La situation en Côte d’Ivoire vue par un jeune instituteur Français à Abidjan

Source: ouest-france.fr

Erwan Carré, La situation en Côte d’Ivoire vue par un Vitréen de 26 ans, est en poste à Abidjan depuis six mois. Il nous rapportesa vision personnelle sur les troubles que traverse aujourd’hui la Côte d’Ivoire.

Je suis arrivé en Côte d’Ivoire le 20 août 2010, en qualité d’instituteur dans une école française, à Abidjan. Mon séjour est prévu pour une année. Actuellement, je me trouve au Burkina-Faso mais je n’ai pas fui la Côte d’Ivoire : je voulais simplement profiter de mes congés pour mieux découvrir l’Afrique… Ce n’est pas la peur qui m’a poussé à quitter le pays.

Après ? Cela va dépendre. On ne sait pas du tout ce qui va se passer. Si mon école reste ouverte à la rentrée, le 3 janvier – ce qui m’étonnerait beaucoup – alors je rentrerai à Abidjan. Sinon, je resterai dans les pays alentours, en attendant que cessent les troubles. C’est l’ambassade qui décide de la fermeture ou non des écoles. Et comme le gouvernement français incite nos ressortissants à quitter le pays, je suppose qu’il faut s’attendre à une fermeture.

« Ma vie est là-bas pour le moment »

Mais j’espère revenir. Je me suis engagé pour un an et mes élèves ont besoin d’être scolarisés. Et puis, je suis installé, j’ai mes connaissances, ma vie est là-bas pour le moment. De toute manière, je ne me vois pas repartir sans repasser en Côte d’Ivoire.

À Abidjan, j’habite dans le quartier de Marcory, une zone plutôt calme. Mais, quelques jours avant le deuxième tour des élections, la ville était complètement déserte. Tous les commerces étaient fermés, le marché ne fonctionnait plus. Mon école même a fermé pendant plusieurs jours et Abidjan tournait au ralenti. Pour autant, je n’ai pas eu connaissance de Français inquiétés. Mais j’ai ressenti tout de même la peur de la communauté française, en particulier parmi les gens qui ont connu les événements de 2004… Ils sont effrayés que cela puisse recommencer. Pour ma part, je n’ai ressenti aucune hostilité de la population, bien au contraire. Les Ivoiriens sont des gens adorables.

Pour m’informer sur l’évolution des événements, je consulte régulièrement internet : sur le site de l’ambassade française mais aussi d’autres sites. Des amis ivoiriens m’assurent que la situation est plutôt calme. On m’a dit, par exemple, qu’une personne qui avait fermé son magasin dans mon quartier de Marcory a rouvert. Apparemment, la vie semble reprendre.

« Les informations sont exactes mais partielles »

La situation décrite par les médias est-elle exagérée ? Difficile de répondre… Tout ce que je peux dire c’est que j’ai eu accès à des informations télévisées, venant de France et que j’avais du mal à me rendre compte que l’on parlait de la ville où j’étais… En tout cas, je ne le vivais pas de cette manière-là. Ce qui était présenté, en réalité, avait bien eu lieu mais en des endroits très précis de l’agglomération.

Je savais, par exemple, qu’il n’était pas question pour moi d’aller dans le quartier peu sûr d’Abobo, au nord d’Abidjan. Ou bien encore dans le secteur de l’hôtel où s’est installé Alassane Ouattara. En revanche, dans le reste de la ville, on pouvait circuler sans souci. Je pense que les informations données sont exactes mais ne rendent compte que d’une partie de la réalité. Personnellement, je n’ai assisté à aucune scène de violence.

Recueilli parDominique GAYRAUD

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