De plus en plus isolé, l’autocrate Gbabgo s’accroche au pouvoir

Confusion en Côte d’Ivoire. Dernier épisode de la présidentielle, la communauté internationale, Etats-Unis, France et Nations Unies en tête, s’est prononcée en faveur d’Alassane Ouattara. Sa victoire, initialement proclamée par la Commission électorale indépendante, a pourtant été invalidée hier par le Conseil constitutionnel.

La plus haute autorité judiciaire ivoirienne a en effet annulé des votes jugés frauduleux dans le nord. Laurent Gabgbo a donc été déclaré vainqueur.

Sourd aux appels de la communauté internationale à reconnaître sa défaite, le président sortant compte bien être officiellement investi pour un nouveau mandat dans la journée.

Par ailleurs, le chef de l’armée ivoirienne a prêté allégeance à Laurent Gbagbo alors que le Premier ministre et ex-chef rebelle Guillaume Soro a estimé que cette crise “menace gravement” la réunification du pays.

Les quelques 10.000 Casques bleus déployés dans le pays sont sur le qui-vive face aux risques de violence que pourrait engendrer la situation actuelle.

2010 euronews

Obama et Ban Ki-moon félicitent Alassane Ouattara

par Tim Cocks et David Lewis

ABIDJAN (Reuters) – Le secrétaire général de l’Onu Ban Ki-moon et le président américain Barack Obama ont salué vendredi en Alassane Ouattara le véritable vainqueur de l’élection présidentielle de Côte d’Ivoire, rejetant ainsi des résultats révisés qui donnaient la victoire au chef de l’Etat sortant, Laurent Gbagbo.

Le Conseil de sécurité des Nations unies n’est en revanche pas parvenu vendredi soir à s’entendre sur une déclaration reconnaissant Ouattara comme vainqueur, cela en raison d’objections de la Russie, ont fait savoir des diplomates en poste à l’Onu.

A Paris, Nicolas Sarkozy a dit avoir pris acte des déclarations du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et de son représentant en Côte d’Ivoire, Y. J. Choi, confirmant la victoire d’Alassane Ouattara.

Dans le même temps, le chef des forces armées ivoiriennes, le général Philippe Mangou, a fait allégeance au président Gbagbo, au pouvoir depuis 2000 et dont la prestation de serment pour un nouveau mandat doit avoir lieu ce samedi à 12h00 GMT, comme l’a annoncé la télévision nationale dans la nuit.

Ouattara, ancien haut responsable du FMI, a revendiqué vendredi la victoire et reçu l’appui du principal mouvement d’ex-rebelles ayant combattu Gbagbo durant la guerre civile de 2002-2003, ce qui tend à montrer que le scrutin de dimanche a accentué plutôt qu’atténué la division du pays entre le Nord et le Sud.

Les Forces nouvelles, principal groupe d’ex-rebelles, ont annoncé à Bouaké, dans le Nord, qu’elles soutenaient Ouattara. A Abidjan, le Premier ministre ivoirien, l’ancien chef des ex-rebelles Guillaume Soro, a estimé que l’annulation de résultats électoraux qui faisaient d’Ouattara le vainqueur de la présidentielle menaçait la réunification du pays, scindé en deux depuis la guerre civile de 2002-2003.

LA CEDEAO APPELLE À RECONNAÎTRE LA VICTOIRE D’OUATTARA

Des habitants ont signalé des coups de feu après la tombée de la nuit à Abidjan dans le quartier d’Abobo et les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser des partisans d’Ouattara en plusieurs points de la ville.

Ouattara a lancé un appel au calme et à la neutralité de l’armée.

Un journaliste de Reuters a vu la Garde républicaine se déployer dans le centre-ville, autour du palais de Gbagbo.

Auparavant, le Conseil constitutionnel ivoirien, dirigé par un allié politique de Gbagbo, avait confirmé les accusations de fraude électorale portées par ce dernier contre des partisans de Ouattara dans le nord du pays, et avait annoncé la réélection du chef de l’Etat sortant, alors qu’initialement, la Commission électorale indépendante (CEI) avait annoncé la victoire d’Ouattara avec 54,1% des suffrages.

Martin Nesirky, porte-parole de l’Onu, a déclaré que Ban Ki-moon engageait Gbagbo à favoriser une transition sans accroc.

Un conseiller de Gbagbo, Alcide Djédja, a ensuite menacé d’expulser le chef de la mission de maintien de la paix des Nations unies dans le pays, Y.J. Choi, quelques heures après son refus de reconnaître la décision du Conseil constitutionnel de proclamer Gbagbo vainqueur.

Interrogé au sujet de cette menace sur la chaîne France 24, Choi a répondu qu’il était en Côte d’Ivoire pour y faire son travail et avait l’intention de le faire.

L’entérinement de Ouattara par l’Onu amène les observateurs à se demander jusqu’où l’organisation internationale, dont 10.000 soldats et policiers sont déployés dans le pays, est prête à aller si Gbagbo insiste pour rester au pouvoir malgré de très fortes pressions internationales.

L’Union africaine (UA) s’est dite quant à elle profondément préoccupée par la tournure des événements en Côte d’Ivoire.

Quant à la Cedeao (Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest), elle a exhorté la classe politique ivoirienne à respecter le résultat de l’élection présidentielle annoncé par la commission électorale donnant la victoire à Ouattara.

Avec Ange Aboa à Bouaké, Loucoumane Coulibaly à Abidjan, Louis Charbonneau à l’Onu, Richard Valdmanis à Dakar; Philippe Bas-Rabérin et Eric Faye pour le service français

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