Importations d’armes: Paris va-t-il soutenir Abidjan ? (A la UNE)

Par Frédéric Couteau – RFI

Le premier tour de scrutin est prévu, faut-il le rappeler, le 31 octobre, et les journaux ivoiriens ainsi que la presse de la sous-région affichent un certain optimisme. « Dans moins d’un mois, relève Le Républicain au Mali, les Ivoiriens se rendront aux urnes pour choisir celui qui aura en main les destinées du pays pour les cinq ans à venir. Cette fois semble la bonne », estime le quotidien malien, qui cite pèle mêle, l’arrivée en fin de semaine dernière des cartes d’identité et des cartes d’électeurs et l’animation du front politique. « Dans le camp présidentiel comme dans l’opposition, relève Le Républicain, chaque candidat affûte ses armes pour les batailles futures ».

Le Pays au Burkina insiste lui sur la visite ce week-end à Abidjan de Claude Guéant, le secrétaire général de l’Elysée. « La visite de ce bras droit du président français, Nicolas Sarkozy, montre que le processus électoral est sur les rails, affirme le quotidien burkinabé. On se rappelle que l’une des conditions que Paris avait posées pour que le secrétaire général de l’Elysée foule le sol ivoirien, était qu’il y ait une date ferme pour l’élection présidentielle. Si aujourd’hui c’est chose faite, cela signifie que la date du 31 octobre est plus ou moins sûre. En tout cas, l’arrivée des cartes nationales d’identité et la visite du secrétaire général de l’Elysée montrent que l’on est à deux doigts de l’élection présidentielle », remarque Le Pays.

La normalisation des relations entre Paris et Abidjan

Cette visite de Claude Guéant fait couler beaucoup d’encre bien évidemment dans la presse ivoirienne. Fraternité Matin, entre autres, relève cette petite phrase de l’émissaire français : « Je suis venu en Côte d’Ivoire à la demande du président Sarkozy parce qu’une page de l’histoire de ce pays est en train de se tourner. (…) Le président de la Côte d’Ivoire sera choisi par les Ivoiriens. Il sera le représentant de son peuple et par conséquent, il sera l’interlocuteur de la France. » Manière de dire, relève le quotidien abidjanais que « la France n’a pas de candidat ».
L’émissaire français a aussi évoqué la normalisation des relations entre Paris et Abidjan, note Fraternité Matin. Des relations bien mises à mal après les évènements de 2004 : le bombardement du camp militaire français de Bouaké, les représailles qui s’en étaient suivies et les manifestations anti-françaises à Abidjan.

Vers un règlement à l’amiable ?

A ce propos, L’Inter, autre quotidien ivoirien, apporte des précisions. Au cours de l’entretien à huis-clos qui s’est déroulé samedi à Yamoussoukro entre le président Gbagbo et Claude Guéant, le contentieux franco-ivoirien a été largement évoqué, croit savoir L’Inter. Et d’après le quotidien, les deux parties seraient convenues « d’éviter le recours à la justice ». Paris et Abidjan, affirme L’Inter, privilégient un règlement amiable (de ce dossier). L’Inter qui cite « une source diplomatique bien informée » selon laquelle, « les 17 milliards de Francs CFA engagés par l’Etat ivoirien pour la réhabilitation des écoles françaises et les 6 autres milliards engagés pour le dédommagement des victimes françaises de ces évènements sont pour les autorités Ivoiriennes autant de signes que devront comprendre les autorités françaises pour le règlement de ce contentieux essentiellement politique.

En clair, précise L’Inter, les autorités ivoiriennes attendent des signaux forts de Paris. Et le tête-à-tête avec Guéant est perçu comme le début véritable des discussions pour le retour à la normalité entre la France et la Côte d’Ivoire. En tout cas, selon notre informateur, poursuit le quotidien ivoirien, la volonté des deux pays de régler la fâcheuse affaire s’est manifestée par la décision de mettre sur pied un comité qui va étudier le dédommagement des victimes de ces évènements de novembre 2004. »

Importations d’armes : Paris va-t-il soutenir Abidjan ?

Autre point important abordé lors de ce huis-clos, relève L’Inter : la question d’achats d’armes par la Côte d’Ivoire en vue de la sécurisation des élections. « Les autorités ivoiriennes ont en effet introduit depuis longtemps une requête auprès des Nations Unies pour la levée de l’embargo sur les achats d’armes, afin d’équiper les agents chargés de sécuriser le scrutin », rappelle le journal. Et Paris, affirme L’Inter, aurait « promis de soutenir la demande ivoirienne pour l’importation d’armes non létales pour cette opération de fin de crise.

Seulement, aurait prévenu Claude Guéant, toujours selon L’Inter, les fournisseurs devront faire une demande auprès du Comité de sanction du Conseil de sécurité de l’Onu. Une démarche qui n’aurait pas été respectée dans la transaction qui vaut aujourd’hui l’emprisonnement d’un officier ivoirien aux Etats-Unis » relève L’Inter. Allusion à cette affaire d’importation d’armes, opération illégale, menée par le ministère ivoirien de la Défense et qui s’est soldée en effet, rappelons-le, par l’arrestation d’un colonel, proche conseiller du ministre ivoirien de la Défense. Paris serait donc prêt à jouer les bons offices dans cette affaire. Preuve qu’une nouvelle page est sans doute en train de se tourner dans l’histoire mouvementée des relations franco-ivoiriennes.

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