L’armée ivoirienne supporte-elle Gbagbo en 2010 ? Ce qui s’est passé en 2000 avec l’Armée

L’Armée était aux mains de Robert Guéi

Elle lui obéissait et se reconnaissait en lui. Certains chefs ont même conseillé à Robert Guei de ne pas accepter la défaite, car ce serait la honte pour l’Armée. Le problème est venu des extrémistes du camp Guéi et de Robert Guéi lui-même. Il a commis la faute de suspendre la proclamation des résultats et de jeter une suspicion sur la crédibilité de la Commission Nationale Électorale de cette époque, en usant de la force. Alors qu’il était au pouvoir, disposait du contrôle de l’appareil d’Etat, et semblait avoir à sa solde l’ensemble des institutions dont Tia Koné, qui avait pris plaisir à éliminer toutes les candidatures pouvant gêner le candidat du peuple, Robert Guéi n’ayant pas su jouer le temps et la guerre des nerfs, a dégainé le premier, faisant proclamer sa victoire par un fonctionnaire et donnant l’occasion à Laurent Gbagbo de s’autoproclamer et d’inviter le peuple à se soulever pour ne pas se faire voler sa victoire. Rober Guéi aurait pu et même aurait dû laisser le processus aller à son terme, pour ensuite exercer les voies de recours.
Restées loin de tout cela, la gendarmerie et une partie de l’Armée ont choisi le camp du peuple, qui tombait sous les balles des hommes de Guéi, d’autant plus que les forces armées ont pu avoir le sentiment et l’intime conviction, par le fait même de l’attitude de Robert Guéi, que le candidat du peuple n’avait pas remporté le scrutin dès le premier tour. C’est ce que Laurent Gbagbo avait lui-même appelé élection calamiteuse. Lorsque Robert Guéi est tombé, à l’appel de Laurent Gbagbo et avec l’appui d’une partie significative de l’Armée qui estimait que ce que le Général avait fait n’ était pas juste, le RDR a estimé que ce ne sont pas les seuls militants du FPI qui sont sortis, mais tous les Ivoiriens, y compris les partisans de M Ouattara.
Pour cette raison, les militants du RDR n’ont pas voulu reconnaître la victoire de Laurent Gbagbo et ont exigé avec leur leader la reprise des élections dont leur candidat avait été exclu. Au départ favorable à une telle option, le PDCI local par la voix de Fologo et d’autres dirigeants s’est rétracté. Puis depuis Paris le Président Bédié a pris acte de l’élection de Laurent Gbagbo. Thabo Mbeki, l’Union Africaine et Eyadema qui avaient au départ appelé à la reprise des élections ont tous ensuite reconnu la victoire de Laurent Gbagbo. En ce moment l’armée dans la majorité de ses composantes avait fait le choix, de se mettre à la disposition de Laurent Gbagbo.
Durant toute la période de la crise, cette armée est restée loyale, républicaine et fidèle à Laurent Gbagbo, en sa qualité de Président de la République et de garant des institutions. En 2000, Laurent Gbagbo avait dit que les vraies élections auraient lieu en 2005. Elles ont été différées de 5 ans. Dimanche 28 Novembre, après une rébellion et une série de conflits politico-militaires, le face –à face aura lieu.
Espérons que les deux parties auront bien tiré les enseignements de ce qui s’est passé en 2000, pour comprendre qu’il faut respecter les règles du jeu, accepter dès le départ par tous. Trop de temps, trop de précautions, trop de recherches de consensus, trop et tant d’argent ont été mis dans le scrutin de dimanche prochain, qu’il serait dommage que les choses se terminent, de façon calamiteuse.

IA par CK

Le CEMA Mangou renvoie Gbagbo et Ouattara dos-à-dos « l’Armée ivoirienne ne participera pas à un hold-up électoral »

Au RHDP les propos de Philippe Mangou ont réconforté les militants qui avaient redouté les allégations selon lesquelles, les Fds se soulèveraient en cas de victoire d’Alassane Ouattara. A la LMP, on n’est pas mécontent de savoir la satisfaction des adversaires de Laurent Gbagbo qui ont toujours prétendu que l’Armée n’est pas républicaine, mais qu’elle plutôt est à la solde de Laurent Gbagbo.

Loyauté

Au service de la République. Défense du territoire. Protection des institutions et des personnes qui les incarnent. En clair l’Armée ivoirienne ne participera à aucun hold-up électoral. Elle veillera à faire respecter scrupuleusement les résultats sortis des urnes, qui seront proclamés par la CEI et consolidés par le conseil constitutionnel,sous la supervision de tous les observateurs et certificateurs.

Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara doivent donc mettre toutes les chances de leur côté pour convaincre les électeurs. Si Laurent Gbagbo est proclamé vainqueur par la CEI, l’Armée ne suivra pas les contestataires qui voudront user de violence. Si Alassane Ouattara est proclamé vainqueur par la CEI, l’Armée ivoirienne ne suivra pas les contestataires qui voudraient sortir des voies légales de recours pour choisir la violence. Si par extraordinaire, les uns et les autres tentent de perturber le travail de la CEI et de saboter ou retarder la proclamation des résultats, l’Armée avisera également. Cela doit être clair pour tous les électeurs parmi lesquels figurent certes les militaires, mais ceux-ci n’en demeurent pas moins des citoyens soumis à l’obligation du respect du verdict des urnes.

Au nom du serment prêté. En tout état de cause, dans le jeu de la violence, personne n’est gagnant. Il faut donc maîtriser ses nerfs et éviter le langage de la rue et de la déstabilisation, quand les urnes auront parlé dans la transparence. Et dans la vigilance de chacun des acteurs et candidats en présence.

Charles Kouassi

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