Critique du Conasfor par le ministre de la Défense – Evariste Méambly répond à Michel Amani

Evariste Méambly est le président du Comité national de soutien aux forces de réunification (Conasfor), structure qui s`est engagée à appuyer l`Etat dans la mise en place de la nouvelle armée. Méambly parle de sa structure dans cet entretien et ouvre une lucarne sur les récentes critiques du ministre de la Défense contre le Conasfor.

Quels objectifs visez-vous réellement avec le Conasfor ?

Nous voulons aider notre armée nouvelle. Nous voulons soutenir l`accord de Ouagadougou signé en 2007 pour aller à la paix. Dans le cadre du Conasfor, nous avons demandé à chaque Ivoirien d`apporter 500 fcfa pour acquérir du matériel pour nos militaires. Nous avons sillonné toute la Côte d`Ivoire, de l`ouest à l`est, du sud au nord en passant par le centre. Après plus d`un an, nous avons collecté 755 millions de fcfa et nous avons déjà remis 500 millions de fcfa de matériel, notamment des lits et des matelas, à 2400 soldats du Centre de Commandement Intégré (CCI). Nous nous apprêtons à remettre 12 véhicules comme moyen de déplacement pour le CCI. Cela va lui permettre de bien mener sa mission de sécurisation des biens et des personnes.

Il se raconte que vous tirez beaucoup d`intérêts de cette structure. Qu`en est-il ?

On ne peut jamais faire l`unanimité. C`est celui qui ne fait rien qui n`est pas critiqué. Nous avons voulu démontrer que des Ivoiriens peuvent se mettre ensemble pour soutenir leur armée ou mener ensemble des actions d`intérêt public. Dès l`instant où la paix est là, notre mission est considérée comme une réussite. Des gens peuvent chercher à nous tirer par le bas, mais nous avançons. Nous sommes sereins, nous cherchons la paix, rien que la paix. Moi je suis de Kouibly. J`ai perdu mon père et des parents dans la guerre. Je ne peux donc pas soutenir la rébellion. Mais j`aimerais que mes parents, les Ivoiriens vivent dans la paix. Depuis un an et trois mois, le Conasfor n`a pas bénéficié d`une aide d`un parti politique. Notre structure est apolitique. Nous sommes des bénévoles.

Vous seriez également bien apprécié du couple présidentiel, au point d`être dans leurs bonne grâces. Est-ce vrai ?

Je n`ai pas de rapport privilégié avec le couple présidentiel. J`apprécie le combat de Gbagbo et son épouse depuis l`opposition. J`admire leur courage pour ramener la paix en Côte d`Ivoire.

Que vise Évariste Méambly, à terme, dans ce combat qu`il mène ?

Je viens d`Abobo-derrière rails et je ne le cache pas. Dans ma modeste famille, on mangeait souvent un repas par jour, avec un père qui a perdu son emploi. Je ne pouvais donc pas baisser les bras. J`ai ramassé et vendu du bois, j`ai ciré des chaussures à la mairie d`Abobo. En tout cas, j`ai exercé des petits métiers pour vivre et m`en sortir. Abobo m`a formé et m`a appris à me battre. Et Dieu merci, une femme européenne m`a adopté et élevé. Elle était directrice des ressources humaines dans une grande société. Elle a un grand coeur et elle m`a appris à poser des actions caritatives.

Que répondez-vous à ceux qui trouvent que vous êtes narcissique ?

Je n`aime pas me faire voir pour le plaisir de me faire voir. Je pense que la Côte d`Ivoire a besoin de plusieurs Conasfor. Les instituteurs, les élèves et étudiants, les médecins, les handicapés, ont besoin d`aide et de soutien. Je serai heureux que des Ivoiriens se lèvent pour aider d`autres Ivoiriens à travers des associations humanitaires. Je ne peux pas mettre ma photo sur une affiche, me montrer à la télévision pour demander aux Ivoiriens de donner 500 fcfa pour notre armée et après me taire, me cacher, en ne faisant pas de bilan de ce qu`ils ont donné. C`est parce que nous avons bien communiqué que les Ivoiriens nous ont soutenu. Ce n`est pas de la publicité, c`est de la communication. Si cela a gêné des personnes, surtout le ministre de la Défense, je leur présente mes sincères excuses ; mais je ne pouvais pas faire autrement. Je ne sais pas comment je vais procéder pour informer chaque Ivoirien, chaque donateur, si ce n`est par la télévision, la radio, les journaux et les affiches.

On vous accuse d`avoir des pratiques pas trop claires dans vos affaires, et d`être un opportuniste. Que répondez-vous ?

Je n`ai pas consulté un marabout pour arriver aujourd`hui où je suis. Je suis né en Côte d`Ivoire, j`ai fait mes études ici, avant d`aller en Europe, dans le cadre des recherches pour une spécialisation dans le domaine commercial, agropastoral et financier. Cela, pour créer des emplois dans mon pays. Cela est connu, mes camarades de promotion sont là. Le député Mollé Mollé a été mon professeur de mathématiques, j`ai été président du MEECI. Je n`aime pas croiser les bras et me lamenter. J`ai des idées, je les développe et les mets en pratique, et ça marche. Ce n`est pas sorcier. Moi, mes collaborateurs, amis et connaissances, ont accès à ma chambre, je n`ai rien à cacher. Bédié est le président de mon parti. Je le respecte et je n`ai pas de problème avec lui. J`ai eu des relations d`affaires avec l`un de ses fils, je n`ai fait que réclamer ce qu`il me devait. Malheureusement, les journaux en ont abondamment parlé. Je n`ai pas reçu de soutien de Bédié, donc je n`ai pas trahi quelqu`un. Je reconnais que Zinsou m`a donné un coup de main avec la Sivomar. Des partenaires me font confiance pour mon sérieux. Je viens d`arriver d`une mission à l`extérieur pour un grand projet qui va procurer beaucoup d`emplois aux Ivoiriens.

Propos recueillis par H. ZIAO
L’Inter

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