La France dans la rue contre la réforme des retraites

Photo Reuters

Le bras de fer continue. L’opposition à la réforme des retraites s’est amplifiée et radicalisée mardi en France, ce qui n’a pas empêché le gouvernement de réaffirmer sa détermination. «Je le dis très solennellement à cette heure devant l’Assemblée nationale, nous sommes décidés à mener cette réforme à son terme», a déclaré le Premier ministre, François Fillon, lors des questions d’actualité au Palais-Bourbon. Le gouvernement a reconnu que la mobilisation avait été plus forte que lors des précédentes journées puisque le ministère de l’Intérieur a compté 1,23 million de manifestants, plus que le dernier record de 1,12 million, le 7 septembre. La CGT et la CFDT estiment que près de 3,5 millions de personnes ont manifesté dans les rues de France, un demi-million de plus que lors des mobilisations passées les plus puissantes. «Gouvernement et parlement ont une lourde responsabilité: ils ne peuvent ignorer les manifestations», a estimé la CFDT.

Radicalisation
Mais, même confronté à des manifestations record depuis le début du mouvement et à des grèves reconductibles, l’exécutif a répété qu’il ne céderait pas. Revenir sur la retraite à 62 ans serait «une folie économique et une catastrophe sociale, a ajouté François Fillon. L’exécutif a tenté de couper l’herbe sous les pieds des centrales syndicales en faisant adopter au Sénat les principales mesures de son projet de loi avant cette nouvelle journée de mobilisation qui sera rééditée samedi dans toute la France. Après les députés, les sénateurs ont adopté lundi soir le report de 65 à 67 ans de l’âge pour une retraite à taux plein, avec quelques concessions pour les parents de familles nombreuses. Le report de 60 à 62 ans de l’âge légal de départ à la retraite avait déjà été adopté par les deux assemblées. La stratégie du gouvernement est claire: le cœur de la réforme adopté par la représentation nationale, la contestation n’a plus de raison d’être et le mouvement devrait s’étioler. Mais les syndicats estiment que rien n’est joué alors que six Français sur dix, selon deux sondages CSA et BVA, sont favorables à une montée en puissance des actions, qui ont pris la forme de grèves reconductibles dans certains secteurs stratégiques, comme l’énergie, les ports ou les transports.

«Nous allons continuer, la mobilisation ne va pas s’arrêter au motif que les sénateurs ont voté», a déclaré dans le cortège parisien le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, a fait allusion à ce qui s’était passé en 2006 avec le contrat première embauche (CPE), retiré par le gouvernement alors qu’il avait pourtant été adopté par le Parlement. C’est sur le front des grèves que la radicalisation sera mesurée avec le plus de précision puisque, contrairement aux journées précédentes, le mouvement est reconductible. La journée de mercredi sera donc un test de la capacité de mobilisation de la base la plus radicale avec un premier signal à la SNCF, où les assemblées générales de cheminots qui se sont tenues mardi ont toutes reconduit la grève pour mercredi. Pour Bruno Duchemin, secrétaire général de la Fgaac-CFDT, le succès des manifestations de mardi va galvaniser ses troupes. «Le tournant du mouvement interviendra jeudi ou vendredi. Si les arrêts de travail sont reconduits, il y aura la grève jusqu’à lundi. Si on passe le week-end, on n’arrête plus».
Clément Mathieu – Parismatch.com

En France – De plus en plus de manifestants dans les rues

En France, le mouvement contre la réforme des retraites prend de l’ampleur. Les nouvelles manifestations de mardi ont rassemblé entre 1,2 et 3,5 millions de personnes, un record.

Selon le gouvernement, 1,2 million de personnes sont descendues dans les rues de plusieurs villes de France pour manifester contre cette réforme cruciale pour le président Nicolas Sarkozy, qui prévoit notamment de reculer de 60 à 62 ans l’âge minimal de départ à la retraite.

Les deux grands syndicats français, la CGT et la CFDT, estiment pour leur part que quelque 3,5 millions de personnes ont défilé contre cette réforme.

Il s’agit de la quatrième journée de manifestations organisée depuis le mois de septembre, mais aussi de la plus importante. C’est « la plus forte journée qu’on ait faite depuis le début du processus », s’est réjoui le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault.

La mobilisation du 2 octobre avait rassemblé entre 890 000 et 2,9 millions de Français.

Le défilé parisien a également battu des records avec une foule estimée entre 89 000 et 330 000 personnes.

Les jeunes rejoignent le mouvement

Pour la première fois, de nombreux étudiants se sont joints au mouvement de contestation. Ils craignent de devoir travailler plus longtemps alors qu’ils éprouvent déjà des difficultés à entrer sur le marché du travail.

On n’est pas encore entrés sur le terrain de l’emploi que l’on veut déjà nous faire jouer les prolongations.
— Damien, élève de terminale dans un lycée près de Marseille

Une autre journée de manifestations contre le projet de réforme des retraites aura lieu samedi prochain.

Radio-Canada.ca

Commentaires Facebook