Après une journée meurtrière, le camp de Ouattara maintient son appel à manifester aujourd’hui

Une trentaine de personnes ont été tuées, jeudi, à Abidjan dans des combats à l’arme lourde. Le camp d’Alassane Ouattara renouvelle néanmoins son appel à manifester vendredi en direction de la télévision ivoirienne.

Par Alix LE BOURDON FRANCE 24 (texte)

La tension semblait être retombée, jeudi soir, à Abidjan après une journée marquée par des violences qui ont fait une trentaine de morts, selon les envoyés spéciaux de FRANCE 24 dans le pays. Alassane Ouattara, reconnu président élu par la Commission électorale ivoirienne (CEI) et la communauté internationale, maintient son appel à manifester, vendredi, en direction des bureaux de la radio-télévision ivoirienne (RTI) et du siège du gouvernement.

Le camp d’Alassane Ouattara avait appelé jeudi ses partisans à marcher, sans violence, sur la RTI, située dans le quartier de Cocody, dans le nord de la capitale économique, afin d’essayer d’en prendre le contrôle. « La télévision nationale représente un point stratégique du pouvoir, explique Tatiana Mossot, correspondante de FRANCE 24 à Abidjan, depuis Paris. Elle est jusqu’à présent dans les mains du camp de Laurent Gbagbo. »

« Le gouvernement avait demandé à organiser une marche pacifique vers le siège de la RTI », a affirmé sur FRANCE 24 le porte-parole d’Alassane Ouattara, Patrick Achi. « Ceux qui y ont participé y sont allés à mains nues, ils n’étaient pas armés. On leur a tiré dessus à balles réelles », dénonce-t-il. Patrick Achi confirme le chiffre d’une trentaine de morts et d’une cinquantaine de blessés à Abidjan. On compte selon lui des victimes dans les différents quartiers d’Abidjan, et notamment six à Abobo, dans le nord de la ville, quatre à Yopougon et deux à Koumassi, dans le Sud.

Des combats de plusieurs heures

Le camp de Laurent Gbagbo fait, lui, état d’une vingtaine de morts. « Dix manifestants et dix membres des forces de défense et de sécurité ont été tués. Parmi ceux-ci, on compte sept tués par balles et trois personnes assassinées dans leurs maisons, auxquelles des manifestants ont mis le feu. Ceux qui étaient venus pour une supposée marche pacifique ont tiré à balles réelles sur les forces de défense et de sécurité », a déclaré sur FRANCE 24 Émile Guiriéoulou, ministre de l’Intérieur du gouvernement de Laurent Gbagbo.

La majorité des partisans pro-Ouattara, dispersés dans la ville, n’ont pas réussi à se rassembler pour rejoindre le cortège ou le siège de la RTI. Les forces de sécurité ont quadrillé la ville, contrôlant notamment les deux ponts Charles de Gaulle et Houphouët Boigny, qui relient le nord et le sud d’Abidjan.

Les affrontements, qui ont duré près de quatre heures, ont éclaté dans la matinée. Depuis l’Hôtel du Golf, où se sont installés Alassane Ouattara et son gouvernement, les envoyés spéciaux de FRANCE 24 ont entendu régulièrement des tirs, dont des tirs à l’arme lourde. « Plusieurs centaines de manifestants pro-Ouattara, qui avaient pu parvenir jusqu’ici, s’étaient réunis aux abords de l’hôtel, expliquait Cyril Vanier jeudi en milieu de journée. Le Premier ministre nommé par Alassane Ouattara, Guillaume Soro, devait prendre la tête du cortège. Mais, avant le début de la manifestation, des éléments de sa sécurité, dont d’ex-rebelles des Forces nouvelles (FN), ont ouvert la voie et pris position pour sécuriser la manifestation. C’est alors que des combats se sont engagés. »

Selon Patrick Achi, ces affrontements ont opposé des partisans d’Alassane Ouattara à la garde présidentielle de Laurent Gbagbo et à des milices et mercenaires libériens. « Ce ne sont pas les forces armées ivoiriennes qui ont agi », assure-t-il.

Des combats ont également eu lieu autour de la ville de Tiébissou, au niveau de la zone dite de confiance entre le Nord et le Sud du pays. « Cela tend à prouver que les Forces nouvelles (FN), qui sont sous le commandement de Guillaume Soro, sont entrées en action et vont essayer de jouer un rôle, explique Tatiana Mossot. Il s’agirait des premiers affrontements entre les Forces nouvelles et les forces loyalistes depuis 2006 ».

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