Chronique de campagne petits candidats – Dire et dédire au gré des intérêts entre les deux tours

La campagne du premier tour a été encore plus animée du fait de la présence dans l’arène de 14 candidats, luttant tous pour le fauteuil présidentiel. Si nul ne se doutait de l’impact des trois « dinosaures » que sont Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara sur l’électorat, la présence des candidats dits « petits » aura contribué à créer de la diversité et à servir aux Ivoiriens un tout autre discours que ceux entendus depuis plusieurs années en Côte d’Ivoire. Retour sur des mots et des faits de campagne où tous disent et se dédisent entre les deux tours.

Le candidat de l’Union pour la Côte d’Ivoire (Upci), Gnamien Konan s’est montré plus virulent à l’encontre des candidats du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), Henri Konan Bédié, du Rassemblement des Républicains (Rdr), Alassane Ouattara et de La Majorité Présidentielle (Lmp), Laurent Gbagbo. Morceaux choisis : « si Alassane Ouattara est élu président, trois mois après, il y aura un coup d’Etat. Gbagbo, Bédié et Ouattara ne doivent pas être élus si la Côte d’Ivoire veut vivre en paix. Bédié ne veut pas d’un autre candidat baoulé ». Grande fut donc la surprise de plus d’un, lorsque le 18 novembre dernier l’enfant prodige de Botro a produit une déclaration pour annoncer son ralliement au candidat du Rhdp, Alassane Ouattara qu’il présente comme le candidat à même de redonner espoir aux Ivoiriens. Une semaine plutôt, à l’issue d’une audience avec Henri Konan Bédié, il déclarait : « Je suis venu saluer mon aîné et lui dire que tous les propos maladroits prononcés pendant la campagne doivent être mis sur le compte de la politique et que cela ne doit pas entacher nos relations ».Il faut donc s’interroge de ce fait sur la sincérité du discours politique dans ce pays en pleine sortie de crise.

Jacqueline Lohoues Oble, l’unique femme en course pour la présidentielle ivoirienne a dit avoir fait acte de candidature pour « séparer les trois grands qui depuis plus de dix ans se battent ». Pendant la campagne du premier tour, la juriste a fait le procès du régime que dirige Laurent Gbagbo. Un régime qu’elle a dit avoir fait la promotion de «la corruption», du «favoritisme» et surtout favorise la dépravation des mœurs. Cependant lundi dernier à son QG, Jacqueline Lohoues Oble a choisi Laurent Gbagbo, candidat de La Majorité Présidentielle (Lmp). Selon elle, le programme du candidat de Lmp prendrait en compte les préoccupations contenues dans son programme.

Adama Dolo dit Dahico, avait pour sa part présenté les « trois grands », comme des problèmes pour la Côte d’Ivoire. L’élection de l’un signerait, selon Adama Dolo, la continuité des souffrances des Ivoiriens. Ainsi avait-il appelé les Ivoiriens à ne pas leur accorder leur suffrage. Hier vendredi, à la faveur d’une conférence de presse, Adama Dolo a choisi Laurent Gbagbo « après avoir eu à échanger avec les deux candidats admis pour le second tour et leur staff ». Ce ralliement selon l’humoriste-candidat ne s’est pas fait sans conditions. C’est l’engagement ferme du candidat de Lmp de prendre en compte les préoccupations « de la majorité silencieuse » qui aurait fait pencher la balance en sa faveur.

Le cas le plus énigmatique dans ce qu’il convient d’appeler « le feuilleton ralliement » reste les ralliements du Parti Ivoirien des Travailleurs (Pit). Ce parti a produit deux communiqués l’un signé du Président Francis Wodié annonçant le choix du candidat Alassane Ouattara pour le second tour et l’autre signé de la première Vice-présidente Angèle Gnonsoa invitant les militants du Pit à voter Laurent Gbagbo. Cette ambigüité ne saurait cependant effacer les déclarations du Pit pendant la campagne du premier tour, accusant les deux candidats d’être à l’origine des maux de la Côte d’Ivoire. Le ridicule ne tue pas. Alors que peut bien valoir encore la parole du politique en Côte d’Ivoire ? En tout cas plus grand chose.

Elisée Bolougbeu
afreekelection.com

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