Réforme de la commission électorale en Côte-d’Ivoire: Le plaidoyer d’un cadre ivoirien de la diaspora

Le citoyen que je suis, qui formule des voeux de bonheur pour ses concitoyens, souhaite donc voir un état rayonnant de sa nation qui permette le bonheur individuel.

Qu’est-ce qu’il faut, aujourd’hui à notre nation pour son rayonnement continu? De notre histoire récente, qu’est-ce qui s’est avéré continuellement être la plus grande menace à notre communauté de destin? A contrario, quelle est la plus grande opportunité qui se présente aujourd’hui à la Côte d’Ivoire pour lui assurer paix et stabilité à long terme? Quel est le socle sur lequel nous pouvons, ENFIN, bâtir durablement la prospérité de notre nation? La réponse à ces questions est simple et unique: réussir, ENFIN, à assurer le renouvellement des élites dirigeantes de notre nation sans plonger dans la violence et la guerre. Pour ce faire, la solution est aussi simple et unique: nous doter, ENFIN, d’institutions et d’un processus électoral qui assurent une compétition équitable et l’égalité des chances à tous les enfants de cette nation devant l’ambition de service public, y compris à la magistrature suprême!

La Côte d’Ivoire n’a pas dix mille problèmes! Nous n’avons aucune histoire de divisions ethniques! Nous n’avons aucune histoire de divisions religieuses! Les enfants de cette nation ont grandi ensemble, mélangés, dans les cours de récréation, dans les internats, dans les plantations de cacao, dans les gares routières, dans les cars et gbakas! Rien d’historique, de profond, d’insurmontable ne peut et ne divise cette nation! Nous avons un seul problème, réglons le! Donnons nous, ENFIN, une Commission Electorale Indépendante (CEI) qui nous organise des élections dans ce pays sans que nous nous jetions les uns contre les autres!

otre pays, comme bien de pays en Afrique hélas, s’élève ou s’écroule par le fait de contentieux électoraux au centre desquels se trouve la transparence du vote et donc la crédibilité de l’institution électorale. Et parce que tout le monde en a été victime, l’impératif de trouver un remède définitif à notre mal commun s’impose. De 1990 à 2018, les trois grands partis qui dominent notre marché politique ont eu, chacun son tour, leur part de nivaquine amère servie par une Commission électorale souvent taillée sur mesure du prince règnant. Quand en 1995, les frères et soeurs du RDR et du FPI, ensemble dans le Front Républicain, battaient le pavé pour réclamer la création d’une institution électorale indépendante, les tontons et tanties du PDCI pensaient que les opposants qui « n’aiment pas les gens » voulaient leur arracher le pain de la bouche! Nous avons ainsi raté l’occasion de bâtir une institution électorale à la mesure de nos aspirations démocratiques. Aujourd’hui, les tontons et les tanties du PDCI réclament une « vraie CEI ». Par les mêmes surprises de l’histoire, ceux qui sont accusés de « bénéficier » de la CEI d’aujourd’hui peuvent regretter demain l’opportunité manquée de la reformer en profondeur aujourd’hui.

Le voeu le plus cher que je veux formuler pour notre nation, et donc pour nous tous, c’est que, sans délai, un débat national soit lancé sur la réforme de la CEI. Le Président de la République l’a promis, il vient de le réaffirmer dans son discours de nouvel an, les acteurs politiques de tous bords et les Ivoiriens tout court réclament la réforme de la CEI, allons-y donc! Et que tous les Ivoiriens s’impliquent et soient impliqués dans la réflexion et les discussions sur le modèle de CEI nouvelle. Depuis l’avènement du multipartisme en 90, cette question a été laissée en monopole et au bon vouloir des politiciens professionnels et aux partis politiques; et le résultat de la bataille entre ces associations privées a été à ce jour, un désastre public continu pour nous tous! Nous ne pouvons pas continuer de faire et refaire la même chose et espérer un résultat différent! C’est la définition même que Albert Einstein a donné à la folie. Or, une partie de notre peuple (les politiciens) peut être folle un temps, mais tout le peuple ne peut pas être fou tout le temps! Parce que la guerre ne trie pas ses victimes, tous les citoyens de Côte d’Ivoire doivent donner de la voix, conjuguer leurs intelligences pour proposer une CEI non confligène.

On a tout éssayé avec une CEI composée de représentants de partis politiques. Le concours pour devenir Président de la République est ainsi le seul concours public de la nation où les candidats sont en même temps arbitres. Les jeunes Ivoiriens qui se présentent aux concours de l’ENA, de la gendarmerie et autres n’ont pas ce loisir de choisir les membres du jury. L’ASEC et l’AFRICA n’ont pas cette chance de choisir l’arbitre qui officie leur derby. Pourquoi doit-il en être autrement pour le concours et le match suprême de la nation!? Le citoyen que je suis, pense que le moment est venu de changer totalement de paradygme et de bâtir une CEI d’hommes et de femmes de la société civile ivoirienne, reconnus pour leur intégrité et leur stature morale. Le moment venu, Moi Citoyen, je donnerai ma modeste contribution au débat sur le type d’institution électorale, sa composition, son fonctionnement et bien d’autres aspects qui, je pense, peuvent contribuer à garantir la stabilité politique de long terme à notre pays. C’est notre responsabilité commune et collective de participer à cette réflexion qui engage l’avenir de notre nation.

