Gbagbo encore un peu plus sous pression, Obama lui tend la main

Barack Obama a proposé à Laurent Gbagbo de le recevoir à la Maison blanche s’il acceptait de s’effacer du pouvoir, a annoncé jeudi un responsable de la présidence américaine, ajoutant qu’il n’avait pour l’heure pas obtenu de réponse. La communauté internationale a apporté son soutien à son rival, Alassane Ouattara, désigné président-élu de la Côte d’Ivoire par la Commission électorale indépendante (CEI). Obama propose à Gbagbo d’être le premier dirigeant mondial à le féliciter s’il renonce à la présidence ivoirienne
Europe1

RFI
Par Gilles Moreau « Pourra-t-il gouverner la Côte d’Ivoire contre la volonté clairement affichée de son peuple et contre le monde entier ? » : exprimée de cette façon par Le Nouveau Réveil, quotidien proche du PDCI, cette question traduit une préoccupation largement répandue ce vendredi, près de deux semaines après le second tour de la présidentielle ivoirienne.
La suite de l’article est une charge virulente contre un homme « isolé » et qui n’en aurait plus pour longtemps : « le fruit est mûr et il faut le cueillir », lance Le Nouveau Réveil à propos de Laurent Gbagbo. Lui qui pensait pouvoir jouer des divisions de la communauté internationale pour se maintenir au pouvoir « contre la volonté de son peuple. Mal lui en a pris ». Le Nouveau réveil rappelle qu’il ne peut même plus compter sur le soutien de la Chine et de la Russie, deux puissances qui viennent d’approuver la position du Conseil de sécurité en faveur d’Alassane Ouattara. « Le monde ne veut plus voir naître en Afrique des dictateurs qui méprisent et bafouent les droits de leur peuple », écrit encore Le Nouveau Réveil, qui salue au passage la tactique employée par Alassane Ouattara à l’égard de son adversaire, celle du « serpent boa qui entoure sa proie pour l’avoir par asphyxie », plutôt que de recourir à la force pure.
« La communauté internationale peut-elle faire partir Gbabo ? » : autre question, posée à sa Une par un autre journal ivoirien, L’Inter, quotidien privé indépendant. En guise d’éditorial, L’Inter cite Félix Houphouët-Boigny quand l’ancien président prônait les bienfaits du dialogue.

Du côté maintenant des partisans de Laurent Gbagbo, le site Notrevoie.com n’y va pas de main morte quand il accuse l’Elysée de « préparer un génocide en Côte d’Ivoire » : « De toute évidence, à l’Elysée, on est persuadé que le «Plan A», truquer les élections pour chasser Gbagbo, a échoué. A présent, c’est un «Plan B» qui est envisagé avec, au bout, l’assassinat du président ivoirien. Finies donc les déclarations de M. Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, bras droit de Sarkozy, qui, le dimanche 3 octobre 2010, après un séjour de 48 heures en Côte d’Ivoire, déclarait, avant de reprendre l’avion, la main sur le cœur : «La France n’a pas de candidat en Côte d’Ivoire». Paroles en l’air ! » conclut Notrevoie.com.

A l’extérieur des frontières ivoiriennes

Ailleurs, on trouve de nombreuses comparaisons entre la situation actuelle en Côte d’Ivoire et celles qu’ont connus d’autres pays africains par le passé : le Liberia avec Charles Taylor, le Niger avec Mamadou Tandja, ou bien encore la Guinée avec Dadis Camara.
Ainsi sur les thèmes de « l’entêtement et de la boulimie de pouvoir », le quotidien togolais Liberté accuse Laurent Gbagbo de « prendre en otage tout un peuple », lui, l’auteur d’un « putsch électoral dénoncé à travers le monde et qui l’isole ». Gbagbo est « seul contre tous », écrit encore Liberté pour qui cet homme est « guetté par le syndrome Mamadou Tandja et Dadis Camara ».
En Guinée, le site Guinéenews y va lui aussi de sa comparaison : « si en Guinée aujourd’hui, Elhadj Cellou Dalein Diallo force l’admiration et est crédité d’un grand respect, d’une excellente probité morale et d’une maturité politique sans égale pour avoir accepté, non sans amertume, les résultats du deuxième tour de l’élection présidentielle du 7 novembre dernier ; force est de reconnaître qu’en Côte d’Ivoire, le président sortant, Laurent Gbagbo, refuse catégoriquement d’accepter les résultats des urnes. Conséquence de ce refus, le pays est plus que jamais phagocyté avec deux gouvernements dans une même nation, entrainant implicitement, la descente aux enfers pour les populations ivoiriennes ».

Jeune Afrique, sur son site web, revient de son côté sur la décision de l’Union africaine de suspendre la Côte d’Ivoire jusqu’à nouvel ordre. Ou plutôt jusqu’à ce que le président sortant se décide à quitter le pouvoir. Une décision de l’Union africaine qui « pèse lourd symboliquement » : elle s’ajoute à bien d’autres (suspensions, simples déclarations…) de la part de la Cédéao, de l’ONU, des États-Unis, du FMI, de la Banque mondiale, de la Francophonie, etc. Et Jeune Afrique de conclure : « Le pouvoir de Laurent Gbagbo est certes bien enraciné. Mais combien de temps pourra-t-il tenir dans un désert diplomatique ? ».

Un mot encore des inquiétudes qui se font jour au sein de la communauté étrangère de Côte d’Ivoire. Elles sont relayées par le site Afrik.com qui donne la parole à l’universitaire burkinabé Albert Ouédraogo, président de l’association « le Tocsin », qui œuvre pour la défense des droits des migrants. Pour lui, on a toutes les raisons de craindre pour les étrangers vivant dans ce pays. Les populations émigrées en Côte d’Ivoire constituent des populations fragiles, encore plus en cette période de fortes tensions. « Les signes du chaos sont déjà perceptibles » ajoute le professeur Ouédraogo.

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