On peut mépriser un pays mais pas ses habitants.
La Côte d’Ivoire est un Etat indépendant avec ses règles de fonctionnement.
Parler d’un putsch électoral pour évoquer une décision de la Cour suprême est une insulte faite à mon pays.
Oui le président du conseil constitutionnel ivoirien est un proche du président sortant. Cela est un fait avéré dans tous les pays y compris le votre. Le président de la république nomme une partie des membres au conseil constitutionnel, y compris son président.
Doit-on invalider pour autant toutes les décisions du conseil constitutionnel français sous la présidence Chirac au seul motif que son président Débré était un intime de l’exécutif? Vous évoquez la Commission électorale indépendante. Doit-on, pour poursuivre votre raisonnement, ne pas tenir compte de sa décision au simple motif qu’elle est aux mains de l’opposition et de la rébellion?… Qu’elle ait annoncé sa décision dans l’hôtel où se trouvait justement le candidat qu’elle annonce vainqueur ne vous choque pas? Non, non, tous ces faits ne méritent pas d’interrogation. Alors donnez-nous vos leçons. Nous y sommes habitués. Et ce depuis des siècles.
Avons-nous entendu des journalistes ivoiriens faire la leçon à la France, quand Dumas Roland alors Président du conseil constitutionnel donnait une immunité au Président Chirac?
Que dites-vous lorsque Debré Jean-Louis, l’actuel président du conseil constitutionnel français refuse de diffuser les comptes de campagne du 1er ministre Balladur?
Rien? Alors, montrez-nous, à nous les pauvres ignorants, le chemin à suivre pour rejoindre le concert des nations civilisées.
Vous parlez pêle-mêle de putsch électoral, de nette victoire… Etiez-vous au nord, dans les zones Cno, où de nombreux Ivoiriens ont été purement et simplement empêchés de remplir leur devoir citoyen? Voulez-vous savoir s’il y a eu des fraudes? Savez-vous qu’on y retrouve des scores qu’on ne voyait plus en Côte d’Ivoire depuis la fin du parti unique? Voulez-vous savoir si ces fraudes sont massives? Ou si elles ont eu un impact majeur sur le scrutin présidentiel? Si oui, n’est-il pas saint qu’il y ait un nouveau vote?
Non, non, tout ça ne vous interresse pas?
Alors donnez-nous vos leçons mais méditez tout de même, cher Hugeux, cette citation de Senghor, « la France, si prompte à dire le droit chemin, et si habile à emprunter les voies sinueuses… »
Anicet DJEHOURY [adjehoury@hotmail.com]
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