La construction d’une CEI nouvelle en 2019 est une grande oeuvre nationale qui va permettre de rassurer l’ensemble des Ivoiriens, nous éviter les perpétuels conflits comme ceux encore servis par les dernières élections municipales, et renforcer la confiance de nos partenaires extérieurs. La création de cette CEI doit se conjuguer avec la définition d’un processus électoral qui permette une compétition enrichissante pour la nation entre tous ceux qui aspirent à nous diriger. Pour une compétition de qualité, il faut espérer qu’à la mi-2019 ou d’ici fin d’année, les Ivoiriens auront connu tous ceux qui, en se rasant les matins ou en se mettant la pomade les matins, pensent à devenir Président(e) en 2020.

Une fois connus, il faut espérer que le débat public s’engage sur les idées de ces candidats, leur vision de l’avenir de nos enfants et petits-enfants. Quelles sont les qualités dont ils disposent pour panser les plaies et réconcilier définitivement notre nation? Quelles sont les institutions dont nous avons besoin et qu’ils proposent pour une Côte d’Ivoire moderne? Quelles sont leurs propositions de politiques publiques pour ouvrir de nouvelles frontières de développement à notre économie? Que proposent-ils pour voir émerger des dizaines de champions nationaux du secteur privé, les Dangote Ivoiriens? Qu’entendent-ils faire pour que notre croissance économique crée plus d’emplois pour les jeunes Ivoiriens? Quels sont leurs remèdes pour les systèmes de santé et d’éducation? Une compétition électorale enrichissante pour la nation, c’est aussi 2 à 3 mois de campagne présidentielle officielle, et non pas 2 semaines officielles avec des mois de campagne « en cacher-regarder »! Ce sont des débats télévisés entre les candidats au 1er comme au 2ème tour de l’élection, et non pas seulement des « one man show » trop faciles! Tout ceci doit être clairement défini, noir sur blanc, et imposé à tous ceux qui pensent qu’ils ont quelque chose dans le ventre à proposer à leurs concitoyens. Arrêtons les campagnes et élections « djonan-djonan »! Donnons nous le temps de « remuer » suffisamment nos candidats présidents, députés, maires, pour éviter les désillusions et l’overdose à la poudre de perlimpinpin des années après les avoir élus.

L’occasion de cette réforme de la CEI doit être l’occasion d’une GRANDE REFORME et de la CEI et de tout notre processus électoral. Si c’est le point de vulnérabilité majeur de notre nation, alors nous devons prendre le temps de le traiter et de bien le traiter. Les nations développées que nous admirons sont devenues grandes justement parce qu’elles se sont dotés des institutions qui règlent leurs contradictions majeures et répondent à leurs plus grandes menaces sociétales, par rapport à leur histoire et leur volonté de vie paisible et de pérennité. Ce n’est pas pour faire joli que les Etats-Unis se sont dotés d’une Cour Suprême avec des juges nommés à vie, à l’abri des cycles politiques, institution suprême qui règle leurs contradictions en dernier ressort et protège leurs droits et libertés.
Si nous réussissons la réforme de la CEI et de notre système électoral en 2019, alors, je le pense modestement, notre nation aura fait des pas de géant vers la stabilité politique et sa stabilité tout court. Nous sommes un grand peuple, les enfants de cette nation sont brillants et ingénieux. Nous avons les intelligences pour apporter des réponses à nos défis et à tout ce qui nous tire vers le bas et ainsi nous élever encore plus grands. Retrouvons nous autour de ce qui est bon pour nous tous, créons les institutions qui nous mettent d’accord parce que crédibles aux yeux de tous, et assurons ainsi la pérennité de notre communauté de destin. C’est l’espérance que, par notre hymne national, nous avons promise à l’humanité. C’est le moment de réaliser la promesse!
Bonne année 2019 et travaillons à mériter de notre nation.

Koffi Alle

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1 réflexion au sujet de « Réforme de la commission électorale en Côte-d’Ivoire: Le plaidoyer d’un cadre ivoirien de la diaspora »

  1. Gbagbo même l a reconnu, c est avec aller aux élections sans désarmement, donner la cei aux opposants fut une erreur qu’ il assume.

    Malheureusement je crains fort que janvier 2019 sera la fin de la gouvernance ouattara tellement il sera occupé à d abord trouver un consensus sur aménager ou réformer la cei. Puis dénicher cet oiseau rare pour la diriger.

    Au moins ces commissaires rdr qui jouent les apprentis sorciers dans les régionales et locales vont rendre le tablier.

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