Les signes de la fin de M. Gbagbo

« Une poignée de chefs d’Etat jaloux de la Côte d’Ivoire se sont réunis à Abuja au Nigéria pour comploter contre notre pays. » Ah non ! Ces propos ne sont pas de moi.

La presse dite gouvernementale et ses alliées bleues en avaient fait leurs choux gras après le sommet politique le plus unanime et le plus objectif que la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ait connu de son existence.

Au lendemain du putsch de l’ex-président de la Côte d’Ivoire, M. Laurent Gbagbo, sept chefs d’Etat de la Cedeao sur treize, sans compter de la Côte d’Ivoire et la Guinée en pleine transition démocratique, s’étaient réunis pour adopter une position commune sur le drame que la Côte d’Ivoire vit en ce moment. Il n’en fallait pas moins pour ruer dans les brancards les participants de ce sommet extraordinaire. Ils sont jaloux de nous ! Ce sont des traites à la solde des néo-colonialistes !

Convaincu que le temps est l’autre nom de Dieu, Laurent Gbagbo nourrissait le secret espoir de voir briser cette détermination affichée. Au lieu de cela, à quoi avons-nous assisté ces deux derniers jours ? Deux réunions, et non des moindres, se sont tenues.
La première ; la session extraordinaire du conseil des ministres de l’Union économique et Monétaire Ouest-Africain (UEMOA) a eu lieu ce jeudi à Bissau dans la capitale Bissau-guinéenne. Tous les ministres étaient présents. Donc les Etats sont solidaires de toutes les décisions prises. L’enjeu ? Il est d’abord politique. La présence de tous ces ministres vient conforter l’unanimité des condamnations des Etats de la sous-région. On peut sans risque de se tromper affirmer qu’il est encore plus économique. L’organisation qui gère à travers la BCEAO la politique financière et monétaire de l’espace économique l’a instruit à l’effet de ne reconnaître désormais que les seules signatures du Président OUATTARA et de ses représentants désignés. Résultats : Les comptes et opérations du trésor ivoirien logés à la Bceao seront soit gelés ou échapperont, tout net, au contrôle de ce régime sanguinaire au pouvoir en Côte d’Ivoire. Or depuis plusieurs mois l’Etat ivoirien vit au rythme des émissions de bons de trésor via la Bceao. C’est grâce à ces opérations financières que l’Etat arrivait à honorer ses engagements, y compris les salaires de nos bienheureux fonctionnaires. Une sorte de cavalerie financière.

La deuxième ; comme pour enfoncer le clou, les chefs d’Etat de la Cedeao se réunissent le vendredi. Cette fois, dix chefs d’Etat sont présents. Les économistes auraient dits une variation positive de trois chefs d’Etat entre les deux sessions. Cette variation est très intéressante à analyser sur le plan politique. Elle confirme l’engagement des Etats ouest-africains d’en finir avec les dictateurs. Elle établit la détermination des chefs d’Etat de la sous-région.

Les conclusions de ce sommet extraordinaire démontrent à suffisance que l’ère des prédateurs sans foi ni loi est bien derrière nous. Une dernière mission pacifique sera envoyée en Côte d’Ivoire pour exiger le départ de Gbagbo. Au même moment la force de frappe de la Cedeao se réunit en urgence pour contrôler particulièrement la frontière avec le Liberia. En cas de refus, elle interviendra sans sommation. Le degré de tolérance a diminué. L’on tend vers un degré zéro.

Les conseillers diplomatiques et les analystes politiques de M. Gbagbo comprennent-ils ce langage ?
Ce sont les signes de la fin du régime Gbagbo.

GAVAN ATTOURA
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