Sanction européenne contre le port: GOSSIO SITUE LES CONSEQUENCES

Effet boomerang ou contre-attaque financière? En tout cas, le directeur général du Port autonome d’Abidjan (Paa), Marcel Gossio, s’est prononcé hier sur les sanctions annoncées par l’Union européenne (Ue), visant les comptes de certaines structures dont la sienne. C’était face à la presse nationale et internationale, dans ses locaux. Selon le directeur général, une telle mesure, si elle est effective, se retournerait contre les propres ressortissants de la communauté européenne. «Si les petits comptes que nous avons là-bas sont bloqués, je ne paierai pas les fournisseurs européens, je ne travaillerai pas avec eux», a-t-il dit. Ajoutant que cette décision ne ferait que faire souffrir les opérateurs européens. Le directeur du port d’Abidjan a souligné que l’instinct de survie pourrait avoir des conséquences plus graves pour l’avenir des relations entre son entreprise et les fournisseurs de l’espace communautaire européen. Sans prendre des gants, il a asséné: «Une telle décision nous détournera vers d’autres opérateurs. Il faut bien qu’on existe. Nous ne pouvons pas accepter qu’on nous asphyxie. La France n’est pas le centre du monde, l’Europe n’est pas le centre du monde. Je ne sais pas sur quelle base l’Ue s’est fondée pour prendre cette décision». A combien se chiffrent les opérations entre le port et ses fournisseurs européens ? Le directeur a dit ne pas avoir sous la main, dans l’immédiat, l’état des lieux.

Il a fait toutes ces déclarations, au terme d’une visite guidée par ses services, des activités portuaires.

Ainsi, au quai n°1, les journalistes ont pu observer le déchargement de 4000 tonnes de blé venant du Canada. 13 bateaux ont accosté et six étaient attendus dans la soirée. Au niveau du terre-plein n°2 (arrière quai), des ouvriers s’acharnaient au chargement de sel pour l’alimentation de bétail, dans des wagons. En provenance de Dakar au Sénégal, ce produit doit prendre la destination du Burkina Faso. Non loin, c’est le navire Pelagos qui était en train d’être vidé de ses 32.000 tonnes de riz de luxe déjà conditionné. Pendant ce temps, 15.000 tonnes de sucre arrivées le mercredi 13 janvier étaient emmagasinées, au quai n°3. Le quai n°7 rappelait aux visiteurs que la Côte d’Ivoire était en pleine campagne cacaoyère. En effet, c’est à ce niveau que les fèves sont ensachées avant d’être mises sur le bateau tout juste à côté. Un peu plus loin, le terminal minéralier est également en activité. Le clinker servant dans la fabrication du ciment est débarqué d’un navire. Même constat au terminal à conteneurs où les bruits des camions et portiques transportant et déplaçant les conteneurs illustrent l’intensité des activités. C’est tout cela que le ministère de l’Équipement et de l’Assainissement et la direction du port voulaient montrer à la presse. Et M. Gossio de dire : «Je n’ai pas voulu participer à la visite pour qu’on ne dise pas que je l’ai orientée, vous avez vu que nous sommes au travail». Tout en ajoutant que la crise actuelle n’influence pas l’exploitation du port, même s’il admet que le seul problème est que la route soit «dégagée», faisant allusion à la situation à Bouaké.

ADAMA KONÉ

Fraternité Matin

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