Le Plateau en Côte-d’Ivoire: «Dans l’antre de Jacques Ehouo» #PrisonnierEnSursis

15h10 ce samedi [07-10-2018], mon contact me récupère au lieu indiqué. Direction la Commune du Plateau. La circulation est fluide en ce début d’après-midi, surtout que nous sommes le week-end. Feu des Sapeurs-pompiers le conducteur marque l’arrêt. Au vert, un léger coup d’accélérateur sur la gauche et nous voilà dans le Plateau, le Manhattan ivoirien. Une commune bien particulière. Deux millions d’habitants en journée, c’est à dire aux heures de travail, pour le dixième dès la nuit tombée et les week-ends.

Dans sa candeur des jours non ouvrables, le moteur ne fait aucun effort. Easy la conduite ! Commandement Supérieur de la Gendarmerie Nationale, Bibliothèque nationale, Cité administrative, le véhicule se gare non loin de la petite gare de bus de la Sotra [Société de Transport Abidjanais]. « Nous sommes arrivés », m’annonce-t-il et de rajouter « le programme sera long ce soir ».

Franchissons le portail tenu par un agent de sécurité, apparemment un volontaire. Cette bâtisse de style colonial aux couleurs bleu et blanc, bâtie sur les 800m2, fait office de Quartier Général du candidat Jacques Ehouo Gabriel. Ah ! Okay ! Bah oui ! Suis dans l’antre des « Sans bruits ». Des serrées de mains, un léger sourire, une petite marque de sympathie à l’endroit de cette tête jamais vue par ici, n’arborant aucun T-shirt et ne respectant pas le code couleur (vert et noir). Bref ! Suis là, m’installe dans un angle qui m’offre la bonne vue.

Bâches, chapiteau, podium, sono, posters à l’effigie du candidat. Le décor est bien planté. La musique en fond sonore est chrétienne. Dans ce pays, la politique a vite fait de s’entremêler à la religion. Assurément pour le camp Jack Bauer, du surnom de l’actuel Député du Plateau et candidat aux Municipales, le soutien du divin serait le rempart face à la féroce adversité. Dans le public, la famille Ehouo est d’un soutien de taille. Le Professeur Ehouo, père du fils, se veut discret mais est bien présent avec son épouse.

L’histoire pour le «jeune» homme de 46 ans, né à Londres, commence à la fin des années 2000. Rentré du Canada avec son parchemin de biochimie, il rencontre à tout hasard Noël Akossi Bendjo par le biais de son géniteur. Dès lors, Jacques va intégrer la longue liste « des milliers de neveux » du Maire Bendjo. Atchan de par son père et Dida de par sa mère, Jacques Ehouo le petit fils de cheminot, de sa collaboration avec Akossi Benjo est à la base de la création de l’espace Coca Cola dans les bordures lagunaires du Plateau….

La musique chrétienne coule douce lorsque le maître de cérémonie annonce la tenue de la rencontre avec les communautés du Plateau-centre dans l’enceinte du QG. « Le candidat n’a n’en pas pour longtemps. Il n’est pas loin ». Quinze (15) minutes plus tard, le Range Rover franchit le portail. Ça s’active ! Le regard affaré ? Non, plutôt timide ou du moins agoraphobe, Jacques Ehouo se fond dans son monde. Retenez que ce n’est pas un grand bavard. Intégrant parfaitement le concept du #SansBruits, cette stratégie de défense marketing appelant à davantage de mobilité pour semer ses concurrents. D’ailleurs sur le T-shirts que porte ce candidat, est marqué #PrisonnierEnSursis. Vous aurez certainement compris le pourquoi.

Le meeting peut commencer. Les échanges sont élogieux, presque fusionnels à la limite. Les communautés rappellent elles-mêmes les actions posées. L’embelli en rajoute à l’embelli. C’est la campagne et son discours !

17h20, c’est enfin le tour de parole de celui qui entend bâtir sa prochaine action à la de la Mairie du Plateau autour des thématiques : Écologie, Économie, Ecocitoyen. La voix grave avec un zeste de gras qui en rajoute à son raffinement. Du haut de son mètre 80 environ, svelte, le candidat PDCI de Henri Konan BEDIÉ déroule son projet. Jacques Gabriel Ehouo arrache les hourra d’un public acquis à sa cause et annonce le rendez-vous du samedi 13 octobre prochain (jour de vote). Le meeting s’achève par deux prières. Une première, celle-ci chrétienne et une seconde celle-là musulmane. L’impair est subtilement réparé. Et pourtant, ils pouvaient faire sans… Gabriel ou Djibril, dans tous les cas Jacques aura besoin de son ange gardien pour la suite.

S’en suit la séance photos et selfies. Essaie de lui arracher un mot. L’envie est là, se reprend tout de suite. Le visage radieux sort l’index sur les lèvres, #SansBruits. Il ne parlera pas. Le slogan reste entier et l’adversaire a semble-t-il du mal à le décimer. Plateau-centre c’est fini. Un autre meeting est annoncé dans les profondeurs du Plateau.

18h, pieds à terre à la Cité Esculape, non loin de la Banque Centrale. L’ambiance est bonne. Le p’tit monde de la Cité est descendu des hauteurs. Le Directeur de campagne de la liste des 25 conseillers, annonce au public que le face à face tant souhaité par le camp d’en face n’aura jamais pas lieu. « Notre face à face se fera dans les urnes ». Ahhhhh la campagne et ses pics !

Quand le maître de cérémonie annonce Jack Bauer sous les ovations, c’est pour dérouler son projet spécifique pour la Cité Esculape. Le meeting prend fin sur la promesse ferme de financer le projet de Charly qui s’élève à 5 mille Euros. C’est la campagne, n’oubliez surtout pas.

Il est 20h10. La fatigue commence à se faire sentir. La batterie du smartphone est HS. L’essentiel est su. Une étape est annoncée mais appuie sur le stop. Il faut rentrer.

Les Municipales à Abidjan nous donnent deux points chauds. Abobo et le Plateau.

La bataille du Plateau se fait plus violente sur les réseaux sociaux que sur le terrain. Là où littéralement les ultras s’affrontent depuis plusieurs semaines, c’est plus convivial au bas des immeubles. Le Plateau se joue au-delà du ring. Le Pdci a sorti son poulin. De l’autre côté, le régime entend ravir le quartier des affaires.

Le 13 octobre, les huit (8) centres de vote hébergeant les 132 bureaux de vote, vont accueillir pas moins de 65 mille électeurs. Sept mille en 2013, la population électorale du Plateau est passée à l’exponentiel en moins de 10 ans. Qui sont ces électeurs ? La population électorale est d’ailleurs, certainement pas d’ici. Notre randonnée va se poursuivre dans l’autre camp si nous en avons l’accord et terminerons par le chaudron d’Abobo.

#Jo_Winner
Envoyé Spécial

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1 réflexion au sujet de « Le Plateau en Côte-d’Ivoire: «Dans l’antre de Jacques Ehouo» #PrisonnierEnSursis »

  1. Le clan au pouvoir tient vraiment à placer son « bon petit » au Plateau :
    – Poursuites contre Benjo le contraignant à l’exil ;
    – Elimination du militant RDR pur jus Ouattara Dramane ;
    – Gonflement subit et artificiel de la liste des inscrits pour la mairie du Plateau ;
    Etc. Et maintenant menaces sur la liberté d’un candidat en campagne pour cette commune. Bah, faut croire que le Plateau et Abobo relèvent d’une question absolument vitale pour ce régime.

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