Les Ivoiriens aux urnes pour le second tour de la présidentielle

Par Christophe Boisbouvier / Cyril Bensimon
RFI

C’est l’heure du choix en Côte d’Ivoire ce 28 novembre pour les 5,7 millions d’électeurs, appelés à départager Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, les deux finalistes à la présidentielle. Les bureaux de vote ont ouvert à 7h00 (locales et GMT) pour le second tour d’un scrutin historique qui doit mettre fin à dix ans de crise. Après les violences qui ont suivi le premier tour, un couvre-feu a été instauré depuis le 27 novembre et jusqu’au 2 décembre par le président-candidat Gbagbo. Une mesure qui est loin de faire l’unanimité.

Au moins trois morts, le 27 novembre, dans le quartier d’Abobo, à Abidjan. Trois morts liés au couvre-feu. Des jeunes protestaient contre cette mesure lorsque des heurts ont éclaté avec les forces de l’ordre. Celles-ci ont alors usé de leurs armes à feu.

En fait, pendant toute la journée d’hier, le décret instaurant le couvre-feu a fait l’objet d’une controverse. Le chef d’état major des forces armées de Côte d’Ivoire a expliqué sur les antennes de la Radio-télévision ivoirienne (RTI) pourquoi il avait demandé au président de prendre cette mesure. Le général Philippe Mangou a considéré que les violences répétées de cette semaine risquaient de plonger le pays dans un état insurrectionnel. Selon lui, six personnes ont trouvé la mort ces derniers jours – notamment des militants de Laurent Gbagbo tués par ceux d’Alassane Ouattara –, et les forces de défense et de sécurité (FDS) ont été victimes de tirs d’armes à feu. Pour lui, cette mesure est donc nécessaire pour sécuriser les populations.

Mais cette opinion est loin de faire l’unanimité. Pendant toute la journée d’hier, le Premier ministre et le président de la CEI (Commission électorale indépendante) ont espéré que le président Gbagbo assouplirait la mesure. Guillaume Soro et Youssouf Bakayoko craignent en effet que ce couvre-feu ne complique sérieusement la tâche de tous les agents électoraux qui sont chargés, à partir de ce dimanche soir, du dépouillement des urnes, puis du transport des quelque 22 000 procès-verbaux de vote jusqu’au siège de la CEI.

Du côté de l’opposition, le RHDP d’Alassane Ouattara affirme même que ce couvre-feu est « la porte ouverte aux fraudes ». Dans leur démarche auprès de Laurent Gbagbo, le Premier ministre et le président de la CEI ont reçu hier le renfort du facilitateur de la crise ivoirienne, le président burkinabé Blaise Compaoré. Il a passé la journée à Abidjan. Et hier soir, avant de repartir, il a annoncé que le président ivoirien « envisageait » d’assouplir ce couvre-feu.

Laurent Gbagbo a-t-il promis quelque chose à ses interlocuteurs pour les heures à venir ? Assouplira-t-il la mesure pour les quatre nuits prochaines ? En tout cas, pour l’instant, le chef de l’Etat ivoirien n’a pas bougé. Hier soir, le couvre-feu est bien entré en vigueur à 22 heures locales, du moins à Abidjan, où les avenues étaient totalement désertes à partir de cette heure-là.

A Bouaké, en revanche, dans le fief de l’ancienne rébellion des Forces nouvelles, à 22 heures, la vie continuait son cours et la bière coulait à flot dans les maquis de la cité.

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