Gbagbo 1er, roi d’Abidjan ?

Après dix ans d’errance, les Ivoiriens sont finalement allés aux urnes pour choisir leur Président. Problème : à l’heure actuelle, ils en ont deux. Ce n’est pas courant dans les règles de la démocratie. Il y a un Président démocratiquement élu, reconnu par la Commission électorale indépendante (CEI), par l’Union Africaine (UA) et le reste de la Communauté internationale : Alassane Dramane Ouattara. A côté, il y a le Président sortant qui a décidé de ne pas reconnaître le résultat des élections, de forcer la main au Conseil Constitutionnel, qui lui est favorable, pour se proclamer vainqueur : Laurent Gbagbo.

Le mari de Simone avait entre autre comme slogan : « soit on gagne, soit on gagne », autrement dit il était exclu d’avance que le Front Populaire Ivoirien (FPI) perde les élections. Il fallait se méfier dès le départ. Maintenant qu’il est pressé par la Communauté internationale, Gbagbo essaie de gagner du temps et de se construire une image de « nationaliste » que les « étrangers » veulent évincer et chasser illégalement du pouvoir par tous les moyens.

Pour le moment, il a gagné la première manche en obtenant le soutien de l’armée qui a durement réprimé la manifestation du Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), coalition regroupant les partis de Ouattara et de l’ancien Président Henri Konan Bédié. Il s’est également assuré le soutien apparemment indéfectible de Charles Blé Goudé et sa « milice » des Jeunes patriotes.

Gbagbo l’a nommé ministre de la Jeunesse. Et tous les jours, on compte les morts : balles perdues, ou exécutions extra-judiciaires. L’Onu, l’UA et la reste de la Communauté Internationale n’ont font rien d’autres que de gesticuler et de brandir la menace de sanctions. Ce n’est pas ça qui fera plier Gbagbo. Il a franchi trop de lignes rouges pour se remettre en cause.

Faut-il écouter les recommandations du Premier ministre kényan Raïla Odinga et de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Hommes (Raddho) qui préconisent l’utilisation de la force militaire pour déloger le boss du FPI ? Malheureusement, il n’y a pas d’autres solutions, si on veut éviter les massacres. La tragédie du Rwanda devrait servir d’exemple à la fois aux Africains, l’ONU et à la Communauté internationale dans son ensemble.

Alors que les Tutsi exilés en Ouganda et ailleurs en Afrique alertaient le monde sur les dérives du pouvoir détenu par la majorité Hutu, rien a été fait pour prévenir le génocide. Sentant le temps jouer contre eux, Paul Kagamé et ses hommes du Front patriotique rwandais (FPR) traversèrent par une nuit du mois d’octobre 1990 la frontière qui sépare l’Ouganda du Rwanda pour secourir les leurs. On connaît la suite : il a fallu attendre quatre (4) ans et des centaines de milliers de morts, majoritairement Tutsi et Hutu modérés pour stopper la folie meurtrière des Interhawmés et voir Kagamé prendre le pouvoir.

Faut-il attendre les tueries entre Ivoiriens pour agir ? Un autre des slogans de campagne de Gbagbo était : « il y a rien en face », en parlant de ses adversaires. Là, il faut que le monde sache qu’en face, il y a un homme et surement une femme (Simone) décidés à en découdre et qu’ils vendront chèrement leur peau. S’il faut marcher sur des cadavres pour rester au Palais, ils n’hésiteront pas. Même si le Président sortant et ses hommes ne contrôlent qu’une partie d’Abidjan, ils feront tout pour conserver leur territoire. Sommes-nous entrain d’assister en direct à la naissance d’un dictateur, Chef suprême de son terroir : Gbagbo 1er, roi d’Abidjan ?

Source : Le Blog de Sammakka

http://infosdusud.over-blog.com/

Commentaires Facebook

Les commentaires sont fermés.