Côte d’Ivoire nouveau Mandat de 5 ans – Les 14 Engagements à prendre par Ouattara et Gbagbo

Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI)

ENSEIGNEMENTS A TIRER DU PREMIER TOUR DE L’ELECTION PRESIDENTIELLE,
APPEL AUX ELECTEURS ET AUX CANDIDATS POUR LE SECOND TOUR

Suite à l’élection présidentielle du 31 octobre 2010, les observateurs nationaux et internationaux ont noté que le déroulement du scrutin a été globalement satisfaisant, en dépit de quelques dysfonctionnements constatés dans l’organisation. Mais, au-delà de ces premières impressions, des enseignements encore plus importants doivent être tirés pour le second tour relativement aux motivations des électeurs et aux engagements des candidats à l’égard de la société civile.

I- Motivations des électeurs

En attendant la publication d’un rapport plus complet à l’issue du second tour, on peut déjà percevoir les motivations des électeurs à travers la forte participation électorale, la tripolarisation du champ politique ivoirien et la prééminence des considérations sociologiques sur le vote rationnel.

L’histoire politique ivoirienne des vingt dernières années (1990-2000) est fortement marquée par l’abstentionnisme électoral. La mobilisation électorale relativement forte de 1990 (69,2%), a progressivement décliné en 1995 (56,2 %) à cause des violences liées au « boycott actif » de l’opposition et en 2000 (37,4%) à cause de l’élimination de grands partis politiques (RDR, PDCI).
Le fort taux de participation de 2010 (83,7%) est révélateur de l’espoir placé par les électeurs dans ce scrutin qui est censé être plus crédible, concurrentiel et apte à faire sortir le pays de la crise. L’analyse des résultats du premier tour de l’élection présidentielle confirme la tripolarisation du champ politique ivoirien autour de trois grandes figures (Gbagbo/Ouattara/Bédié) qui recueillent ensemble 95,6 % des suffrages.

Cette situation s’explique, en grande partie, par la précarité qui a accentué les reflexes identitaires liés aux besoins de sécurité morale et financière des populations. Le tribalisme, le régionalisme, l’appartenance religieuse et même l’achat des consciences ont fortement marqué la campagne électorale et déterminé les choix des électeurs.

Par ailleurs, depuis le déclanchement de la crise, la presse nationale et internationale, la diplomatie africaine et onusienne et les pratiques quotidiennes en Côte d’Ivoire ont présenté ces trois leaders comme les seules voies de salut du pays.
La Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI), pour ce second tour de l’élection présidentielle, demande aux populations de se mobiliser massivement comme au premier tour. Mais cette fois, elle leur demande de sortir de la logique d’électorat captif sur fond de tribalisme, de régionalisme, d’appartenance religieuse et d’achat des consciences pour voter selon les programmes des candidats et dans l’intérêt du pays.

II – Engagements des candidats à l’égard de la société civile.

La Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI) rappelle aux deux candidats en lice pour le second tour de la présidentielle les recommandations des premières « Journées de Consensus National” (JCN) tenues en Côte d’Ivoire en Mai 2009. L’objectif général de ces Journées était de « poser les bases solides d’un contrat social pour la renaissance de la Côte d’Ivoire post électorale».
Les forces vives de la nation, à savoir les partis politiques, les organisations professionnelles, les confessions religieuses chrétiennes et musulmanes, les centrales syndicales et les grands réseaux d’ONG se sont toutes engagées, par leur signature, sur les 50 recommandations et résolutions des Journées de Consensus National.

Nous demandons donc à MM. Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, candidats en lice pour le second tour de la présidentielle, d’exprimer publiquement, devant la nation, l’engagement pris par leurs partis politiques respectifs (Fpi et Rdr) d’appliquer les recommandations et résolutions des Journées de Consensus National une fois élu à la magistrature suprême.

Les recommandations les plus notables de ces Journées sont les suivantes :

1. Réviser la constitution en vue d’établir un plus grand équilibre entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire d’une part et entre la classe politique et la société civile d’autre part.

2. Faire approuver, par le Parlement, les transactions sur le patrimoine national (privatisations, contrats de concessions, prises de participations…),

3. Faire approuver, par le parlement, les nominations aux hautes fonctions de l’Etat et la composition du gouvernement dont l’effectif ne devra pas excéder 25 membres.

4. Adopter des réformes efficaces afin de porter chacun des indicateurs de bonne gouvernance (Etat de droit, efficacité gouvernementale, satisfaction des usagers de l’administration, contrôle de la corruption, niveau de participation des populations aux actions de développement…) à au moins 66% avant 2015.

5. Réduire les dépenses publiques improductives à moins de 3% et les dépenses de souveraineté du Président de la République et du Premier Ministre réunies à moins de 1% du budget de l’Etat.

6. Adopter des lois de réformes, à l’issue d’audits, des forces de défense et de sécurité, de la justice, des concours administratifs, du fonctionnement de l’administration générale et des filières agricoles et minières.

7. Permettre à la société civile de suivre l’usage des fonds obtenus de l’allègement de la dette de la Côte d’Ivoire dans le cadre de l’initiative PPTE (pays pauvre très endetté).

8. Assainir avant 2012 l’environnement scolaire et universitaire par l’éradication de la violence la tricherie, le trafic d’influence, l’insécurité, l’usage des stupéfiants et l’arrêt de l’embrigadement politique de la jeunesse.

9. Mettre en place une politique courageuse visant à maîtriser de la croissance démographique à travers une politique cohérente de natalité et d’immigration.

10. Améliorer, à court terme, tous les indicateurs sociaux tels que l’accès à l’eau potable, l’habitat, l’électricité, les soins de santé, l’environnement, les infrastructures routières, la sécurité, la protection sociale, l’éducation, la justice et l’alimentation afin de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le Développement dans une proportion de 75% en 2015.

11. Réduire le taux de chômage au moins d’un tiers avant 2015.

12. Instituer un quota de 33% au moins pour la représentativité des femmes dans les rencontres, les programmes de développement et les instances de décisions.

13. Faire une évaluation systématique de l’impact lié au genre de tous les projets et programmes de développement.

14. Prendre des mesures dissuasives contre tous les comportements et pratiques contraires au brassage culturel et à la cohésion nationale.

La société civile sera et particulièrement sensible, voire attentive à cet engagement public.

Fait à Abidjan, le 09 novembre 2010
Pour la CSCI, le Coordonnateur National
Dr N’Gouan Patrick

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