Un bon Chef est celui qui dit « Suivez-moi ! », pas « Allez-y !! »

Par Robert DULAS | Connectionivoirienne.net

Différence fondamentale entre Laurent Gbagbo et Allasane Dramane Ouattara

Quand les électeurs d’ ADO qui ont le malheur d’être originaires du Nord du Pays ou de porter un patronyme à consonance Dioula (Ethnie associée depuis plus de vingt ans au clan ADO) subissent les pressions et les exactions des brigades de la mort reconstituées, et vivent dans la terreur dès le début du couvre-feu; il leur est de plus en plus difficile d’assumer leur idéal en un chef qui reste cantonné dans une logique de diplomate.

Rester aujourd’hui dans un « cocon aseptisé », abrité derrière les forces de l’ONU, passives mais sécurisantes, ne peut que conforter Laurent Gbagbo dans sa détermination à jouer les « Mugabe ».

Plus les jours passent, et plus des voix s’élèvent pour appuyer Gbagbo dans son rôle de Robin des Bois défiant le monde entier.
Timides dans un premier temps, les puissances intéressées par un marché juteux que la France néglige volontairement prennent le pas sur les institutionnels qui prônent la démocratie qui leur ressemble et qu’elles souhaitent imposer.

La Chine et la Russie appliquent aujourd’hui les méthodes de la « Françafric » en tenant un discours qui va dans le sens du vent, tout en suivant une politique discrète mais efficace de soutien intéressé. Gbagbo sait se montrer très généreux avec ceux qui le soutiennent, certains diplomates s’en souviennent et risquent aujourd’hui de céder au chant des sirènes.

La présence sur le sol Français de deux proches de Gbagbo: Lambert Kessé Feh Directeur Général des Impôts et Alain Toussain Conseiller à la communication (chargés de gérer les caisses noires du Président) laissent supposer, que la série de RV politiques Parisiens très discrets, pourrait donner lieu très rapidement à une série de soutiens au Président sortant.

Les événements dans le monde (les orphelins d’Haïti, la neige en Europe… et la trêve des confiseurs) vont occulter progressivement la crise Ivoirienne de la Une des médias, et le combat de terrain de Gbagbo prendra le pas sur le combat médiatique d’Alassane.
La treve des confiseurs qui détournera provisoirement les attentions vers les sapins de Noël, permettra à Gbagbo et à ses brigades occultes de terroriser les populations durant quinze jours et d’annihiler toute velléité de soutien affiché au Président démocratiquement élu.

Le FPI, parti politique de Laurent Gbagbo est à l’origine constitué par 90% des membres de son ethnie, les Bétés. La particularité des Bétés est d’être une ethnie dominante et de préférer mourir que perdre.

Cette ethnie qui représente environ 10% de la population a su depuis dix ans imposer par la force, la ruse et la corruption ses directives et se maintenir au pouvoir contre vents et marées (Chirac et Villepin, en ont fait les frais et ont été ridiculisés).
L’accession au pouvoir de Gbagbo en 2000 suite aux magouilles de Tia Koné Président de la Cour Suprême qui avait écarté Bédié et Ouattara de la compétition présidentielle en manipulant le Général Guei, brave soldat mais piètre politique; a permis au parti de Gbagbo de prendre son essor.

Les postes offerts aux leaders d’opinions d’autres ethnies, plus particulièrement les Akans, ont permis de fédérer quelques centaines de milliers d’adhérents au FPI. Les actions de Gbagbo en direction des Chefs coutumiers Baoulés (Ethnie de Feu Félix Houphouët Boigny) tendant à prouver qu’il marcherait dans les pas de celui qui l’avait contraint à l’exil, ont contribué à étoffer son parti, ou au moins les intentions de vote car les Baoulés restent traditionnellement « encartés » au PDCI ex-parti unique ou la carte de membre était quasi-imposée.

L’image de rebelle de Laurent Gbagbo face à l’ancienne puissance coloniale n’a pas été, non plus sans déplaire à une certaine frange de la population qui ne pouvait avant Gbagbo exprimer son ras-le-bol de la Cote d’Ivoire Sous-préfecture.

La manne du cacao et du pétrole, le surplus des impôts et des droits de douanes dispensés avec intelligence aux leaders des différentes ethnies hostiles au FPI, ainsi qu’une redistribution des postes clés du Pays à des opposants, devenus par le miracle de l’argent des inconditionnels de Gbagbo ont augmenté considérablement ses adeptes. Dernière action; la distribution importante de grades et de primes aux militaires (Un Capitaine promu en Septembre 2010 a été nommé Commandant en Décembre ?? ).

Fin Politique et tacticien, Laurent Gbagbo, parti de 10% en 2000 a pu fédérer à ce jour, environ 35 % de la population.
Quid des 16% manquant aux 51% annoncés par une Cour Constitutionnelle aux ordres:
Dix ans de pouvoir fort, avec à la tete du Ministère de l’intérieur, des fidèles rompus à la manipulation des votes, un encadrement (Préfets, fonctionnaires) aux ordres et dans l’impossibilité de s’opposer aux manipulations.
Une aide (très bien financée) des intervenants extérieurs chargés d’organiser les recensements et les élections.
L’appui des amis inconditionnels politiques, rodés à la pratique des élections.

Bravo pour la « manip » !

En Cote d’Ivoire, la maxime: « Le roi est mort, vive le roi » s’applique.

La population descend danser dans la rue dès qu’un nouveau chef est déclaré. Ni Gbagbo, ni Ouattara n’ont pu en bénéficier cette fois-ci, l’un pris de cours par un adversaire soutenu par l’International, l’autre dans la logique de l’élève parfait.

La lenteur administrative des décisions internationales à intervenir avec force et vigueur, permet malheureusement aux nouvelles brigades de la mort de commetre chaque nuit de nouvelles exactions. Ouattara dispose de très peu de temps pour agir et laisser Guillaume Sorro reprendre son rôle initial, faute de quoi il se retrouvera à court terme Président du Nord d’une Cote d’Ivoire à nouveau coupée en deux.

Robert DULAS
Ex-Conseiller Spécial du Président de la République Chargé des Affaires Etrangères

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