Point de Lecture: LITTERATURE DE JEUNESSE « Ma première colo » (1) de Gaston Mbemba Ndoumba

Par Noël KODIA, essayiste et critique littéraire

Belle petite histoire que l’on peut classer dans le roman de jeunesse. Une histoire rapportée à la première personne par l’héroïne, la petite Fanny redoutant dans un premier temps l’expérience d’une colonie de vacance car ne voulant pas se séparer de ses parents.
Après une riche discussion avec une amie de classe qui a déjà fait partie d’une classe de neige et d’une colo, Fanny décide de « découvrir » la colo. Et c’est avec son amie Margot qui a accepté son projet d’aller en colo que Fanny va tenter son expérience tant attendue. La décision de l’héroïne sera agrémentée par la complicité des parents des deux amies qui vont les inscrire à une même colonie de vacances. Pour les deux filles, ça sera leur première colo. Aussi, vont-elles amorcer les préparatifs avec leurs parents, le départ étant prévu pour le 14 juillet 2008. Une expérience qui va s’étendre sur cinq jours au cours desquels les deux filles, en compagnie d’autres enfants, tous encadrés par des animateurs dans l’exercice de leur métier, vont goûter les délices de « vivre en société », loin des parents. Cinq jours qui vont marquer la petite Fanny qui, le premier jour, éprouve déjà le sentiment d’avoir abandonné ses parents et de se demander si elle serait capable de supporter la cohabitation avec les autres enfants qui font partie du voyage. Et c’est par car que le groupe va quitter Paris pour la ville de Saint Maurice dans l’Oise. A partir du départ du convoi, le texte se présente comme un cahier journal dans lequel l’héroïne note tout ce qu’elle voit, entend et fait en compagnie des autres et particulièrement avec Margot. La première expérience de la colo est marquée par le déclenchement inattendu d’une alarme du centre qui abrite les enfants. Commence à ce moment le professionnalisme des animateurs et animatrices qui emmènent les enfants dans le bâtiment prévu en cas d’incident. Quand les pompiers arrivent sur les lieux, ils rassurent les enfants : le déclenchement de l’alarme a été accidentel car trop vétuste. Cette première nuit parait un peu bousculée pour les enfants. Fanny a remarqué l’efficacité de leurs accompagnateurs et accompagnatrices qui ont assuré leur sécurité. Le lendemain, « traumatisés » par l’incident de la veille, les enfants sont pris en charge psychologiquement par les animateurs. Aussi, la petite Fanny est chagrinée par l’absence de ses parents. Margot, de son côté, redoute un nouvel incident, d’où sa peur de dormir dans l’immeuble. Mais elle est rassurée par l’animatrice Natacha. Au cours de cette deuxième journée, le petit Charles, âgé de sept ans est rentré à Paris car souffrant de varicelle. Le 16 juillet, les enfants se montrent en forme pour affronter une journée chargée qui va les emmener à la mer de sable. Et c’est à cette occasion que Fanny découvre que Camille a été en Afrique avec ses parents. Cette dernière a été marquée par la ville de Saint Louis et l’île de Gorée au Sénégal d’où étaient partis la plupart des esclaves noirs vendus en Amérique. Et le récit de réveiller en Fanny l’envie d’aller visiter l’Afrique. Pour la première fois, elle revit le vide crée par l’éloignement des parents quand elle reçoit la lettre de son père ; elle ne peut s’empêcher de verser des larmes. Aussi, l’histoire passionnante de Moïse racontée par les animateurs va ponctuer la soirée avant que tout le monde rejoigne le dortoir à 21 heures. Le jeudi 17 juillet, avant dernier de la colo : activités en groupe avec les animateurs le matin et séance avec les poneys l’après-midi. Et une soirée dansante a lieu pour clôturer la journée : enfants et accompagnateurs sont émerveillés dans une atmosphère baignée de musique. Quand le dernier jour arrive et annonce la fin de la colo, Fanny réalise le goût de cette sortie. La journée se termine par la révélation de l’histoire du père Noël qui précède tous les 25 décembre et dont la jeune fille avait découvert la mise en scène de ses parents. Une micro-histoire (synonyme de sa déception devant le mensonge de ses parents) dans la macro-histoire qui constitue la première colo de Fanny. Le retour sur Paris intervient après un voyage mouvementé avec quelques malaises dans le groupe, mais sans gravité. Quelle joie pour Fanny et Margot quand elles retrouvent leurs mères !
Ecrit dans un style claire, simple et « scolaire » qui se remarque dans le quotidien des enfants, « Ma première colo » relance la littérature de jeunesse où se marient didactique et pédagogie, inaugurée par des écrivains tels Guy Menga, Caya Makhélé et Kintsa. Ce texte, une découverte du monde de l’enfant. Et son auteur (2) de spécifier dans sa dédicace au critique, « Ma première colo » est une aventure intellectuelle et humine mais aussi une «’initiation » à l’école des enfants ».

Noël KODIA, essayiste et critique littéraire

Notes

(1) Gaston M’bemba Ndoumba, « Ma première colo », éd. Bénévent, 2010, 60p.
(2)Sociologue et essayiste, M’bemba Ndoumba est auteur de plusieurs ouvrages dont le remarquable « Ces Noirs qui se blanchissent la peau : La pratique du « maquillage chez les Congolais », éd. L’Harmattan, 2004.

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