Afrique – Côte d’Ivoire: Lettre ouverte à Africa n°1

En 1981, lorsqu’Africa numéro 1 est créée, c’est la toute première radio « panafricaine » du continent. Eu égard à l’importance et à la diversité de son audimat, plus de 20 millions d’auditeurs (repartis entre l’Afrique et la France à une certaine époque), nombre d’africains peuvent alors se targuer d’avoir à leur service un outil précieux de propagande permettant de vendre l’image de marque du continent africain hors de nos frontières.Ecouter Africa numéro 1 devient alors le dada de tout bon africain. De l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, on est branché sur la radio « panafricaine » à longueur de journée. La France ne fait pas exception à cette règle. Les programmes d’Africa n°1 sont très variés et ne manquent pas d’accrocher l’attention de tout auditeur de passage sur la radio de Moyabi,au Gabon.

C’est ainsi que, dans la foulée, je citerai des émissions telles que: le journal d’Africa n°1, l’aventure mystérieuse, le triangle, pour ne parler que des plus connues du grand public. Tout en le remerciant pour avoir su emporter, à plusieurs reprises, mon innocent esprit d’enfant dans son fantastique univers « Bangossien « dont lui seul a le don de la création, je demanderai au célèbre animateur Mr. Patrick NGUEMA NDONG, véritable fleuron d’Africa n°1, la permission d’utiliser son label « TRIANGLE ». Pourquoi TRIANGLE ω Eh ben ! tout simplement parce que TRIANGLE est en ce moment l’unique substantif que je puisse puiser dans l’océan rhétorique de ce grand maître et qui me permette de mieux illustrer l’ignoble trame ourdie contre la Côte d’Ivoire, et dans laquelle Africa n°1 joue un rôle de comburant de première qualité.

Depuis la proclamation des résultats définitifs des élections présidentielles de Côte d’Ivoire par la cour constitutionnelle, seul organe habilité à cet effet selon les dispositions prévues par la loi ivoirienne, vous, la radio « panafricaine », Africa n°1, n’avez cessé de se singulariser par des reportages qui tendent à piétiner la constitution ivoirienne.

En effet, le Président démocratiquement élu, Mr. Laurent GBAGBO, est à chaque fois copieusement traîné dans la boue au cours des débats préparés et savamment organisés à cette fin sur votre radio, alors que le « candidat de l’étranger », celui-là même qui, avec l’aide de sa belle famille (puisque son épouse est occidentale) finance la rébellion en Côte d’Ivoire depuis bientôt dix ans, se voit plutôt caresser dans le sens du poil malgré tous les crimes commis de concert avec son rebelle de poulain, Guillaume SORO.

La France légale, c’est-à-dire celle de Sarkosy (à ne guère confondre avec la France réelle, cette grande et généreuse France que décrivait Zola), canarde médiatiquement et sans trêve, à des fins purement impérialistes, la Côte d’Ivoire par le truchement de vos micros qui devraient au moins avoir pour devoir moral: la préservation de la paix en Afrique. Ce sont, comme dans un TRIANGLE, ces trois « sommets », à savoir la France, la Côte d’Ivoire et Africa n°1, qui forment le TRIANGLE dont je parle, et dans lequel vous jouez un rôle de « radio laquais » faisant des mains et des pieds pour la défense des intérêts de vos maîtres français.

Cette attitude, du reste très peu professionnelle, et qui consiste beaucoup plus à désinformer qu’à d’informer en rapportant fidèlement les faits, est très peu digne d’une radio qui à un moment donné était l’espoir de tout un continent. Aujourd’hui, la radio « panafricaine » que vous dites être nous sert au quotidien un prêchi-prêcha d’une autre époque, ce type de reportages on ne peut plus burlesques dans lesquels le journaliste se voyait obligé de lécher le cul du maître français au grand dam de la liberté de presse, mieux pour votre cas la soumission de presse.
Seulement, il ne s’agit pas de liberté de presse aujourd’hui, encore moins de soumission.

En ce moment, il s’agit de la LIBERTE tout court. De la LIBERTE immédiate et sans condition de la Côte d’Ivoire d’abord, et par extension, de la LIBERTE du continent africain, toutes prises en otage par le capital international financé en grande partie par les USA et la FRANCE, tous les deux tapis sous le fameux carillonnant nom de « COMMUNAUTE INTERNATIONALE » qui, en réalité ne se résume qu’à ces deux pays grands agitateurs que je viens de mentionner. En vérité, ces pseudo-sauveurs du peuple ivoirien dans leur vaine politique internationale ne voient que leurs intérêts mesquins et égoïstes au bout du tunnel, et aucunement ceux des ivoiriens ou africains qu’ils utilisent comme bouc-émissaires en s’appuyant sur le mot démocratie.

Et pendant qu’on y est, parlons un peu de cette fameuse démocratie, j’entends par là une société libre et surtout égalitaire où l’élément populaire a l’influence prépondérante au sens du Littré, que les uns et les autres brandissent comme un brassard.

De la LIBERTE:

Une société ne peut aspirer à la liberté quand l’oppresseur, ou mieux l’ancien colonisateur, et pour le cas d’espèce la France, se déguise en « communauté internationale » et ne cesse de faire recours au chantage et à la menace pour la mise à l’index du leader incontesté de tout un peuple, sous le prétexte fallacieux que la commission électorale indépendante, constituée à 70% de rebelles maquillés en hommes intègres pour la circonstance, a lu, pire encore, sur une chaîne de télévision française, les résultats provisoires des élections présidentielles d’un Etat souverain.

