Voici la confirmation des tendances de connectionivoirienne.net (lexpress.fr)

Par Vincent Hugeux lexpress.fr

Ce que disent les premières tendances

Confrontée à des obstacles techniques, la Commission électorale indépendante n’a toujours pas livré son verdict, prolongeant une attente propice aux tentatives d’intox.

Alors, chef, ça coince quelque part? Pour un peu, on finirait par le croire… Après avoir envisagé d’annoncer les résultats provisoires du premier tour dès lundi soir ou, à défaut, ce mardi matin, la Commission électorale indépendante (CEI) tarde à livrer son verdict. Certes, il n’y a pas, sur le papier, péril en la demeure. Le délai accordé par la loi à l’institution que préside l’ancien ministre des Affaires étrangères Youssouf Bakayoko n’expire que demain mercredi en fin de journée.

Son équipe invoque, sans doute à juste titre, des écueils logistiques. « Confié à l’Onuci -la Mission des Nations unies-, l’acheminement jusqu’à Abidjan des procès-verbaux a pris du retard », constate un diplomate en poste sur la lagune Ebrié. De fait, la pluie rend à peine praticables certaines des routes ou des pistes reliant les bureaux des votes les plus excentrés aux grands axes. Mais un autre facteur freine le processus: le soin que met la CEI à vérifier la validité des PV ainsi que leur conformité avec les décomptes qui lui sont parvenus notamment par téléphone. « Au sein de la Commission, la méfiance règne », constate un analyste familier de l’échiquier ivoirien.

La nature -politique- ayant elle aussi horreur du vide, le silence de la seule instance habilitée à divulguer la sentence des urnes affole le moulin à rumeurs. Au risque du vertige, les états-majors des deux favoris -le président sortant Laurent Gbagbo et l’ancien Premier ministre Alassane Dramane Ouattara (ADO)- enfournent dans le grand vide creusé par l’attente des pelletées de chiffres, évidemment invérifiables.

Soucieux d’épargner à l’internaute la lecture exhaustive des pourcentages contradictoires qui nous sont parvenus depuis lundi soir, nous nous bornerons à lui en livrer une synthèse: à ce stade, les éléments recueillis tendent à confirmer le scénario d’un second tour mettant aux prises Gbagbo et Ouattara. L’entourage du sortant, qui semble désormais se résoudre à l’hypothèse du ballottage, gratifie son champion d’une avance de 3 à 5 points sur le challenger nordiste. A l’inverse, les proches de ce dernier placent les deux hommes, crédités l’un et l’autre d’environ 35% des suffrages exprimés, au coude à coude. Quant à l’ex-président Henri Konan Bédié, son score plafonnerait un peu au-delà de la barre des 20%.

« La CEI balbutie, la fièvre monte », tirait ce matin à la Une le quotidien Soir-Info. De fait, le suspense alimente les inquiétudes, tant au pays des Eléphants qu’à l’étranger. Pour preuve, la mise en garde subliminales émise ce mardi par le Quai d’Orsay. « La volonté populaire doit être respectée, insiste son porte-parole Bernard Valero. Nous invitons l’ensemble des acteurs à respecter les résultats de l’élection quels qu’ils soient. »

Déjà lundi, le président Nicolas Sarkozy avait pris soin d’appeler chacun des trois favoris, les invitant à faire preuve jusqu’au terme du scrutin du « sens des responsabilités » affiché tout au long du jour J. Tandis que le Coréen Youn-jin Choi, représentant des Nations unies en Côte d’Ivoire, rencontrait tour à tour les membres de la bande des trois.

Plus éloquent encore, cet appel émanant d’autorités religieuses chrétiennes et islamiques, diffusé ce mardi à la mi-journée. Signé notamment par l’archevêque d’Abidjan Jean-Pierre Kutwa, le cheikh Bokary Fofana, « chef suprême » de la communauté musulmane ivoirienne, et son homologue Koudous, figure de proue du Conseil national des imams, le texte enjoint le pays à la patience, sous peine de « déraper et de tomber dans le feu de la violence. » « Si nous avons attendu toutes ces années pour parvenir à ces élections, que perdons-nous à attendre encore quelques heures? Allons-nous annihiler tous ces acquis alors que nous sommes si près du but? » Voilà qui, chez les êtres de foi, s’appelle un exorcisme.

Crédit photo: REUTERS/Thierry Gouegnon

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