Vers l’explosion ce week-end ?

Le principal chef de milice de Gbagbo a appelé à attaquer l’hôtel du Golf. Appels gbagbistes à la haine contre les casques bleus : l’Onu proteste.
Sauf contre-ordre d’ici là, on semblait, jeudi, se diriger vers une explosion de violence à Abidjan ce week-end de Nouvel An. Le principal chef de milice de l’ex-président Gbagbo, Charles Blé Goudé, a, en effet, appelé ses « Jeunes patriotes » à se tenir prêts à attaquer l’hôtel du Golf, où siègent le président élu Alassane Ouattara et le gouvernement ivoirien, sous la garde des casques bleus et d’anciens rebelles nordistes des Forces nouvelles. Laurent Gbagbo, rappelons-le, refuse de céder la présidence qu’il avait perdue dans les urnes le 28 novembre dernier et a reçu l’appui de l’armée. Celle-ci est formée essentiellement de sudistes pro-Gbagbo depuis la guerre civile et la scission du pays (2002-2004).

« Au-delà du 1er janvier, moi Charles Blé Goudé et les jeunes de Côte-d’Ivoire, allons libérer le Golf Hotel les mains nues », a-t-il déclaré en donnant jusqu’à samedi au camp Ouattara pour « faire ses bagages et quitter le Golf Hotel » . Blé Goudé est, depuis 2006, sous sanctions de l’Onu pour son rôle dans les violences xénophobes de 2003-2004 mais a été nommé « ministre » de la Jeunesse par Laurent Gbagbo au début de ce mois.

« Celui qui s’en prendra à Laurent Gbagbo le regrettera amèrement, a lancé Blé Goudé à ses troupes dans le quartier populaire de Yopougon (pro-Gbagbo) à Abidjan, mercredi . Personne ne peut chasser notre Président du pouvoir. »

Le chef milicien a fait ces déclarations alors qu’il avait renoncé, la veille, à cette marche sur l’hôtel du Golf « pour laisser une chance à la diplomatie » au moment où Laurent Gbagbo recevait trois chefs d’Etat ouest-africains venus lui signifier qu’il devait céder la place. La rencontre s’était achevée par la décision de la CEDEAO (bloc régional ouest-africain) de surseoir à sa menace d’utiliser « la force légitime » pour contraindre M. Gbagbo à partir. Le 3 janvier, une nouvelle rencontre des émissaires ouest-africains doit avoir lieu avec M. Gbagbo.

Alors qu’un convoi de l’Onu qui rentrait à Abidjan a été attaqué à Yopougon par une foule de civils mardi (un casque bleu a été blessé à coups de machette), le chef des opérations de maintien de la paix de l’Onu, Alain Le Roy, a accusé la télévision officielle ivoirienne, restée aux mains des gbagbistes, de relayer « les appels à la haine » contre les forces onusiennes, fortes de 10 000 hommes. Laurent Gbagbo en a exigé le départ parce qu’elles protègent son rival Ouattara et parce que l’Onu a reconnu ce dernier comme président élu. M. Le Roy s’est élevé contre « les mensonges » que véhicule la télévision officielle au sujet de l’Onuci (contingent de l’Onu en Côte-d’Ivoire), notamment en affirmant que ce corps arme et transporte les ex-rebelles nordistes (pro-Ouattara) ou qu’ils tirent dans la foule, alors que c’est faux.

Le nouvel ambassadeur de Côte-d’Ivoire devant les Nations unies, nommé par M. Ouattara, Youssoufou Bamba, qui présentait mercredi soir ses lettres de créances, a pour sa part alerté la Communauté internationale : « Nous sommes au bord du génocide. Il faut faire quelque chose. » Et de demander que l’Onuci protège les civils. Il a expliqué que dans certaines zones, les maisons avaient été marquées selon l’ethnie de leurs occupants. « Qu’est-ce qui va se passer après ? La situation est très grave et c’est le message que j’ai transmis au cours des rencontres que j’ai eues, y compris avec le secrétaire général de l’Onu », a ajouté M. Bamba.

L’union européenne a pour sa part décidé d’allonger la liste des Ivoiriens visés par ses sanctions individuelles de 19 à 61 personnes – « ministres » de M. Gbagbo, membres du Conseil constitutionnel, responsables militaires, économiques et des médias.

MFC
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