De cette LIBERTE, les africains n’en veulent pas.

De l’EGALITE:

Si depuis Gambetta, il a été démontré que l’éducation est à la base de toute démocratie, on ne comprends pas beaucoup pourquoi est-ce que cette supposée communauté internationale, dans son « élan de cœur » de donner un véritable coup de main à la démocratie africaine en général et ivoirienne en particulier, ne commencerait-elle pas par créer des écoles, lycées et universités sur l’ensemble du territoire ivoirien, question de préparer à la Côte d’ivoire une véritable opinion publique capable de défendre dignement les préceptes démocratiques qui dans ce cas s’adapteraient à la société africaine, et non pas de nous imposer cette « démocratie prêt-à-porter » made in Europa, parce que , de cette DEMOCRATIE, nous n’en voulons pas.

De la POPULARITE:

Si Mr. GBAGBO, jusqu’ici, et comme par le passé d’ailleurs, a affiché le caractère d’une personne qui se fait aimer du peuple par des manières douces et insinuantes, notamment en tenant à chaque fois un discours apaisant, à la fois réconciliateur et rassembleur, son vis-à-vis, Mr Ouatara, par contre, n’a pas lésiné sur les moyens, tout comme son chef de guerre, l’impulsif et non moins traître Guillaume SORO, pour essayer de mettre le feu aux poudres notamment en demandant soit à l’ONUCI déjà internationalement reconnue partisane dans la crise ivoirienne contrairement aux missions à elle dévolues ,de mettre ses 10 000 soldats à contribution pour la conquête du pouvoir, soit aux forces dites nouvelles (les rebelles à la solde de Ouatara), de marcher sur les populations désarmées pour la conquête du pouvoir par la bénédiction des armes, puisque les urnes ont fait fiasco. Jugez vous-mêmes de la popularité de l’un et de l’autre, puis tirez la conclusion.

De l’INFLUENCE PREPONDERENTE:

Les résultats des élections présidentielles ont été proclamés par la cour constitutionnelle de Côte d’Ivoire, instance judiciaire faitière du pays, et seule habilitée à proclamer les résultats définitifs des élections présidentielles après avoir vidé le contentieux électoral, comme cela a été fait. Aujourd’hui, des gens essaient, après avoir contraint le président de la commission électorale indépendante (dépendante conviendrait mieux), Mr. Youssouf BAKAYOKO, à lire tout seul et dans le quartier général de Ouatara, en l’absence des autres membres de la CEI et contrairement à ce que prescrivent les textes, les résultats provisoires des élections, de considérer ces derniers comme résultats définitifs comme si en France, le Conseil constitutionnel ne décidait pas en dernier ressort de la proclamation des résultats définitifs des présidentielles.

Les influences fusent de toutes parts. Ce sont des ultimatums servis à longueur de journée comme une tasse de thé. Ce sont des comptes bancaires qui se voient injustement bloqués. Ce sont des chefs d’Etats africains qui se voient muselés et contraints de faire cette sale besogne que d’isoler un pair parce que le glacis français est mis à mal. Ce sont des menaces de poursuites judiciaires insensées venant d’une CPI (cour pénale internationale) à deux vitesses qui ne juge que les chefs d’Etats africains, comme si un président français était déjà venu répondre des nombreux crimes causés par la France dans le cadre de leur fameuse « mission civilisatrice » du continent noir.

De ce type d’INFLUENCE PREPONDERENTE, basta ya ! Nous n’en voulons plus.

Pour votre gouverne, si Barack OBAMA a les moyens de déplacer sa grand’mère vers les USA au cas où l’Afrique s’embraserait comme le souhaite vivement le petit hongrois de l’Elysée, Africa n°1 n’ira pas installer ses studios en dehors de l’Afrique et sera condamné à subir les

déflagrations des multiples bombes qu’il oriente vers Abidjan. Sans doute me répondriez-vous que le Gabon est beaucoup trop éloigné de la Côte d’Ivoire pour que ce que je dis soit vrai. Eh ben ! nous vivons dans un grand village planétaire à l’intérieur duquel les pays restent interconnectés les uns aux autres, qu’on le veuille ou non.

Cela dit, les mouvements d’humeur observés au sein de la classe politique gabonaise ces derniers temps sont bien connus du peuple ivoirien et de tous les africains. Croyez-moi, ce sont des protestations que nous suivons avec une attention particulière. J’en veux pour preuve, les 37% et 42% qu’Ali BONGO et MBA OBAME auraient respectivement eus comme suffrages en leur faveur, avec paradoxalement comme Chef d’Etat reconnu par la gueuse, pardon, j’allais dire la Communauté internationale, et « le machin » que beaucoup appellent communément l’ONU, Mr. Ali BONGO. Comme beaucoup d’africains, et en tant que panafricaniste, un vrai panafricaniste, ce qui n’a vraiment rien à voir avec l’épithète « panafricaine » que vous collez pompeusement à votre label, je reste sur ma faim de savoir comment est-ce que vous allez gérer ce brûlot gracieusement balancé au monde entier par l’incontrôlable Michel de Bonnecorse, qui avait certainement dû échappé au contrôle du système pour une minute. Mais cette minute nous a suffi.
Panafricainement votre !

Correspondance : Henry NGALLE, E-mail: haryngalle@yahoo.fr

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