Présidentielle: les résultats se font attendre en Côte d’Ivoire

Par Christophe Boisbouvier RFI

Laurent Gbagbo, Alassane Ouattata. Qui a gagné le second tour de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire ? Réponse peut-être ce mardi 30 novembre 2010, mais plus probablement demain, mercredi. Pourquoi la Commission électorale indépendante (CEI) se hâte-t-elle lentement ? Eléments de réponse.

On pensait que les résultats du second tour seraient connus beaucoup plus rapidement que ceux du premier tour. On se trompait. La CEI n’a donné ce lundi soir que les résultats du vote de la diaspora ivoirienne, en Afrique et en Europe. Ce n’est que ce mardi qu’elle commencera à livrer les chiffres du territoire national, dans certaines communes d’Abidjan et à l’intérieur du pays. Et il faudra sans doute attendre ce mercredi pour savoir qui a gagné.

Pourquoi tant de lenteur ? Sans doute à cause du couvre-feu, imposé toutes les nuits depuis le 27 novembre. La circulation est entravée. L’acheminement des urnes et des procès-verbaux de vote entre les quelque 22 000 bureaux et le siège de la CEI à Abidjan prend donc du retard.

Mais le couvre-feu n’explique pas tout. Depuis la clôture des opérations de vote, dimanche soir, les protestations ne cessent de monter. Dans les provinces du sud-ouest et du centre-ouest, le RHDP d’Alassane Ouattara dénonce de nombreuses entraves au vote de la part du camp présidentiel – sans pour autant réclamer des annulations de vote. Selon l’Onu, le jour du scrutin, trois personnes ont été tuées lors d’affrontements dans l’ouest.

Dans les provinces du nord, LMP (la Majorité présidentielle) affirme que le scrutin n’a pas été transparent à cause de la pression de l’ex-rébellion des Forces nouvelles sur les électeurs. Le camp de Laurent Gbagbo, lui, demande des annulations de vote. Il affirme avoir saisi la CEI pour qu’un certain nombre de résultats soient invalidés, notamment dans les provinces de Denguélé, des Savanes et de Worodougou – des zones où Alassane Ouattara avait obtenu, au premier tour, entre 85 et 93% des voix. Dans ces conditions, il est facile de deviner pourquoi la CEI et son président, Youssouf Bakayoko, redoublent de prudence et multiplient les précautions avant de publier des résultats.

Dans son travail de collecte et de comptage des suffrages, la CEI vient de recevoir un appui important, celui de Youn-jin Choi, le représentant spécial de l’ONU en Côte d’Ivoire. Lors d’une conférence de presse ce lundi à Abidjan, le chef de l’Onuci a reconnu qu’il y avait eu « des incidents parfois violents dans l’ouest et le nord du pays ». Mais, selon lui, ce second tour « s’est tenu globalement dans un climat démocratique ». Pour le représentant spécial de Ban Ki-moon, ces actes de violence ne peuvent dénaturer le scrutin. Quelles que soient les contestations, la CEI doit poursuivre sa tâche.

Selon la loi, la commission doit conclure ses travaux au plus tard 72 heures après la fin du vote, c’est-à-dire mercredi soir. A l’étape suivante, le Conseil constitutionnel examine les recours. La course contre la montre est commencée. Son président, Youssouf Bakayoko, l’a promis : « La CEI publiera les véritables résultats issus des urnes ».

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