Questions à CHARLES BLE GOUDE, « Ministre ! »

Monsieur le Ministre,

Je voudrais, sans vouloir vous offenser, me permettre de vous tutoyer pour mieux faire passer mon message, car pour avoir ciré les bancs des amphis de l’université dans la même période que vous, je me sentirais plus à l’aise en m’adressant au camarade de campus qu’au fraîchement promu Ministre.

Ainsi donc cher frère, je te félicite pour ta brillante nomination en qualité de ministre par Laurent Gbagbo en ce jour, toute chose qui s’apparente à une « prime à l’agitation ». Tu ne nieras pas que pour être agité, tu l’as vraiment été (et même aveuglement !) pour le compte de ton bienfaiteur d’un « 07 décembre ». Ta nouvelle fonction te colle d’ailleurs parfaitement à la peau puisque Ministre, tu l’étais déjà de toutes les façons, même si c’était « de la rue ».

Je veux bien manifester ma joie à l’idée qu’un camarade de promotion soit promu à de si hautes fonctions, mais j’avoue qu’au fond de moi-même, un sentiment interne plus fort me « refroidit », incapable que je suis d’apporter des élements de réponse aux nombreuses questions qui foisonnent dans mon esprit. Je vais donc en partager quelques unes avec toi, amicalement.

En parlant de ton parcourt, l’on ne saurait occulter l’épisode de la FESCI, ce syndicat estudiantin aux ambitions initiales nobles à la création par Martial AHIPEAUD. Comment as-tu pu « substituer la machette au stylo » sur le campus universitaire, transformant tous ces jeunes gens en des anarchistes, des « tueurs froids » au dessus de la loi et à la solde du pouvoir ?

J’ai ouï dire que pour le financement de tes activités de propagande pour le compte de l’ancien régime, ton « argent de poche et carburant » ne valait pas moins de vingt cinq (25) millions de nos francs par mois. Comment est-ce possible, alors que des services importants de l’Etat ont à peine la moitié de ce montant comme budget pour se « débrouiller » toute l’année ?

Tous ces immeubles et stations-service que les « rumeurs » t’attribuent et pour lesquels des preuves existent, est-ce possible qu’en si peu de temps, tu as pu amasser autant de fortune ?

Aurais-tu donc vraiment trahi la lutte de tes amis patriotes pour n’en être que le seul bénéficiaire (avec un petit groupe autour de toi), alors que la jeunesse qui s’est offerte en sacrifice pour sauver la nation est restée plus que jamais désœuvrée et misérable ?

Et la « rue » dans tout cela, à qui la confies-tu « Mon Général », puisque toi promu, elle ne saurait rester sans ministre ? Qui saura l’incarner mieux que toi qui étais si bien « taillé » pour la rue ?

Ce qui me peine le plus mon cher frère, c’est d’entendre rappeler partout dans la rue, toutes les difficultés que tu as éprouvées pour obtenir le plus simple des diplômes universitaires (la licence), au point que tu as dû recourir à des voies frauduleuses pour l’obtenir, ce que le monde entier sait. Un Ministre ayant triché pour obtenir une simple licence, comment pourras-tu gérer ce fardeau ?

Toutes ces questions (et bien d’autres encore) me tourmentent franchement cher frère, de sorte que je reste encore « froid » à l’idée de ta nomination, alors que je devais être fier de voir promu au rang de Ministre, un camarade de promotion de nos années campus.

Honnêtement, n’aurais-tu pas pu rester en dehors des joutes intellectuelles où à coup sûr, ton passé pas trop reluisant te rattrapera ?
N’aurais-tu pas réellement rendu service à ton « bienfaiteur » en déclinant l’offre de nomination ? Le pauvre Gbagbo, déjà vomis dans les urnes par les ivoiriens est en rupture de ban avec la communauté internationale à la suite de son hold-up électoral. Fallait-il encore que tu en rajoutes à ses soucis en discréditant totalement son « gouvernement » par ta présence en son sein ?

Cette réaction honnête de ta part -dire à Gbagbo que tu ne mérites pas ce poste- aurait permis non seulement à ce gouvernement fantoche d’avoir un semblant de crédit, mais t’aurait laissé suffisamment de temps pour gérer tes nombreux immeubles et stations mal acquis, au détriment du pauvre peuple de Côte-d’Ivoire en général et de la jeunesse en particulier, qui continue de souffrir.

Mais rassures-toi, le cours de l’histoire va te tirer très rapidement cette épine du pied, car ce gouvernement mort-né que ta présence décrédibilise totalement, disparaîtra assez rapidement, quand le parrain de la mafia « refondation », le plus célèbre « boulanger du monde » se verra contraint à l’exil.
Et ce ne sera qu’un moindre mal pour lui.

Fraternellement.

N’DRI K. Y.
Ivoirien vivant en Côte-d’Ivoire
Penseur libre

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