non, attendez vous à ce que tous les hommes politiques du moment, y compris parmi les poussiéreux, au delà de l’aide et du soutien populaire, embouchent leur trompette et fustigent à l’unanimité les causes de cette catastrophe et à ce qu’ils agressent le pouvoir public, mais aussi tous les ivoiriens aux habitudes et comportements de nature à amplifier et à provoquer ces inondations !!

    Dabakala !!

  2. les problèmes des constructions anarchiques, des canaux d’évacuations des eaux bouchés par des ordures et sable…ne datent pas d’aujourd’hui. il y a plus de 20 ans de cela que ces problèmes persistent .
    Apres la mort de Boigny, rien n’a été suivi comme il le fallait par ces successeurs .

    Quand feu Houphouet construisait de large boulevards et voies et des hauts immeubles et d’énormes canaux d’évacuation d’eau sale dans la ville d’Abidjan certains l’ont traité de « fou »….
    Aujourd’hui le boulevard Giscard Dinstin est devenu étroite

  3. Je me souviens un tout petit peu… l’ex ministre de la recherche scientifique, feu Lourougnon Guédé avait critiqué feu Boigny d’être un mégalomane, avec ses idées et construction futuristes…

  4. @srika

    Ressasser le passé ne résous pas le problème actuel.

    Pour moi voici un exemple type de gouvernance tranquille sans contre pouvoir que le rdr veut.

    On sait qu’ il y a d énormes dysfonctionnements notamment au niveau du ministère de la construction et de celui des infrastructures.

    Mais il y aura sanction que si le chef de l état le veut et rien d autres.

    C est ce type de gouvernance que les gens veulent pérenniser avec le retour au parti unique qu’ ils appellent stabilité et paix!

  5. les japonnais étant toujours la cible des tsunami et autres earthquakes, ils ont pris l’habitude de développer de nombreuses techniques et technologies dans la lutte contre ces phénomènes naturels. malgré tout, on enregistre chaque année des morts dues à ses catastrophes. au États-Unis ils y tout temps des ouragans etc. malgré les prédictions, les préventions, ce genre de catastrophe frappe même des villes célèbres dans ce pays.
    certaines catastrophes dépassent les prédictions et c’était le cas avec la pluie de mardi.
    chez moi, de 3h à 5h40,nous étions devant la porte à repousser l’eau qui rentrait dans le salon. on maudissait le propriétaire car nous le croyons responsable de l’inondation dans la cour et qui menaçait de s’étendre dans les habitations.
    mais tôt le matin, après cette nuit blanche, à la vue des autres habitants moins chanceux que moi, je compris que cette pluie était exceptionnelle et que le propriétaire n’y était pour rien.
    si quelque chose devrait être pointé du doigt comme cause de ce déluge exceptionnel, c’est plutôt le dérèglement climatique. les prévisions météo faisant foi, ce genre de catastrophe n’est pas encore derrière nous.
    sur que des mesures seront prises pour réduire les dégâts, pour préserver le max de vies humaines.
    mais ce genre de pluie qui tombe intensément et régulièrement non-stop depuis 3h jusqu’à l’aube, aucun gouvernement au monde n’aurait pu le prédire.
    encore une fois, courage aux familles explorées !
    condoléances à ceux qui ont perdu des êtres chers !
    beloo !

  6. 2020 : adieu, « désordeurs » ! Y’en a marre que le pays se développe sur le modèle d’Abobo et d’Adjamé !

  7. @belo …

    Non mon cher ami, la situation à Abidjan était certes catastrophique dans les faits et les conséquences, avec de nombreux dégâts matériels et des morts, par contre les précipitations enregistrées ne sont pas à classer dans le registre catastrophe. A ne surtout pas comparer avec des tsunamis, earthquake et tout autre catastrophe naturelle dans le pacifique, ou alors aux ouragans et typhons.

