La Côte d’Ivoire court-elle vers une autre crise majeure ? ASSALÉ TIEMOKO

EMPT

Depuis le 19 septembre 2002, la Côte d’Ivoire traverse une grave crise militaro-politique qui l’a ébranlée dans ses fondements. Et depuis cette date, les Ivoiriens sont à la recherche d’une paix qu’elle n’aurait jamais dû perdre. La vérité, on le sait, n’a pas encore été clairement établie sur les origines profondes de cette crise. Mais tout le monde s’accorde à dire que l’organisation, dans  » des conditions calamiteuses « , selon le bon mot du président Gbagbo, de l’élection présidentielle de 2000 avec l’écartement des candidats du Pdci (Henri Konan Bédié et autres) et du Rdr (Alassane Ouattara), a fortement contribué à l’avènement de cette crise. Depuis donc 2002, les Ivoiriens sont à la recherche de cette paix dont on a senti les premiers signes avant coureurs avec la signature de l’accord de Ouagadougou entre les deux belligérants (les Forces nouvelles et le camp présidentiel). Une paix qui, dit-on, devrait être définitivement acquise avec l’organisation d’une élection présidentielle ouverte, transparente et crédible. ‘

Le dimanche 31 octobre, les Ivoiriens, après cinq ans de privation, ont enfin eu le droit de voter pour choisir de nouveau leur président. Mais si le 1er tour de cette élection s’est déroulé dans des conditions que tout le monde a saluées, ce qu’il nous a été donné de voir depuis quelques jours, nous incline à penser que les Ivoiriens ont encore beaucoup d’efforts à fournir sur le chemin de la démocratie qui demeure toujours une vue de l’esprit. Il suffit pour s’en convaincre, d’observer attentivement le comportement des hommes politiques depuis que la vérité a été établie qu’il y aura un deuxième tour entre le candidat de Lmp et celui du Rdr. Il y a comme une folie qui s’est emparée de certains hommes politiques qui n’hésitent plus à déterrer les vilénies qui ont conduit le pays dans cette situation de laquelle elle sort difficilement. Un comportement qui ne manque pas d’inquiéter les Ivoiriens qui n’aspirent qu’à la paix et à la tranquillité. Lesquels Ivoiriens sont bombardés depuis quelques jours de Sms aux contenus scandaleux les appelant à  » se mobiliser pour sauver leur pays de l’invasion des étrangers  » dont le représentant serait l’un des candidats pour le 2ème tour de l’élection présidentielle. Le Fpi nous avait promis une campagne  » bilan contre bilan « . Il n’en est plus rien. Et c’est Affi N’guessan qui, le premier, a ouvert la boîte de pandore :  » Méfions-nous du candidat de l’étranger… il y aura face-à-face l’homme des conquêtes démocratiques et celui des complots politiques, par qui les malheurs du Pdci-Rda et de la Côte d’Ivoire se sont amplifiés ; le bâtisseur face au liquidateur, le rempart de la rRpublique face au parrain de la violence politique, de la déstabilisation et de la rébellion… « . On se demande bien où Affi N’guessan et les autres dirigeants du Fpi avaient la tête quand ils ont créé le front Républicain avec celui qu’ils vilipendent aujourd’hui.

Bref, ce qui se passe n’est pas du tout sain. Le terrain sur lequel glisse lentement le débat pour le 2ème tour est extrêmement dangereux. Et cela est d’autant plus dangereux que des religieux inconscients sont entrés dans la danse pour appeler les chrétiens à s’opposer aux musulmans au 2ème tour de l’élection, oubliant que la Côte d’Ivoire est un pays laïc et que cela est clairement affirmé dans la Constitution. Ailleurs, dans les zones forestières, quoi que les autorités nient l’évidence pour des raisons électoralistes, la tension entre les Baoulé et les autochtones reste une violente réalité et cette tension pourrait déboucher sur des violences tribales inouïes selon la nature des résultats de ce 2ème tour. Ailleurs encore, chacun des deux candidats arrivés en tête est certain de gagner cette élection.  » Je n’accepterai jamais que Bédié et Ouattara soient président de la République « , avait menacé Gbagbo récemment à Dabou. De son côté, le candidat du Rhdp affirme que personne ne pourra voler sa victoire. Autant dire que les résultats de cette élection ne sauront pas acceptés. Seront-ils d’ailleurs proclamés ? Au final, huit ans après le début de la crise, la Côte d’Ivoire est de nouveau au bord d’une catastrophe majeure. Les Ivoiriens sont inquiets. Les hommes politiques pour certains d’entre eux, n’ont apparemment tiré aucune leçon de ce qui est arrivé à ce pays. Ils n’envisagent même pas leur vie en dehors des délices du pouvoir qui appartient pourtant au peuple souverain qui décide de mettre à la tête de son pays qui il veut. Ce peuple pour qui ils prétendent lutter et dont ils sont cependant prêts à refuser le choix souverain. Il faut faire attention. Les Ivoiriens n’ont plus les moyens de survivre. La Côte d’Ivoire n’a plus les moyens d’une autre crise…

ASSALE TIEMOKO

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