Le règlement de la crise prendra du temps (Goodluck Jonathan)

ABIDJAN (AP) — Le président nigérian a estimé mardi qu’il faudrait du temps pour régler la crise politique ivoirienne, au lendemain du nouveau refus de Laurent Gbagbo de céder la direction du pays à Alassane Ouattara, reconnu par la communauté internationale comme le vainqueur de l’élection de novembre.

Trois présidents de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et le Premier ministre kényan Raila Odinga, représentant de l’Union africaine, ont rencontré séparément MM. Gbagbo et Ouattara lundi à Abidjan, apparemment sans réussir à faire bouger les lignes malgré la menace de recours à la force brandie par la CEDEAO.

Ils étaient porteurs d’une offre d’amnistie et de protection au cas où M. Gbagbo accepterait de quitter le pouvoir. De son côté, Barack Obama a proposé « une sortie digne » au président ivoirien, quitte à lever son interdiction de séjour aux Etats-Unis pour qu’il puisse y enseigner, a déclaré lundi soir le porte-parole du ministère américain des Affaires étrangères, soulignant que l’offre avait une durée limitée.

P.J. Crowley a affirmé que le président américain avait fini par écrire à M. Gbagbo car ce dernier avait refusé par trois fois de le prendre au téléphone le mois dernier, prétextant notamment qu’il « se reposait ».

Mardi, Goodluck Jonathan, président du Nigeria et actuellement de la CEDEAO, a prôné la patience après avoir discuté avec la délégation de retour d’Abidjan. « N’espérez pas que, lorsqu’un pays traverse une crise majeure, il suffise de s’en mêler pour qu’en une semaine l’affaire soit réglée », a-t-il lancé.

Parallèlement, selon le colonel Mohammed Yerima, un porte-parole de l’armée nigériane, les chefs de la Défense des Etats membres de la CEDEAO (15 moins la Côte d’Ivoire qui en est suspendue) se sont réunis la semaine dernière pour envisager la stratégie à suivre en cas d’intervention militaire, mais les analystes s’interrogent sur la capacité du bloc à mobiliser rapidement une force et à chasser Laurent Gbagbo sans lancer une invasion qui risquerait de causer de lourdes pertes civiles.

Au pouvoir depuis 2000, Laurent Gbagbo refuse de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre bien qu’elle ait été certifiée par l’ONU, et a au contraire obtenu l’invalidation d’un demi-million de bulletins déposés dans les fiefs de son rival pour se voir déclarer vainqueur par le Conseil constitutionnel.

Il reste sourd aux appels et pressions de la communauté internationale -ONU, Etats-Unis, Union européenne, Union africaine, qui a pris des sanctions contre lui et son entourage. La Côte d’Ivoire, qui a déjà connu la guerre civile en 2002-2003 et reste largement divisé entre le Nord acquis à l’opposition et le Sud, menace à nouveau d’imploser.

Charles Blé Goudé, chef du mouvement des Jeunes patriotes et ministre de la Jeunesse et de l’Emploi de Laurent Gbagbo, a assuré mardi dans un entretien à la chaîne d’information France-24 que les négociations continuaient avec les médiateurs africains. Il a de nouveau exigé le départ de M. Ouattara et de son gouvernement. « Si l’ONU ne le fait pas, les mains nues, nous irons lui dire de quitter cet hôtel (…) Je mobilise et j’ai le regard vers le Golf hôtel », a-t-il prévenu.

L’ONU estime que les violences post-électorales ont fait au moins 173 morts, principalement dans les rangs de l’opposition. La haut commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Navi Pillay, a rappelé les différents dirigeants ivoiriens à leur obligation de protéger les civils, soulignant qu’ils seraient tenus personnellement responsables en cas de violations des droits de l’Homme. AP

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