Côte d’Ivoire: « Les élections ne résolvent pas le problème de la paix »

Il est à cheval entre la Côte d’Ivoire, son pays, et le Burkina qu’il a adopté depuis une bonne dizaine d’années. Lui, c’est Jean Eloye

Edo, très actif dans l’humanitaire pour avoir fait des dons au lendemain du drame du 1er septembre 2009 au Burkina et à bien d’autres occasions. C’est aussi un homme bien connu dans le milieu sportif : il a été dirigeant du Stade d’Abidjan et membre de la Fédération ivoirienne, de boxe. Quelques mois après le déclenchement de la crise ivoirienne, le 19 septembre 2002, Jean Edo avait pris son bâton de pèlerin pour œuvrer au rapprochement entre Burkinabè et Ivoiriens alors que la situation était tendue entre les deux Etats. Il poursuit ses actions à travers des structures dont particulièrement l’association dénommée Nouvelle vision ivoiro-burkinabè (NOVIB) Côte d’Ivoire, en prônant l’unité dans les deux pays et l’intégration entre eux. A un peu plus d’un mois du premier tour de la présidentielle en Côte d’Ivoire, Jean Edo a accepté livrer ses sentiments sur l’issue du processus de sortie de crise et des relations d’amitié entre la Côte d’Ivoire et le Burkina.

« Le Pays » : Quelles sont les raisons qui vous ont motivé à mettre en place une association ivoiro-burkinabè ?

Jean Eloye Edo : En fait, tout est parti de la rencontre que j’ai eue avec le président de la NOVIB (Nouvelle vision Ivoiro Burkinabé) qui m’a séduit avec son projet d’association Ivoiro Burkinabé. Il a ses idées, j’ai les miennes et ensemble nous avons compris que nous avons une même vision des choses. C’est pourquoi j’ai décidé lors d’un séjour à Abidjan de mettre en place NOVIB Côte d’Ivoire avec le soutien d’Ivoiriens et de Burkinabé en Côte d’Ivoire. Nous avons compris que Ivoiriens et Burkinabé doivent davantage communiquer et se faire entendre à travers les différentes associations et porter leur message dans leur pays respectif.

Qu’est-ce qu’on peut retenir de vos actions qui vont dans le sens de rapprocher davantage les deux peuples ?

C’est justement rapprocher davantage les deux peuples à travers des actions que nous menons sur le terrain. Comme nous l’avons déjà signifié lors d’une lettre adressée aux Ivoiriens et aux Burkinabè, aucune nation ne se bâtit dans la discrimination, l’exclusion et le bannissement. Ainsi, il est impératif que nos peuples dépassent les limites des frontières territoriales artificielles tracées, afin de poser les jalons d’une intégration véritable. La Côte d’Ivoire et le Burkina sont liés par la nature et l’histoire. C’est pourquoi l’ambition de nos deux Chefs d’Etat de faire de l’Axe Yamoussoukro-Ouaga le pivot du développement de l’Afrique de l’Ouest doit être une réalité.

« Les ivoiriens ont besoin d’être rassurés et mis en confiance »

Pensez-vous que la date annoncée du 31 octobre pour le premier tour de la présidentielle en Côte d’Ivoire est cette fois-ci la bonne ?

C’est le souhait de tout un chacun que cette date du 31 octobre tienne. Et on constate une volonté réelle de nos politiques à respecter cette date. Mais, en tant qu’observateurs au quotidien de la crise Ivoirienne, nous sommes prudents à être affirmatifs. Certes, il y a beaucoup d’avancées dans le processus électoral, mais il y a encore un ralentissement dans le processus de sortie de crise et cela se constate sur le terrain. Avec la volonté des politiques et des Ivoiriens, le respect du 31 Octobre sera le départ d’un vrai processus de paix. Mais, cela ne mettra pas forcément à l’abri la Côte d’Ivoire de certaines difficultés à venir car plusieurs situations restent à résoudre. Les Ivoiriens ont besoin d’être rassurés et mis en confiance. Cette élection va-t-elle résoudre fondamentalement la crise ivoirienne ?

Je l’ai dit, les élections à elles seules ne résolvent pas le problème de la paix en Côte d’Ivoire. Il va falloir régler les problèmes en suspens et passer à la reconstruction du pays. C’est la réalité qui attend le futur Chef de l’Etat. Sa préoccupation doit être de rebâtir une Côte d’Ivoire nouvelle dans les esprits des Ivoiriens. Celui qui viendra occuper le fauteuil présidentiel doit avoir à l’idée de mettre de l’ordre dans la maison « Ivoire ».

Comment expliquez-vous que l’Accord politique de Ouagadougou ait longtemps chancelé, donnant l’impression parfois que les acteurs de la crise ivoirienne ne voulaient plus en tenir compte ?

L’Accord politique de Ouagadougou (APO) n’a pas chancelé puisque les principaux acteurs de cet accord ont toujours été sur place. C’est vrai que le doute s’est installé dans certains esprits vu la durée dans son application et surtout l’impression qu’il y avait certaines interférences autres que la facilitation du président du Faso, Blaise Compaoré. L’APO a su indiquer la voie d’une paix durable en Côte d’Ivoire. Aussi profitons-nous de cet entretien pour rendre hommage au président de la république Laurent Gbagbo et au Premier ministre Guillaume Soro qui constituent les acteurs fondamentaux de cet accord. Nous rendons également hommage à Blaise Compaoré, président du Faso qui assure exclusivement la facilitation.

Quel sera l’apport de votre association pendant la campagne électorale ?

L’association n’a pas pour but de s’afficher pour un candidat déclaré. Et sachez que dans l’association, il y a des Ivoiriens et des Burkinabè qui sont tous concernés par des élections dans leur pays respectif. Chacun est donc libre d’apporter son soutien au candidat de son choix et même de battre sa campagne.

En tant que société civile, NOVIB Côte d’Ivoire apportera sa contribution pour que les élections se passent dans un climat paisible.

Propos recueillis par Antoine BATTIONO

afriqueactu.net

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