Processus électoral: Grand cafouillage hier aux lieux de distribution

Y.DOUMBIA L’Inter

Il faut s’armer de patience et bander les muscles pour récupérer sa carte nationale d’identité et d’électeur. C’est le constat que nous avons fait dans certains centres de distribution de ces précieux documents, hier jeudi 7 octobre 2010. Au Collège Saint Jean Bosco de Treichville où nous étions, c’était le grand désordre, au point que les agents chargés de la distribution de ces deux cartes ont suspendu les opérations dans la soirée. Déjà à partir de 5h30mn, les pétitionnaires étaient massés devant les lieux. Lorsque nous arrivions sur les lieux à 6h, il y avait plus de 150 personnes qui attendaient devant le collège. A 8h, l’heure indiquée pour l’ouverture de la salle de distribution, on ne voit aucun agent sur le terrain. Entre-temps, le nombre de pétitionnaires ayant doublé, les esprits commencent à s’échauffer. Un agent de la Cei que nous apercevons, une dizaine de minutes plus tard, nous fait comprendre que la salle affectée à la distribution des pièces va s’ouvrir. Des propos que confirme la présence de deux gendarmes et d’un policier déployés sur les lieux. Aux environs de 9h, à l’annonce de l’ouverture du bureau, une bousculade s’en suit. Il est demandé aux vielles personnes de former un rang pour recevoir, les premières, les cartes d’identité et cartes d’électeur. Une proposition vite contestée par des pétitionnaires qui trouvent injuste que des personnes qui arrivent tard, fussent-elles vieilles, passent avant celles qui se sont levées tôt. Après dix minutes de palabre, les personnes du troisième âge sont autorisées à accéder à la cour du collège pour récupérer leurs documents.

Grande fut la surprise générale lorsque la première « mémé » apparaît, munie seulement d’une carte d’électeur. « Et la carte d’identité? », s’interroge la foule. « Pour le moment, c’est la carte d’électeur qui est disponible. Celui qui est chargé de distribuer la carte d’identité n’est pas encore là », répond-elle. « Il sera là d’un moment à l’autre », lance une autre personne dans le rang. Il n’en faut pas plus pour décourager des pétitionnaires qui ont vite conclu à une arnaque. D’autres, se disant désabusés, rebroussent chemin et lancent à la cantonade: « Gbagbo et Soro viendront nous donner nos cartes ». « Moi, je m’en fous de la carte d’électeur, ce qui m’intéresse, c’est ma carte d’identité! », lance une dame qui venait d’apprendre que ne seront distribuées que les cartes d’électeur. A 10h, les agents distributeurs arrêtent les opérations et annoncent l’arrivée imminente du représentant de l’Oni chargé de la distribution de la carte d’identité. Les visages s’illuminent et la nouvelle se repand comme une traînée de poudre. Ceux qui étaient déjà entrés en possession de leur carte d’électeur, alertés, reviennent sur les lieux. Ils exigent d’être prioritaires dans le rang qui entre-temps, s’est davantage allongé. S’en suit une véritable bousculade que n’ont pu maîtriser les volontaires qui s’étaient déployés pour filtrer l’entrée du collège. Finalement, les pétitionnaires se retrouvent dans l’enceinte de la cour et un nouveau rang se forme dans le désordre.

Des Cni introuvables

Les premiers deviennent les derniers, et les plus forts écrasent les plus faibles. L’agent de l’Oni, arrivé sur les lieux, a du mal à travailler. Celui qui a la chance d’accéder à la salle de distribution doit chercher lui-même sa pièce dans un lot de près de 600 cartes d’identité. Avant de la trouver, il passe en moyenne 20mn, s’il est chanceux ou plus si la carte est perdue dans le lot. Une situation qui n’a pas manqué d’en rajouter à l’atmosphère de tension déjà perceptible. Le directeur général de l’Oni, Djobo Esso Benjamin, après avoir constaté de visu, aux environs de 13h, la galère des pétitionnaires, promet des corrections. « Je suis venu voir comment les choses de passent. Comme j’ai vu, arrivé à la base, nous vous enverrons quatre personnes à 14h pour que les opérations aillent plus vite », rassure-t-il, avant de quitter les lieux. Jusqu’à 14h, point d’agent promis et des pétitionnaires, entrés dans la salle pour chercher leurs pièces, aident le seul agent de l’Oni à classer par ordre alphabétique, les cartes d’identité. Dehors, la foule, excédée par la longue attente et éreintée, force la porte de la salle. La barrière de sécurité érigée par les gendarmes à l’entrée de la salle, cède sous la pression. Les pétitionnaires se retrouvent dans la salle, décidés à récupérer de force leurs papiers. Les agents distributeurs, surpris, ramassent très rapidement les pièces pour les ranger. L’opération capote à 15h30. Des pétitionnaires essayent de convaincre leurs camarades de sortir. « Niet, nos cartes ou rien! », répondent ceux-ci. L’opération prend fin. Des pétitionnaires que nous voyons expliquent que contrairement à leurs cartes d’électeur qu’ils ont pu récupérer, leurs cartes d’identité reste invisible, malgré les recherches qu’ils ont faites. C’est par exemple le cas de Sangaré Djénébou et d’un autre pétitionnaire que nous avons vu au collège Voltaire. Là-bas également, c’est le même scénario qu’on a observé et des pétitionnaires, compte tenu de la lenteur des opérations, n’ont pu acquérir que leurs cartes d’électeur. Idem au quartier Divo à Koumassi, plus précisément à l’Epp Saint Benoît, où des pétitionnaires se plaignaient du cafouillage des opérations. En tout cas, pour cette première journée, les opérations ont montré d’énormes faiblesses notamment avec la présence d’un seul agent de l’Oni chargé de la distribution, dans la plupart des cas, de plus d’un millier de cartes d’identité rangées dans le désordre.

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