Les difficultés d’une intervention armée en Côte d’Ivoire

Le passage d’une force d’interposition à une force d’intervention en Côte d’Ivoire ne sera pas aisé.

Par LEXPRESS.fr avec REUTERS

La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) menace le président sortant ivoirien Laurent Gbagbo d’une intervention armée s’il persiste dans son refus de céder le pouvoir à Alassane Ouattara à la suite de l’élection du 28 novembre. Mais une entrée en scène de l’Ecomog, la force d’intervention de la Cedeao, reste tributaire de nombreux facteurs susceptibles de retarder son engagement, quelle que soit la détermination des milieux politiques.

« Qui est prêt à envoyer des troupes dans un centre urbain comme Abidjan où il faudrait affronter une armée nationale ? »
L’Ecomog est déjà intervenue dans le passé au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée-Bissau. En cas d’intervention en Côte d’Ivoire, la force ouest-africaine devra faire face aux partisans de Laurent Gbagbo, fortement armés et convaincus de leur bon droit.

« Lors des interventions précédentes, comme au Liberia et en Sierra Leone, c’était tout à fait différent car l’Ecomog arrivait dans un pays déjà en proie à la guerre civile », explique Henri Boshoff, de l’Institut sud-africain pour les études de sécurité (Institute for Security Studies).

La force ouest-africaine avait alors envoyé des hommes et du matériel dans des zones contrôlées par les gouvernements locaux afin de les aider à combattre la rébellion.

La force de réaction rapide de la Cedeao peut compter aujourd’hui sur 1.500 hommes. Un autre contingent de 4.000 hommes pourrait ensuite intervenir mais les conditions de son engagement restent à définir.

L’armée régulière ivoirienne est au centre de l’épreuve de force entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Le premier s’efforce de garder le contrôle de l’armée qui le soutient, quand le second y cherche des appuis. Les anciens rebelles des Forces nouvelles qui tiennent le nord de la Côte d’Ivoire depuis la guerre civile de 2002-2003 ont apporté leur soutien à Alassane Ouattara mais les hommes de Laurent Gbagbo contrôlent le sud du pays, notamment la capitale économique Abidjan.

Les pays voisins réticents

« Qui est prêt à envoyer des troupes dans un centre urbain comme Abidjan où il faudrait affronter une armée nationale ? », s’interroge un spécialiste nigérian du dossier.

Le Nigeria, le Ghana et le Sénégal, trois pays censés fournir le noyau de la force ouest-africaine, ont des millions de leurs ressortissants installés en Côte d’Ivoire et craignent des représailles. En 2004, des incidents avaient entraîné l’évacuation de milliers de Français du pays.

En outre, une élection présidentielle aura lieu en avril au Nigeria, ce qui est un autre élément susceptible de retarder une intervention armée car ce pays est supposé fournir le contingent essentiel de la force internationale.

Le 29 décembre déjà, le secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères du Cap Vert, Jorge Borges déclarait q’une « intervention militaire » des pays d’Afrique de l’Ouest en Côte d’Ivoire pour faire partir Laurent Gbagbo du pouvoir  » était écartée pour le moment ».

Le non de la France

Quant à la France, le président Nicolas Sarkozy a exclu, ce mardi une intervention des soldats français déployés en Côte d’Ivoire. Il a assuré qu’il n’y avait « aucune ambiguïté » concernant la mission de la force Licorne. « Nos soldats, les soldats de la France, n’ont pas vocation à s’ingérer dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire. Ils agissent (…) en vertu d’un mandat des Nations unies », a-t-il dit, rappelant que la mission prioritaire et la « première préoccupation » des 900 hommes de la force Licorne étaient de protéger les ressortissants français sur place.

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