Décès de Sangaré en Côte-d’Ivoire: Ces questions encore sans réponses… Simone Gbagbo prend la tête du parti

Par cConnectionivoirienne

Fpi – Simone Gbagbo en première ligne malgré elle

Sangaré Abou Drahamane est décédé samedi au petit matin à la clinique Farat de Marcory après avoir séjourné à la polyclinique Hôtel Dieu de Treichville. ‘’Le gardien du temple’’ de son sobriquet, est mort d’un cancer de la prostate à 72 ans. Un mal qu’il a su dissimuler car en public il avait l’air débonnaire, toujours bien mis dans des couleurs qui ont souvent fait sensation. Certains l’assimilaient au Djo Ballard de la politique. Sangaré parti, le temple est secoué et l’on se demande s’il a pu transmettre les grands secrets avant de rendre l’âme.
Si certaines informations sont admissibles, d’autres suscitent cependant des interrogations surtout que ce énième décès d’un cadre du Front populaire ivoirien intervient à moins de deux semaines d’intervalle de celui de Marcel Gossio, un autre historique du parti de Gbagbo.

Sangaré, avons-nous appris, n’est pas mort faute d’argent. Selon une source bien informée, il a fait ses adieux aux vivants au moment même où ses camarades de parti et des proches de Laurent Gbagbo avaient en leur possession, la somme de 10 millions de FCFA pour ‘’sauver’’ le n°2 du parti. Des jeunes loups du parti dont Koua Justin et bien d’autres acheminaient eux aussi une enveloppe vers la clinique quand ils apprendront chemin faisant, le décès de leur idole. Lequel, ajoute une source, était dans de bonnes mains. Outre les médecins de la clinique, les professeurs Gnagne Yadou et Georges Armand Ouégnin (président de Eds) ont apporté leur science d’urologues chevronnés, tout comme le docteur Blé, médecin personnel du président Gbagbo.
Cependant, on s’interroge toujours quant à la chaîne des interventions depuis Hôtel Dieu jusqu’à Farat pour que la mort puisse intervenir après que son état s’est dégradé entre les deux lieux. Si pour les hommes de science, il n’y a rien d’intrigant dans ce qui est arrivé, des esprits épris de curiosité veulent y voir quelque chose de pas très clair.

Évacuation en France

Des proches du dossier, au vu de la gravité de la situation, ont évoqué un temps une évacuation sanitaire en France. Pourquoi n’est-elle pas intervenue ? Est-ce parce que Sangaré est toujours interdit de voyage malgré l’ordonnance d’amnistie ? Les autorités ivoiriennes ont-elles été approchées dans ce sens ? Quelle a été leur réaction ? A certaines de ces interrogations, des interlocuteurs au sein du Fpi n’ont pas les mêmes réponses. Si pour certains l’évacuation n’était pas le problème clé parce que le patient n’aurait pas tenu pendant les six heures de vol, d’autres veulent y voir des mains occultes à la manœuvre. Tout compte fait, pour les plus objectifs, le mal était si pernicieux que le pronostic vital était déjà engagé dès son admission à l’hôpital.

Et Sangaré s’en est allé avec ses secrets pour une destination sans retour. Dès l’annonce de la nouvelle, des dizaines de partisans, les premiers informés ont pris d’assaut le domicile familial de la Riviera 3. Son jeune frère Issiaka Sangaré, de l’aile Affi N’guessan du Fpi, très affecté écrasait de temps à autre une larme, assis dans une chaise. Une vieille dame, juste à côté pleurait à chaudes larmes, à l’idée de la mort brutale de Sangaré au moment où son ami Gbagbo est incarcéré à La Haye. Désirée Douati, la fille d’Alphonse Douati, l’ancien ministre qui a occupé les portefeuilles de l’Agriculture, des ressources animales et des relations avec le parlement, lui aussi malade depuis des mois, avec de bonnes volontés servaient des gobelets d’eau aux visiteurs.

Simone Gbagbo en première ligne et hop la polémique !

Dans l’après-midi, ce même samedi, un secrétariat exécutif est convoqué par Simone Gbagbo pour traiter de cette actualité brulante. C’est que l’ex-première dame, désormais présidente par intérim est devenue maîtresse de la situation malgré la ligne qu’elle s’était imposée à sa sortie de prison. La voici à présent aux manettes. Elle avait au préalable accouru à la clinique Farat où Sangaré a rendu l’âme. Elle aurait déclaré :

« Sangaré est parti, le Fpi reste debout. Je convoque une réunion du secrétariat général à cet effet». Cette montée au créneau de celle qui vient juste après Sangaré a suscité tout de même une vive polémique sur la toile pour ceux qui voulaient la voir loin de la politique maintenant surtout qu’elle a axé son discours d’après-prison sur l’évangile. On retiendra aussi le communiqué produit par le nouveau secrétaire général Assoa Adou qui, se faisant le porte-parole de Gbagbo annonce la suspension de toute activité politique au Fpi jusqu’à la fin des obsèques.

Certains n’ont pas hésité dès lors à évoquer une confusion des rôles et de genres. D’habitude, les communiqués émanant de Gbagbo étaient le fait de son porte-parole Koné Katinan au Ghana. Ce cheminement a été cette fois escamoté peut-être pour les besoins de la cause. Pour bien d’observateurs, ceci préfigure les luttes internes en vue du contrôle du parti du moins de sa tendance « Gbagbo ou rien ». Pour le moment Simone fait le service minimum et elle a déjà son monde avec elle. Odette Sauyet a été désignée pour présider le comité d’organisation des obsèques alors que le gouverneur Dakouri était annoncé pour sa proximité avec Gbagbo mais surtout pour sa capacité à se mettre au-dessus des diatribes politiciennes qui émailleront à coup sûr ces obsèques.

De la nécessaire réflexion pour une unité d’action au Fpi

Comme hier à la mort d’Abouo N’dori, de Marcel Gossio, malgré les interminables palabres, des gens des deux camps pleurent aujourd’hui Sangaré. Depuis le Moronou où il présidait une cérémonie bilan des élections locales Pascal Affi N’guessan a fait observer une minute de silence en la mémoire de l’illustre disparu. On a mis entre parenthèses les divergences actuelles pour honorer la mémoire du défunt. Ce qui signifie que les deux camps malgré les apparences, malgré les sarcasmes observés sur les réseaux sociaux ne se vouent pas une haine jusqu’à la tombe. Il existe encore quelques réflexes de camaraderie que les deux camps gagneraient à mettre à profit pour sceller la paix des braves. Une nécessité pour conjurer ensemble non seulement, le mauvais sort qui s’abat sur le parti depuis la perte du pouvoir en 2011 mais également, dans l’unité retrouvée, aller inexorablement à la reconquête du pouvoir. C’est la seule voie pour arrêter la saignée et ‘’venger’’ les morts. Sinon ils l’auront été en vain face au pouvoir Rhdp.

La mort tout comme l’ennemi ronge toujours là où la haine et le désamour sont rois.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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1 réflexion au sujet de « Décès de Sangaré en Côte-d’Ivoire: Ces questions encore sans réponses… Simone Gbagbo prend la tête du parti »

  1. Les « frontistes » sont bizarre et étranges.
    Beaucoup d’entre eux accusent le pouvoir RDR d’avoir assassiné Aboudramane Sangaré.

    Si vous savez que cette clinique appartient au frère de Dominique Ouattara, pourquoi alors, vous avez envoyé Sangaré en ce lieu médical ?

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