Développement de l’Afrique: La responsabilité des premiers concernés (Le Nouveau Courrier)

Le Courrier d’Abidjan

Il suffit d’aller dans une rue de n’importe quelle ville d’Afrique au Sud du Sahara pour comprendre que le sous-développement n’est pas une fatalité. En effet, plusieurs attitudes et comportements observés font réfléchir sur la nature et les causes du retard de ces pays qui, comme par enchantement, se retrouvent tous sur le même continent et sont habités en majorité par des êtres humains de race noire.

Mais loin de moi la tentation de la facilité qui consiste à expliquer la réalité observée par des constats statiques tels que la couleur de la peau, la température moyenne annuelle ou le climat (quoique ceux-ci subissent des changements voulus ou non ces dernières décennies) ! Je crois que le problème est ailleurs… dans la mentalité des hommes et des femmes qui peuplent ce continent ! Suivez mon regard.

Quand on se promène à Abidjan, plusieurs faits attirent l’attention. Pendant longtemps, j’ai cru que ces faits étaient spécifiques à ma ville natale, jusqu’à ce que je me mette à voyager. Eh bien, à Bamako, à Dakar, à Yaoundé… c’est pareil, à la langue parlée ou à l’accent près !

Tenez, prenons par exemple l’insalubrité. C’est vrai que maintenir une ville propre, cela demande des moyens financiers importants, notamment pour les infrastructures de collecte et de traitement des déchets. Mais quand même, force est de constater qu’il est des attitudes qui ne facilitent pas la tâche en la matière. L’autre jour, alors que j’étais au feu, attendant qu’il passe au vert, je vois un véhicule de type 4X4 quasi-neuf, aux vitres remontées, dont le conducteur n’a eu aucun scrupule à en baisser une, juste le temps de se débarrasser de quelques papiers encombrants sur la chaussée. J’entendais dans mon esprit la réclame à la télé qui disait : « la rue n’est pas une poubelle ». Mais cet homme, l’avait-il vue une seule fois, cette courte émission de sensibilisation ? Ou bien, à force de la voir, se disait-il qu’elle ne pouvait pas s’adresser à lui ?

Toujours est-il que plusieurs à Abidjan, tout en se plaignant de l’air qui est pollué et des ordures qui disputent les rues aux piétons, ne se gênent pas d’en rajouter alors qu’il serait bien plus simple que chacun commence par rassembler ses propres déchets pour en faciliter la collecte et le traitement.

Un autre phénomène : la corruption. Qui dans ce pays n’a pas été confronté au moins une fois à un policier, un douanier, un gendarme, ou même un officier de l’état civil (la liste n’est pas exhaustive, malheureusement !) qui, au lieu de faire simplement le travail pour lequel il est payé, cherche à instaurer des droits et taxes occultes ?

Ce que je crois, c’est qu’on a assez accusé les dirigeants, et décrié l’attitude des serviteurs de l’Etat qui sont corrompus. A mon avis, si les choses mettent du temps à changer en Afrique, c’est parce que ceux qui représentent la vraie force de ces pays n’ont pas encore pris conscience de leur potentiel de changement et de réalisation. Si tous les habitants des pays africains se mettent, comme un seul homme à prendre soin des rues, ne serait-ce qu’en évitant de jeter leurs ordures de façon anarchique ; et si tous les usagers des services publics sont prêts à se conformer aux règles, ce qui signifie le plus souvent attendre son tour tout simplement, alors les choses s’arrangeraient plus facilement. Et dans ce cas, les dirigeants eux-mêmes se verraient dans l’obligation de faire correctement ce pourquoi ils ont été responsabilisés.

Oui, Abidjan peut devenir une ville propre. Oui, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Cameroun… peuvent se développer. Pourvu que les populations africaines jouent leur rôle : celui de réclamer ce qui leur revient, par des comportements cohérents avec une mentalité de progrès.
J’ai espoir qu’à force de le dire, ce sera un jour entendu.

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