« Discussions terminées », Gbagbo doit partir

© Keystone | Laurent Gbagbo, à gauche, recevait aujourd'hui des émissaires africains - ici le président cap-verdien Pedro Pires - pour sortir de la crise.

La pression est désormais énorme sur Laurent Gbagbo. A l’issue d’une journée de discussions pourtant jugées « utiles » par quatre émissaires africains, le voilà sommé par Alassane Ouattara, reconnu à l’extérieur comme président ivoirien, de «quitter le pouvoir». Pour Ouattara, «les discussions sont terminées», une manière de dire qu’il ne veut pas d’autres rencontres entre Gbagbo et les émissaires.

A l’étranger, on multiplie les appels et les efforts pour pousser Gbagbo vers une sortie plus facile : s’il se décidait à quitter la Cote d’Ivoire, les Etats-Unis seraient d’ailleurs prêts à l’accueillir. C’est ce qu’un haut responsable a laissé entendre dans la soirée, sous couvert d’anonymat: «Rien n’empêche le président Gbagbo de partir (…) Nous voulons qu’il parte. S’il veut venir ici, nous envisagerions bien sûr cette possibilité comme un moyen de résoudre la crise actuelle». «Toutes les possibilités risquent de disparaître rapidement, en raison de ce qui se passe sur le terrain», a toutefois prévenu cette source, ajoutant: «Selon toutes les indications dont nous disposons pour l’heure, il s’obstine».

A Abidjan, Laurent Gbagbo, sous la menace d’une intervention militaire de l’Afrique de l’Ouest s’il ne cède pas le pouvoir, s’est entretenu de façon «utile» ce lundi environ deux heures avec le Premier ministre kényan Raila Odinga, envoyé par l’Union africaine, mais aussi les présidents Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et Pedro Pires (Cap-Vert), mandatés par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Tous exigent le retrait de M. Gbagbo au profit d’Alassane Ouattara, reconnu président par la communauté internationale à l’issue de l’élection du 28 novembre.

«Nous allons revenir», a déclaré le président béninois, déclaration sans doute trop hative à la lumière des propos de Ouattara dans la soirée. Les médiateurs ont ensuite retrouvé Alassane Ouattara dans son quartier général du Golf hôtel, où il est retranché avec son gouvernement. Le «Golf» est protégé par 800 Casques bleus et soumis à un blocus routier des forces fidèles au régime. Raila Odinga, qui lui-même avait suggéré la manière forte, devait revoir lundi soir à Abuja le président en exercice de la Cédéao, le chef de l’Etat nigérian Goodluck Jonathan. Ce dernier a promis de «nouveaux pas» dès mardi.

La journée avait pourtant commence par un avertissement du Sierra Leone, jugeant qu’«aucun compromis» n’était envisageable avec le président déchu, près d’une semaine après une première mission infructueuse de MM. Yayi, Koroma et Pires. Gbagbo a pour l’instant fermement fait savoir qu’il n’entendait pas quitter le palais présidentiel malgré l’intense pression extérieure qui monte autour de lui.

La Cédéao l’a menacé d’une intervention militaire, un «dernier recours» actuellement en préparation, s’il n’acceptait pas de quitter le pouvoir pacifiquement. La communauté internationale n’aura «pas d’autre choix» que la force s’il s’entête à rester au pouvoir, a insisté le Premier ministre de M. Ouattara, Guillaume Soro, chef de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN).

La situation s’est nettement bloquée ces derniers jours à Abidjan, entre ultimatums qui expirent sans conséquences et manifestations reportées. Les partisans de M. Gbagbo ont ainsi ajourné dimanche l’assaut «à mains nues» qu’ils entendaient lancer sur le Golf hôtel. Un échec du dialogue pourrait replonger le pays dans les violences, avec des conséquences possibles pour les millions de ressortissants ouest-africains de Côte d’Ivoire, restée une puissance économique régionale malgré une décennie de crise politico-militaire. Cent soixante dix-neuf personnes ont déjà été tuées depuis mi-décembre selon l’ONU.

Leparisien.fr

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