Après l’élection présidentielle La crise en Côte d’Ivoire en cinq actes (lexpress.fr)

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Retour sur les précédents épisodes de la crise déclenchée par l’élection présidentielle ivoirienne, le 28 novembre dernier.

Acte 1: une élection sous tension

Après six années de report, l’élection présidentielle ivoirienne se déroule dans un contexte particulier, celui d’un pays divisé. Dès la campagne présidentielle, les prémices des tensions à venir sont palpables. Le premier tour, organisé le 31 octobre dernier, en porte les traces. Mais c’est au second tour, le 28 novembre, qui oppose le président sortant Laurent Gbagbo à l’ex-Premier ministre Alassane Ouattara, que la situation se détériore.

La veille, une manifestation de l’opposition contre le couvre-feu instauré par le président Gbagbo, dégénère dans un quartier d’Abidjan. Bilan: trois morts et huits blessés. Dans la soirée qui suit ces incidents, les deux candidats rivaux lancent un appel au calme, en vain.

Acte 2: le sort du pays en suspens

Car c’est désormais l’attente des résultats du vote qui plonge le pays dans la confusion, comme l’illustre cet autre incident: le 30 novembre, deux jours après l’élection, des représentants de Laurent Gbagbo au sein de la commission électorale empêchent l’annonce de résultats partiels à Abidjan. Alors que le porte-parole de la Commission s’apprête à communiquer de premiers résultats partiels, l’un des deux représentants du président-candidat au sein de la commission lui arrache les feuilles de résultats des mains, puis les déchire. « Ces résultats sont faux, ils n’ont pas été consolidés! », affirment les deux hommes, qui dénoncent un « hold-up électoral ».

Cette crispation au sein de la commission retarde l’annonce des résultats; les partisans d’Alassane Ouattara accusent le président sortant de bloquer cette annonce avant le délai initialement prévu, le 1er décembre à minuit.

Acte 3: deux présidents pour un Etat

Puis un premier verdict tombe le 2 décembre: la commission électorale indépendante donne le challenger de Gbagbo vainqueur, avec 54,1% des voix. Des résultats presque immédiatement invalidés par le Conseil constitutionnel, proche de Laurent Gbagbo. Ce Conseil estime que les chiffres, qui ont été annoncés après l’expiration du délai de trois jours prévu par le code électoral, sont nuls, la CEI n’étant « plus en mesure de décider quoi que ce soit ». Le lendemain, la Cour constitutionnelle proclame Laurent Gbagbo président de la République.

Ces annonces divisent le pays entre les deux hommes qui revendiquent chacun de leur côté la victoire. Alors que Laurent Gbagbo se fait investir président de la Côte d’Ivoire le 4 décembre; son opposant prête serment « en qualité de président de la République de Côte d’Ivoire » par un courrier au Conseil constitutionnel le même jour. Le lendemain, après avoir reconduit comme Premier ministre Guillaume Soro, Alassane Ouattara forme son gouvernement. Son rival ne tarde pas à répliquer, en annonçant la nomination de Gilbert Marie N’gbo Aké au poste de Premier ministre.

Acte 4: Regain de violences

Avec deux présidents et deux Premiers ministres à la tête du pays, la crise politique continue de s’aggraver. Lea journée du 16 décembre marque un tournant dans cette vague de violence. C’est ce jour là que le camp de Alassane Ouattara choisi pour se rendre à la radio-télévision ivoirienne (RTI), à Abidjan. Quatre personnes sont tuées par balles dans un quartier populaire de la ville alors que les forces de l’ordre s’emploient à disperser des manifestants. Près de l’hôtel Golf qui sert de QG à Ouattara, des membres de l’ex-rébellion des Forces nouvelles échangent des tirs nourris avec des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS), loyales à Gbagbo.

En trois jours, les violences font plus de 50 morts et plus de 200 blessés, selon un bilan diffusé le 19 décembre. La Haut commissaire aux droits de l’homme de l’ONU dénonce des enlèvements dont ont fait état des « centaines de victimes et des membres de leurs familles ».

Acte 5: La condamnation de la communauté internationale

Dès le 3 décembre, les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne reconnaissent la victoire de Ouattara. Le 7 décembre, la Cedeao -la Communauté des Etats d’Afrique de l’ouest- suspend la Côte d’Ivoire. Le même jour, le président américain Barack Obama hausse le ton: il met en garde Laurent Gbagbo contre un « isolement accru », sanctions à l’appui. Le lendemain l’ONU intervient: elle appelle toutes les parties à respecter les résultats annoncés par la Commission électorale indépendante, sous peine de sanctions là aussi. Même la Russie, après quelques jours d’hésitation, adopte la déclaration du Conseil de sécurité de l’ONU. Le 9 décembre, c’est au tour de l’Union africaine (UA) de suspendre la Côte d’Ivoire, avant de durcir le ton: le 18 décembre, le président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping, remet à Laurent Gbagbo une lettre du Président en titre de cette organisation qui lui demande de quitter le pouvoir.

Le 17 décembre, l’Union européenne appelle l’armée ivoirienne à se placer sous l’autorité de Ouattara. Le même jour, le président français Nicolas Sarkozy lance un ultimatum à Laurent Gbagbo, dans lequel il exige son départ avant la fin de la semaine, sous peine d’être frappé par des sanctions de l’Union européenne. C’est chose faite le 20 décembre, puisque l’Union annonce que Laurent Gbagbo, son épouse ainsi que 17 autres proches, sont dorénavant privés de visas d’entrée sur son territoire. Le lendemain, ceux-ci sont interdits de voyager aux Etats-Unis.

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