La Côte d’Ivoire attend l’intervention du président du Conseil constitutionnel

Par RFI

La Côte d’Ivoire attend toujours l’intervention du président du Conseil constitutionnel, Paul Yao N’dré. Ce dernier, seul habilité à proclamer définitivement les résultats du second tour de la présidentielle, a rejeté l’annonce, jeudi 2 décembre, par le président de la Commission électorale indépendante, des résultats provisoires donnant Alassane Ouattara vainqueur avec 54,1% contre 45,9% des voix pour Laurent Gbagbo.

Avec notre correspondant à Abidjan,

Toujours pas de « fumée blanche » s’élevant de la cheminée du Conseil constitutionnel. Son président, Paul Yao N’Dré, avait dit jeudi soir à la télévision que le conseil travaillerait dans la « sérénité ». Depuis, il délibère et la Côte d’Ivoire retient son souffle. Compte tenu des réclamations qui lui ont été soumises, les délibérations prendront nécessairement un peu de temps. Mais combien ? L’enjeu est tel que personne ne se hasarde à répondre à cette question, étant rappelé que le Conseil dispose d’un délai légal de sept jours pour proclamer les résultats définitifs. Au service de presse du Conseil, on indiquait hier soir que la proclamation se ferait ce vendredi. Depuis, ce même service invite à l’attente.

Dans les milieux diplomatiques, on échafaude des hypothèses. Le Conseil constitutionnel invalidera-t-il des résultats pour faits de fraude ? Invalidera-t-il des résultats dans le strict cadre de sa saisine ? En invalidera-t-il davantage ? Invalidera-t-il l’ensemble du scrutin ? Toutes ces options sont encore ouvertes. L’épreuve continue pour les nerfs des Ivoiriens.

Et pour la première fois depuis le second tour, le Premier ministre Guillaume Soro s’exprime par voie de communiqué et invite ses concitoyens à « garder la sérénité, à cultiver la patience, la tolérance et la concertation permanente en vue d’une sortie de crise apaisée et durable ». Mais, sans attendre, Guillaume Soro demande instamment au représentant spécial du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies en Côte d’Ivoire, de « certifier les résultats du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010 afin de lui permettre de tirer toutes les conséquences juridiques et politiques du processus électoral mené en Côte d’Ivoire ».

Le calme à Abidjan toujours sous haute surveillance

L’activité a timidement repris à Abidjan mais l’anxiété de la population est loin d’avoir disparu dans la capitale économique ivoirienne.

Dans l’ensemble, la nuit a été plutôt calme. A Yopougon, des habitants ont entendu des tirs dans la nuit, mais on ne sait pas si ceux-ci ont fait des victimes. Dans cette commune, plutôt favorable à Laurent Gbagbo mais où les partisans d’Alassane Ouattara sont également nombreux, les forces de défense et de sécurité ont été déployées à tous les carrefours stratégiques.

Mais dans la matinée, selon des témoins sur place, le dispositif militaire a été allégé. Preuve de la tension actuelle, un habitant explique qu’à Yopougon, les partisans de l’opposition sont terrés chez eux. Dans les communes acquises à Alassane Ouattara, comme Abobo, Adjamé, ou Treichville, les célébrations jeudi ont été de courte durée, les représentants locaux du RHDP (le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la Paix) ayant fait passer la consigne de ne pas braver le couvre-feu et de ne pas provoquer les forces de l’ordre.

Enfin, quelques mots sur Bouaké. Jeudi soir dans la deuxième ville du pays, les manifestations de joie ont pu durer car là-bas, aucun couvre-feu n’est imposé par les Forces nouvelles. Cela dit, les chefs locaux de l’ex-rébellion suivent avec grand intérêt la situation à Abidjan. L’un d’eux expliquait ce matin se tenir prêt à toute éventualité.

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