    Les pays qui vivent ce genre de catastrophes essaient de trouver des solutions (préventives ou pas) à ce genre de problèmes, mais chez nous, il a été question d’une simple précipitation qui a eu lieu pendant un certain temps (chose classique dans le pacifique). Les effets accompagnateurs des ouragans et typhons, on ne les a jamais eu de mémoire d’homme ivoirien.

    Le problème est donc basique ment et banalement un problème d’écoulement des eaux vers les bassins de réceptions et les cours d’eau, mais aussi celui de l’infiltration.

    Naturellement dans la forets et dans d’autres endroits non impactés par l’homme, l’eau qui tombe du ciel s’infiltre dans le sol, ou constitue divers torrents pour se jeter dans des bassins en profondeur ou rejoindre des cours d’eau menant à des lacs, à la mer, etc.

    Quand on se construit une ville, on aura tendance à modifier cet environnement naturel :
    • On limite l’infiltration de l’eau dans le sol en développant des routes, en recouvrant le sol de pavés, de ciment et en compactant le sol.
    • On se définit des lieux d’habitation dans des endroits à risques, qui sont essentiellement des bassins de réception des eaux pluviales naturelles ou artificiels.
    • On ne respecte pas les normes de construction imposant l’obligation de produire un logique d’évacuation des eaux pluviales.
    • On adopte des comportements urbains susceptibles d’aggraver la situation par exemple le manque d’éthique en matière d’hygiène publique, de salubrité, de gestion des ordures ménagères et industrielles, etc. etc. bref, je parle ici de tous les objets qui pourraient concourir à boucher des canaux d’évacuations des eaux.

    Maintenant, la règle est simple, si la capacité à évacuer l’eau ou à ce qu’elle s’infiltre ne correspond pas à la capacité de production d’eau sous forme de précipitation, en bien, l’eau s’accumule et le niveau monte.

    Les premières victimes touchées sont celles qui habitent dans les zones à risques, dans les bassins de réceptions naturels d’eaux pluviales.

    Ces zones sont clairement identifiés et définies par le gouvernement, qui essaie comme il peut d’y déloger les habitants.

    Alors oui, la situation est grave, il y a eu des morts, mais le grade de catastrophe naturelle au même niveau qu’ailleurs, nous ne le méritons pas, par contre, attribuer ici le niveau le plus élevé d’insouciance, inconscience à une échelle urbaine et gouvernementale est ici plus qu’indiqué !!

    Ce n’était qu’une pluie, simple, sans plus, mais qui a duré plus longtemps et montré les limites de notre système urbain.

    A nous de prendre acte et de corriger le tir !

    Maintenant, dit franchement, même si on avait prédit cette pluie, on n’aurait pu rien faire du tout en dehors d’évacuer des habitants à temps (et encore !! Qui est chaud pour quitter sa maison et la laisser vide, à la merci des eaux ? Imaginez la situation, si les ivoiriens essaient tous de sauver leurs biens !!). Cela n’aurait rien enlevé à la mesure catastrophique des effets de cette pluie !!

    Il vaut mieux prévenir que guérir !!

    Et je vois que vous continuez à faire la confusion entre prévenir et prédire !!

    Et après, je passerai pour professeur de littérature, de physique et consort, en panne d’énergie cinétique !!!

    Tchrr…..

    Dabakala !!

  8. Le seul problème que nous avons en CIV, c’est la course à l’enrichissement et quand on allie cela au blanchissement d’argent qui à cours en ce moment, on ne doit pas être étonné de ce genre d’inondation engendré par les constructions anarchiques. Il faut se poser la question là où le cadre supérieur ne réussit pas à s’en sortir, là où même les hauts postes dans le privé se font rares, le commerçant tirant aussi le diable par la queue, qui est ce qui construit tous ces immeubles qui sortent de terre comme des champignons dans les grands quartier d’Abidjan, où est ce que ces personnes trouvent elles tout cet argent.

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