Ouattara promet un partage du pouvoir à Bédié en Côte d’Ivoire

Par Reuters

L’opposant ivoirien Alassane Ouattara, qualifié pour le second tour de la présidentielle, s’est engagé mercredi, en cas de victoire, à partager le pouvoir avec l’ancien président Henri Konan Bédié, éliminé au premier tour.

« Nous promettons une distribution équitable et juste des portefeuilles ministériels et électoraux. Et cela se fera sous l’autorité du président Henri Konan Bédié », a dit Ouattara.

Au premier tour, le 31 octobre dernier, l’actuel président Laurent Gbagbo est arrivé en tête avec 38% des voix. Au second tour, le 28 novembre, il sera opposé à Ouattara, crédité d’un score de 32%.

L’engagement pris mercredi par l’ancien Premier ministre et ex-directeur adjoint du Fonds monétaire international est de nature à renforcer l’accord d’appareil conclu avant le premier tour entre son parti, le Rassemblement des républicains (RDR), et celui de Konan Bédié, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI).

L’ex-président a obtenu 25% des suffrages exprimés le 31 octobre. Avec une participation historiquement élevée au premier tour (80%), les réserves de voix ne sont plus très importantes pour les deux candidats encore en lice. L’issue du second tour dépendra donc largement du report des voix qui se sont portées sur « HKB » au premier tour.

Dès dimanche, ce dernier a appelé ses électeurs à voter en faveur de Ouattara.

« Je serai sous votre autorité », lui a dit Ouattara mercredi. « L’alliance du RHDP demeure la solution pour changer la vie de chaque Ivoirien », a-t-il ajouté en évoquant le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix.

APPEL DE GBAGBO AUX PARTISANS DE BÉDIÉ

La question qui demeure porte sur l’attitude des électeurs dans les bastions de Konan Bédié, dans le centre et le sud du pays dominés par son ethnie des Baoulés, qui pourraient être réticents à voter en faveur d’un homme issu du Nord majoritairement musulman du pays accusé en outre d’avoir soutenu la rébellion de 2002-2003, ce dont il se défend catégoriquement.
Mais certains observateurs estiment que leur prévention à l’égard de l’ancien Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny n’est rien par rapport à leur rejet de Laurent Gbagbo.

C’est notamment l’avis de l’écrivain Venance Konan, auteur de romans et de nouvelles centrés sur la crise ivoirienne et les Baoulé. « Il y a une grosse partie des Baoulé qui vont voter pour lui (Ouattara) parce qu’ils ne veulent pas Gbagbo », a-t-il dit à l’agence Reuters. « Le Baouléland s’est beaucoup appauvri pendant dix ans (ndlr, depuis l’arrivée au pouvoir de Laurent Gbagbo). »
Lors d’une conférence de presse, le président ivoirien a redit mardi qu’il était confiant dans sa réélection. « Nous allons gagner, nous sommes largement en tête, donc largement favoris », a-t-il dit.

Laurent Gbagbo a appelé les électeurs de Bédié à ne pas apporter leur voix à Alassane Ouattara, l’accusant non seulement d’avoir été impliqué dans le soulèvement de 2002 mais aussi d’avoir été mêlé au coup d’Etat mené en décembre 1999 par le général Robert Gueï qui a déposé Henri Konan Bédié – là encore, Ouattara dément.

« Si vous aimez Bédié, votez pour celui qui l’a fait revenir d’exil, et non pour celui qui l’a fait partir en exil », leur a lancé Gbagbo.
Avec Tim Cocks; Henri-Pierre André pour le service français

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