J’ai voté pour M. Gbagbo en 2000…je les accuse

J’ai voté pour M. Gbagbo en 2000 comme bon nombre d’ivoiriens, avec l’intime espoir qu’il avait les capacités politiques, morales, intellectuelles, émotionnelles, spirituelles et physiques de relever les défis de gouvernance, de bonne gouvernance, d’équité (pas d’égalité) sociale, de leadership approprié.

I had so much hope…

J’avais 23 ans à ce moment. Résultats des courses dix ans plus tard, j’ai 33 ans et rien, ou presque, n’a changé dans ma vie, dans celle de tout le peuple de Côte d’Ivoire, mais pas dans celle de l’entourage de M. Gbagbo: enrichissement rapide et incompréhensible, iniquité et injustice sociale et économique, favoritisme, terrorisme politique, assassinats multiples, corruption à grande échelle, tribalisme et népotisme, despotisme, manipulations et machinations, politisation de tous les sujets, école aux abois, systèmes sanitaires effondrés, insécurité, et j’en passe.

Pour nous sortir de tout ce désastre, nous avons convenu, avec l’accord de M. Gbagbo d’aller aux élections présidentielles. Mais là encore, fiasco et désastre.

Moi, comme Zola l’a fait dans l’affaire Dreyfus en France à la fin du XIXè siècle, je me permets de reprendre son initiative ici dans la crise qui frappe et divise mon pays. Crise née de la volonté d’un individu, M. Gbagbo, de garder par devers lui les choses de l’Etat de Côte d’Ivoire, surtout le fauteuil présidentiel symbole du pouvoir Exécutif, pouvoir qui l’a déjà quitté.

«Il arrive un temps où le silence est trahison», dixit le père Abékan, curé de la paroisse Notre Dame la Tendresse de la Riviéra Golf à Abidjan. Je vais plus loin pour dire que SILENCE dans ce contexte rime avec COMPLICITE. Voilà pourquoi je souhaite que toute la lumière soit faite et donc:

J’accuse les « Jeunes Patriotes » et les militants de LMP d’avoir été les ouvriers diaboliques de cette erreur d’abord politique, ensuite électorale et finalement judiciaire, en inconscients, je veux le croire, et d’avoir ensuite défendu leur œuvre néfaste, depuis dix ans, par les machinations et manipulations les plus saugrenues et les plus coupables.

J’accuse le Cardinal Bernard Agré et certains autres membres du Clergé Ivoirien de s’être rendus complices, tout au moins par faiblesse d’esprit et aussi par et pour des intérêts pécuniaires, des plus grands crimes et des plus grandes iniquités en terre ivoirienne.

J’accuse M. Yao Ndré d’avoir eu entre les mains les preuves certaines de la victoire de M. Ouattara et de les avoir étouffé, de s’être rendu coupable de ce crime de lèse-élection et de lèse-justice, dans un but politique et pour sauver le soldat Gbagbo.

J’accuse les membres du Conseil Constitutionnel d’avoir fait une enquête scélérate, j’entends par là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons, à travers la proclamation de la victoire de M. Gbagbo, un impérissable monument de naïve audace.

J’accuse les généraux Mangou Philippe, Dogbo Blé, Guiai Bi Poin, Vagba et certains autres éléments comme le capitaine Zoh Loua Jean, de s’être rendus complices des mêmes crimes, sans doute par pur devoir de gratitude envers celui qui a fait d’eux ce qu’ils sont tous aujourd’hui, et peut-être par cet esprit de corps qui fait des moyens de guerre l’arche sainte, inattaquable.

J’accuse tous les médecins de la PISAM d’avoir fait des diagnostics mensongers et frauduleux sur les prétendus blessés revenus des bureaux de votes des zones CNO, à moins qu’un contre-examen médical ne les déclare vraiment tels que décrits, c’est-à-dire bastonnés jusqu’à mort.

J’accuse la RTI qui utilise les moyens publics pour satisfaire les intérêts mensongers et privés de M. Gbagbo, sans tenir compte de la volonté populaire.

J’accuse tous ces juristes, qui se précipitent sur les plateaux mal décorés de la RTI, d’avoir violé le droit et notre Constitution, en condamnant M. Ouattara et en validant la pseudo victoire de M. Gbagbo, sur des pièces restées jusqu’ici secrètes.

J’accuse une partie du peuple de Côte d’Ivoire d’avoir couvert et béni, par fanatisme, cette illégalité en commettant à son tour le crime juridique de faire sciemment du perdant le vainqueur et du vainqueur le perdant, et allant jusqu’à le condamner à vivre dans une chambre d’hôtel sans accès routier.

En portant ces accusations, je n’ignore pas que je me mets sous le coup de la loi qui punit les délits de diffamation. Et c’est volontairement que je m’expose.

Quant aux gens que j’accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n’ai contre eux ni rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l’acte que j’accomplis ici n’est qu’un moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice. Je n’ai qu’une passion, celle de la Lumière, au nom des ivoiriens qui ont tant souffert et qui ont quand même droit au bonheur et à la tranquillité dans la vérité. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. Qu’on ose donc me traduire en cour d’assises et que l’enquête ait lieu au grand jour !

J’attends.

Tapé Jean Eloi
Citoyen ivoirien Abidjan

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