Afrique: C’est étonnant comme les grands cerveaux peuvent s’effriter devant un rien

L’Afrique est sale,
L’Afrique est pauvre,
L’Afrique est faible,
L’Afrique est idiote,
L’Afrique est enfantine, etc.

Tous les meilleurs adjectifs qualificatifs, du fort et beau monde, ne seront jamais assez pertinents pour dénigrer l’Afrique.

Cette sale Afrique qui enivre les hommes les plus propres de la planète
Cette pauvre Afrique qui enrichit les plus grandes puissances de cette terre
Cette faible Afrique qui fortifie les grandes nations de ce bas-monde
Cette idiote d’Afrique qui affole les grands cerveaux et qui annihile même leurs capacités d’intelligence et de sagesse.

Comme toujours, l’œil savant du monde est curieusement braqué sur l’Afrique ; si ce n’est pour le manque de nourriture, c’est pour le manque d’eau, pour le sida, ou alors, chose moderne et pour changer un peu, pour une guerre civile.

A chacun son tour et à chaque pays son jour. Aujourd’hui, c’est la Côte d’Ivoire qui a l’honneur de recevoir sur son territoire les amènes projecteurs des Saints-Veilleurs de l’Afrique.

Tous les érudits du monde se creusent la cervelle pour savoir comment arrêter la crise ivoirienne et éviter d’importer la guerre chez les ivoiriens qui ne veulent ni de cette crise, ni d’une guerre car tout ce qu’ils désirent, c’est vivre en paix chez eux.

Les sages et les anciens parlent, les femmes parlent, les hommes parlent, les jeunes parlent, bref la NATION ivoirienne parle, pourtant, et chose curieuse, les Saints-Veilleurs de l’Afrique n’écoutent rien et s’arrogent obstinément le droit de décider qu’il faut absolument que les armes parlent.

En gros, on vous tue d’abord, et on vous parle ensuite, pour chercher la solution du « pourquoi-on-vous-a-tués »

Drôle d’intelligence et de sagesse ! Qui doit tuer qui ? Et pourquoi ?

Quel est le vrai problème au fait ? Juste une élection présidentielle avec un soupçon de fraude ?

Je crois avoir déjà entendu un refrain pareil quelque part, avec les mêmes mots et les mêmes phrases, seulement, je ne me souviens plus exactement où. Cependant, je suis sûre d’une chose, c’est que ce refrain était entonné à plusieurs reprises en Afrique.

Cette Afrique, toujours l’Afrique et encore l’Afrique !

Mais que je sache, et là, ma mémoire est intacte, La France, L’ONU, Les USA, et la COMMUNAUTE INTERNATIONALE existaient déjà quand ce refrain avait été entonné quelque part en Afrique.
Je ne me souviens pas avoir entendu ou assisté à une bagarre en bande organisée (opposant d’un côté, l’ONU, la France et la COMMUNITE INTERNATIONALE et de l’autre, le mauvais élève du cours de démocratie internationale)

Souvent, après le refrain « fraude » – comme cela se passe partout ailleurs dans le monde puisque, dit-on, même les USA connaitraient des fraudes électorales – l’Afrique a palabré et nous voici avec notre Afrique, quoique boiteuse, mais en 2011, et elle essaie de corriger ses pas, tant bien que mal.

Et si, au lieu de lui tirer des balles dans les jambes déjà affaiblies, on l’aidait plutôt à se tenir debout et à bien marcher ?
Et si, au lieu de la rendre aveugle, on l’aidait plutôt à ouvrir les yeux et à voir ses erreurs afin de les corriger ?
Et si on l’aidait plutôt à examiner ses propres capacités et à les exploiter dans son propre intérêt ?

Cela gênerait-il quelqu’un ?

La crise postélectorale de la Côte d’Ivoire a visiblement asséché toute l’intelligence du monde qui se cramponne unilatéralement sur les kalachnikovs, un monde qui oublie que lorsqu’il y a deux personnes qui se battent, quel que soit le motif de leur bagarre, on s’interpose entre eux, en toute impartialité, et on les emmène à un règlement pacifique du conflit, en commençant par la simple et stupide question : « que s’est-il passé ?»

A partir de là, peu importe le temps que cela prendrait, on remonte progressivement à la source pour bien comprendre la genèse de la bagarre, en s’appuyant essentiellement sur des preuves et témoignages irréfutables, tout en gardant à l’esprit l’idée du compromis et de consensus.

Mais jamais un homme qui se dit responsable et sage ne prendrait un kalachnikov pour se précipiter à aller régler un différend chez son voisin, surtout lorsque ce voisin n’a jamais été une menace pour lui!

Y aurait-il un but inavoué dans cette crise ? A qui profiterait une éventuelle guerre en Côte d’Ivoire ?
Il n’y a jamais eu de problèmes sans solution. Pourquoi s’obstine-t-on à refuser d’écouter le peuple ivoirien qui, lui-même, appelle de toutes ses forces et de tous ses vœux à aller discuter sous l’arbre à palabre entre frères et sœurs d’une même nation ?

Chaque pays du monde a sa tradition. La Côte d’Ivoire a ses sages et ses chefs traditionnels qui sont très écoutés, et qui sont les garants des traditions et de la morale en Côte d’ Ivoire depuis la nuit des temps. Ces sages et chefs traditionnels vivent en Côte d’ivoire tous les jours de leur vie et connaissent mieux leur pays que n’importe qui d’autre. Pourquoi ne pas les solliciter, avec la communauté internationale – si cette communauté internationale tient tant à faire son stage de maître-démocrate en Côte d’Ivoire – pour instaurer un dialogue franc, concret et impartiale qui sauverait des vies, et utiliser l’argent que l’on veut gaspiller dans la guerre, pour nourrir les enfants affamés des pays africains où il n’y a pas de fraude électorale ?

La vie des africains vaudrait-elle moins que la vie des autres ?

Je garde espoir que la Côte d’Ivoire n’a pas abruti le monde entier, alors, Mesdames et Messieurs les dirigeants de l’Afrique l’ouest en particulier, et de toute l’Afrique en général, réfléchissez bien avant de faire tirer le premier coup de canon aux innocents qui ne vous ont pas dérangés car l’histoire vous jugera.

VIVE L’AFRIQUE,

VIVE LA COTE D’IVOIRE

Marie-Louise ABIA
Écrivaine

Commentaires Facebook

Les commentaires sont fermés.