Emploi: CES JEUNES AMOUREUX ET PASSIONNÉS DU JOURNALISME

Insultes, rapts contre rançon, violences physiques, disparitions, crimes, etc. Dures réalités auxquelles sont confrontés les journalistes en Côte d’Ivoire et dans le monde entier. En dépit de tous ces risques, les jeunes, aujourd’hui, sont nombreux à embrasser cette carrière professionnelle. Diverses raisons expliquent «l’amour» de la jeunesse pour cet art si noble.Bercés depuis leur tendre enfance par des voix légendaires, entre autres, celles de feu Joseph Diomandé, Serge Pacôme Aoulou, les jeunes ont choisi de s’identifier à ces modèles en se les appropriant. Pour certains, c’est simplement une passion. C’est le cas de Sanou Mamadou de Nord-Sud quotidien et Eric Groguhet de People Mag. Ce dernier témoigne: «C’est un métier qui me passionne depuis que je suis petit. Je rêvais de poser des questions aux gens». Ne dit-on pas que «le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point?» Bien qu’ayant été orienté en Lettres modernes, Eric entame, par la suite, des études en communication. Et d’avouer: «J’aime ce métier et les risques qu’il comporte».

Cependant, pour d’autres, l’influence des parents, aussi présents dans le métier, a été très déterminante. Krou Patrick de l’Intelligent d’Abidjan, pourtant juriste de formation, va jusqu’à dire que c’est «héréditaire». L’influence de Michel Kouamé, ex-directeur général de Fraternité Matin, Raphaël Atta Koffi et Yao Noël, ses grands-parents, a joué un rôle important dans ce choix «génétique».

Gamah, stagiaire au service société de Fraternité Matin, dès son jeune âge, a commencé à imiter des modèles dans ce domaine. «Je m’amusais à commenter les matchs au quartier», dit-il. Quant à Diarrassouba Mariam, stagiaire au service culture du même organe, elle estime que le journalisme est un appel divin. Parce qu’elle n’a aucun parent qui exerce cette activité.

aléas

Tout rêve comporte des parts de réalités. Aussi crues, dures, les unes que les autres.

Eric Dago, transfuge de Nord-Sud quotidien, Ya Fohi et Gbich !, est aujourd’hui en agence. Lui, a toujours rêvé d’être dessinateur chez Gbich ! C’est pourquoi, il a effectué des études à l’Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle (Insaac), en 1998.

Sans connaître les réalités de ce métier. « Il y a de la galère. J’allais et venais de façon incessante et fastidieuse. Jusqu’au jour où on m’a retenu pour un essai à Gbich ! Souvent, je répondais à des invitations à mes propres frais. Les conditions de travail et financières sont précaires ». Avec ces aléas en tous genres, pour se remonter le moral, il a fait sien cette phrase : «On finit toujours par exercer ce métier».

Bien qu’étant à leurs premiers balbutiements dans le journalisme, les deux stagiaires de Fraternité Matin sont conscients des risques. Mais ne sont pas prêts, pour autant, à jeter l’éponge. Diarrassouba Mariam soutient : «Quand on aime quelque chose, il faut aussi aimer tous les contours, contraintes, joies et peines qui le caractérisent».

Et de réaffirmer son attachement à cette profession: «Je suis prête à supporter tous les aléas auxquels je serai confrontée». Pour elle, c’est comme «l’amour entre la femme et l’homme».

Ambitions

Les jeunes viennent, pour la plupart, à ce métier avec un œil averti. Certains entendent même révolutionner, redorer le blason de la presse en faisant véritablement d’elle le quatrième pouvoir sous nos tropiques. Pour cela, Diarrassouba compte tout désacraliser. En effet, elle estime pouvoir apporter un éclairage sur des choses longtemps restées dans l’ombre et le revendique en ces termes : «Il n’y a rien de sacré, sauf le caractère que l’on lui confère». Gamah, lui, va plus loin. Il veut débarrasser la presse de la mauvaise conscience professionnelle.  «Les journalistes n’informent plus et sont devenus les griots des hommes politiques », s’insurge-t-il. En d’autres termes, il «veut mettre fin aux interviews publicitaires et amener les journalistes à informer». Pour y arriver, il estime qu’il faut revaloriser les salaires et les conditions de travail.

Enjeux

« Bien faire son travail, c’est d’abord bien le connaître, faire l’effort de respecter la ligne de démarcation, aussi infime soit-elle, entre la communication et l’information. En effet, communiquer, c’est donner du rêve et informer, c’est donner du réel». Tels sont les conseils de Samba Koné, ex-directeur de l’Agence ivoirienne de presse (Aip), au regard de l’engouement des jeunes pour le journalisme. Il estime que ces derniers ont le «devoir de connaître tous les textes et lois qui régissent cette activité artistique». Notamment les lois «jumelles», les lois N°2004-642 et 643 du 14 décembre 2004 portant régime juridique de la presse et de l’audiovisuel en Côte d’Ivoire . En plus, il faut en connaître «les fondamentaux que sont l’éthique et la déontologie». Cela permet d’avoir un regard critique et de pouvoir s’autocensurer. Car, il est bon de se remettre en cause pour protéger les convictions et objectifs de cet art.

Sibiri Ouattara

(Stagiaire)

fratmat.info

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