Crise politique en Côte d’Ivoire, le gâchis diplomatique ?

Par GAVAN Attoura | Connectionivoirienne.net

Au commencement de cette crise politique qui n’a rien à envier aux énigmes des romans policiers, nous avons tous cru naïvement, il faut l’avouer, que sa résolution n’était qu’une question de quelques jours. On ne vendait pas chère la peau de ce qu’il reste de la refondation et de ses enfants. Et les négociations diplomatiques de la communauté internationale sont passées par là.
Mais il est bon en parlant de la communauté internationale de faire abstraction de l’Union Européenne, des Etats-Unis ou des Nations unies. A leurs décharges, sans vouloir justifier quoique ce soit, ils ne comprennent pas toujours nos réalités politiques et culturelles. Ils ne savent pas toujours ce qu’est l’Afrique et qui sont vraiment les africains.

On devrait plus s’intéresser à nos organisations régionale et continentale que sont la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union Africaine (UA). Les Etats, membres de ces organisations sont sur le même continent que la Côte d’Ivoire et sont parfois même voisin de la Côte d’Ivoire. C’est dire que les peuples se connaissent et se pratiquent couramment, que les réalités ivoiriennes sont biens connues de tous. Au demeurant, la CEDEAO et l’union africaine sont habitués aux confrontations et contentieux électoraux en Afrique. La CEDEAO est habitué à régler des problèmes nés des élections peu démocratiques en Afrique.
M. Laurent Gbagbo sait qu’il existe plusieurs définitions de la démocratie. Il connaît particulièrement celle qui présente la démocratie comme étant le gouvernement du peuple par le peuple. Or dans le cas de la Côte d’Ivoire qu’il prétend aimer, le peuple a décidé. Le bon peuple de Côte d’Ivoire a dit non à dix années supplémentaires de galère. Où est donc le problème dans ce pays ? Il se trouve que bien que toute la communauté internationale ait reconnu le Président Alassane OUATTARA comme le Président légitime de la Côte d’Ivoire, l’ancien président, le candidat malheureux, le mauvais perdant, Laurent Gbagbo refuse de partir. Il se trouve qu’ayant envisagé cette option, ce monsieur est entrain de monté une armée parallèle pour le soutenir dans cet usurpation de titre. Il l’a répété à maintes reprises qu’il ne cédera pas aux pressions internationales. Il a dit à l’envie qu’il est entrain de résister contre un coup d’Etat planifié par la communauté internationale avec l’appui de certains dirigeants africains irresponsables, certainement les Goodluck Jonathan et compagnies. Laurent Gbagbo n’a jamais été aussi éloquent que ces derniers jours. Il a ainsi clairement indiqué sa pensée et son objectif. Il ne reste qu’une seule et dernière cartouche dans la chambre de tir. La cartouche de l’intervention militaire de la CEDEAO et de l’Union africaine.

On a essayé le dialogue et la négociation avec un dictateur sans vraiment y croire. On a même proposé une sortie honorable pour lui et sa bande, sans succès. Les Etats-Unis lui ont proposés un asile politique temporaire paisible, mais rien. Alors qu’est ce qu’il reste à faire ? Rien ?
La CEDEAO et l’UA doivent comprendre que ce qu’il se passe en Côte d’Ivoire est vraiment digne d’un film policier. Et le metteur en scène n’est personne d’autre que Laurent Gbagbo, assisté d’un certain Blé Goudé dit « le voleur de licence ».
Le temps qu’on a consacré aux négociations diplomatiques n’est pas seulement perdu ; Tout ce temps a favorisé les assassinats prémédités par les milices de Laurent Gbagbo. Ce temps a permis à Gbagbo de gagner du temps pour réorganiser ses milices en dispersion et de se réarmer.

Alors ici et maintenant, exit les prolongements inutiles des négociations qui pourraient finalement aboutir, après beaucoup de morts, à des partages de pouvoir façon Kenya de Raïla Amolo Odinga en 2008 et Morgan Tsvangirai au Zimbabwe en 2009. La Côte d’Ivoire n’en veut pas, et on espère que la CEDEAO et l’UA n’en veuillent pas non plus.

En mettant en application la menace d’intervention militaire, la CEDEAO ne sera pas à sa première intervention de ce type. Elle a l’expérience d’avoir envahi le Libéria et libéré les libériens d’un Samuel Doe ou d’un Charles Taylor sanguinaire. Cette force devenue permanente, en théorie, en 1999 doit se déployer dans les plus brefs délais en Côte d’Ivoire. Ce déploiement devrait permettre de mettre fin immédiatement aux assassinats des ivoiriens et aux décomptes macabres des organisations des droits de l’homme. Les ivoiriens ne peuvent pas continuer à accepter cette inaction. L’obligation d’assistance aux ivoiriens ne se négocie pas sur l’autel de l’entêtement d’un individu ou d’un groupe d’individu quel qu’il soit.

Il est donc plus qu’urgent pour ces organisations de se ressaisir et de prendre les dernières décisions rigoureuses, courageuses, et salvatrices pour le peuple de Côte d’Ivoire ; et de s’employer à leurs applications effectives.
« Les Etats-Unis sont prêts à accompagner matériellement toute option militaire », « La France n’interviendra pas militairement mais est prête à s’associer à toute entreprise similaire endossée par les africains », « La Grande-Bretagne est prête à fournir du matériel militaire pour toute intervention décidée par les africains »…. Les déclarations sont nombreuses.

Ce langage tenu depuis quelques jours par la communauté internationale n’est pas forcément diplomatique. Elle n’est pas trop difficile à comprendre, même pour les néophytes.

Alors CEDEAO et UA, les négociations sont terminées ! Donnez le coup de sifflet de l’invasion militaire. Tout le monde y participera en vous y aidant, et tout le monde y gagnera !

Mais apparemment, la résolution de la crise que vit la Côte d’ivoire depuis la dernière élection présidentielle de ce 28 novembre 2010 échappe à toute grille de lecture politique. Elle pourrait faire l’objet d’une unité de valeur en sciences-po dans les universités africaines et occidentales.

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