Côte d’Ivoire élections: Trois questions à…ivoirien en France

Jean-Luc Moroh, 34 ans, étudiant venu de Côte d'Ivoire.

ouest-france.fr

Jeunes correspondants. À l’heure des élections dans son pays, un Ivoirien qui fait une thèse de biochimie à l’IUT de Quimper prend part au débat.

Trois questions à…

Jean-Luc Moroh, 34 ans, étudiant venu de Côte d’Ivoire.

Depuis que tu es en France, certains faits t’ont-ils surpris ?

Je suis venu ici pour faire une thèse en biochimie/microbiologie de deux ans à l’IUT de Quimper, en cotutelle avec l’université d’Abidjan. Quand je suis arrivé en France, je n’ai pas été surpris, car j’avais été préparé. Une structure, « Campus France », donne un certain nombre d’informations à toutes les personnes qui veulent faire des études en France.

Par rapport aux manifestations contre les retraites, je n’ai pas été étonné. En 2008, Abidjan avait été paralysée par des manifestations contre la flambée des prix du carburant. Et en ce qui concerne les lycéens impliqués dans les manifestations, voir tant de jeunes dans la rue n’est pas surprenant. En Côte d’Ivoire, la population est très jeune. Lors de manifestations, la majorité des personnes sont donc des jeunes.

Quelle place occupe la France en Côte d’Ivoire ?

Le pays a été colonisé par la France et a donc hérité d’une partie de son organisation. Aujourd’hui, la plupart des secteurs de développement de mon pays sont tenus par des Français. Le secteur de l’énergie, la gestion de l’eau courante, la communication, le transport aérien, ferroviaire ou maritime sont gérés par des sociétés d’État, mais tenus par des Français.

Par exemple, pour la communication, il s’agit de Côte d’Ivoire Télécoms, une branche de France Télécoms. Beaucoup d’intellectuels le déplorent car on se demande si le pays en tire des bénéfices. Mais, nous Ivoiriens, aurions-nous les compétences requises pour gérer tous ces secteurs si la France laissait la place libre ?

Des élections se tiennent actuellement en Côte d’Ivoire. Crois-tu en un changement ?

Bien sûr ! Quel que soit le candidat élu. Le nouveau président va rencontrer pas mal de difficultés pour remettre le pays sur les rails après huit ans de crise. En 2002, les troupes rebelles avaient attaqué le pays, ce qui l’avait divisé en deux. J’espère que ces élections représentent la fin des troubles et de la division.

Je pense que chacun des candidats a pris conscience de la régression et de la souffrance du pays lors de ces huit dernières années. Tous ont le même objectif : reconstruire. Il est possible qu’il y ait des manifestations après l’annonce des résultats. Mais le peuple ivoirien est traditionnellement non-violent. On verra bien si la stabilité du pays sera compromise à l’issue du deuxième tour, qui doit se tenir à la fin du mois.

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