Dans les coulisses de la nomination du Pr. Aké, Malick contre Nembelessini (Dossier BNI)

L’Inter Par JMK AHOUSSOU

Depuis le dimanche 05 décembre dernier, par décret présidentiel pris par le Président Laurent Gbagbo, le Pr. Aké Gilbert Marie N’gbo, professeur titulaire d’Économie option Statistiques et président du Conseil de l’Université de Cocody, est le nouveau Premier ministre de Côte d’Ivoire, en remplacement du Secrétaire général des Forces Nouvelles (FN), Guillaume Kigbafory Soro, devenu entre-temps Premier ministre du «Président» Alassane Ouattara. Au moment où l’on s’attendait à la nomination d’un politique, comme le Dr Issa Malick Coulibaly, directeur national de campagne (DNC) du candidat Laurent Gbagbo pour le compte de La Majorité Présidentielle (LMP), ou M. Pascal Affi N’guessan, président du FPI, c’est plutôt à une nomination surprise qu’on a eu droit de la part du Président Gbagbo, avec celle du Pr. Aké Marié Gilbert N’gbo. Qu’est-ce qui s’est donc passé? Jusqu’à samedi dernier après-midi, de sources politiques bien introduites, c’est plutôt le nom de M. Victor Jérôme Nembelessini-Silué qui circulait sur beaucoup de lèvres. Banquier de formation, financier aux qualités et mérites reconnus de tous, le PDG de la Banque Nationale d’Investissements (BNI) apparaissait aux yeux de beaucoup d’observateurs avertis comme l’oiseau rare capable de relever un certain nombre de défis, entre autres de casser l’étau de la finance mondiale, un cercle très fermé, qui se resserre autour de la Côte d’Ivoire et de relancer au mieux les performances économiques et financières de l’ancienne vitrine de l’Afrique de l’Ouest. A défaut de ce choix, d’aucuns se disaient que le Président Gbagbo entrerait dans un schéma classique de désignation de son futur Premier ministre en se lançant dans la crise politique que connaît en ce moment le pays, par la désignation d’un Premier ministre «politique». Le nom de son directeur national de campagne, le Dr Issa Malick Coulibaly, avait alors commencé à circuler. Puis, celui de son ancien Premier ministre de fin 2000 à début 2003 et président de son parti, le FPI, M. Pascal Affi N’guessan. Finalement, la carte Aké Gilbert Marie N’gbo est sortie de la botte secrète du chef de l’État. Selon ces mêmes observateurs avertis, deux éléments ont pesé pour lui. D’abord et sans nul doute, son mérite personnel et son attachement au chef de l’État. Professeur d’Économie, ancien président de l’UFR des Sciences Économiques de l’Université de Cocody, le Pr. Aké N’gbo est l’actuel président du Conseil de l’Université de Cocody, qui plus est, se trouve être un allié indéfectible du Président Laurent Gbagbo. Mais ensuite, sa nomination apparaît comme la suprême récompense pour toute une région, celle de l’Agnéby (Agboville, Adzopé et Akoupé) qui est restée fidèle de 1990 à ce jour au FPI et à son Président. En effet, lorsque le multipartisme est réinstauré en Côte d’Ivoire en 1990, c’est dans le pays Attié et Abbey que Laurent Gbagbo, alors Secrétaire général du FPI, gagne ses premiers vrais soutiens politiques et sociologiques. Dans une région grande productrice de café-cacao et dont les méventes de 1998 et 1999 avaient appauvri les populations, qui a été traditionnellement acquise à la cause du parti progressiste à l’époque coloniale, le FPI et son SG étaient apparus comme les outils rêvés pour ces populations pour s ‘opposer au PDCI qui, à travers sa CAISTAB, n’achetait plus bien le café et le cacao. D’ailleurs, les premiers élus du FPI à l’hémicycle en 1990 sortiront d’Adzopé, Akoupé et Afféry. Les Municipales de cette même année 1990 viendront consolider cela. Même si en 1995, la donne a été quelque peu bousculée, le pays Attié et Abbey restera profondément attaché toutes ces années à Laurent Gbagbo et au FPI. Mieux, en 2010, c’est là-bas que son passage victorieux au 1er tour se dessinera, ainsi que l’avantage décisif au second tour contre le candidat Ouattara du RHDP. Cette donne politico-électorale a valu son pesant d’or dans cette désignation face au choix politique que pouvait incarner le Dr Issa Malick Coulibaly, étant en entendu que le DNC de LMP avait été lamentablement battu dans son fief natal et électoral du Nord par le RHDP et son candidat ADO, qui y ont enregistré des «scores à la soviétique».

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