Contribution j’accuse…

GAVAN ATTOURA

Sommes-nous au début de nos angoisses ou à la fin de notre peine ? Cet angoisse de ne pas savoir à quel saint se vouer et la peine de voir ses enfants, frères, pères et mères entrain de disparaître et de mourir à la tombée de la nuit.
Et qui dois-je accuser ?

J’accuse les jeunes de Côte d’Ivoire de ne pas avoir compris que le chômage ambiant dont ils sont victimes ne se résout pas par un nationalisme rétrograde encore moins le suivisme et l’inculture. Sous d’autres cieux la révolution qu’elle soit politique, économique ou sociale est venue par les jeunes. Ils ont compris que l’avenir leur appartenait et que le destin de leur pays était le leur. Ces jeunes dans d’autres pays ont relevé le défi de la peur et de l’inculture. Ces jeunes sur d’autres continents ont été les précurseurs des changements attendus. Ils ont décidé que leur sort devait changer et il a changé. La contestation estudiantine et scolaire doublée de la révolte des ouv

riers en mai 1968 en France a sonné le bouleversement de l’establishment à la française. Tout dernièrement et pas tout à fait loin de nous mais surtout sur le même continent africain, se sont les jeunes, en Tunisie, qui ont sonné le glas de la fin du régime de Ben Ali. Ils l’ont voulu. Et ils y sont arrivés. Pourquoi pas les jeunes ivoiriens ? Est-ce de la lâcheté ou de l’autosatisfaction de leur situation économique ? En tous cas, il faut préférer mourir de faim un jour au lieu de mourir chaque jour de faim. Les jeunes ivoiriens n’ont certainement pas encore compris que la solution à une école ivoirienne réhabilitée passe par la mise en quarantaine de ce régime assassin et prévaricateur de M. Gbagbo. Vous n’obtiendrez pas ce travail que vous recherchez chaque jour dans des entreprises sans un environnement politique et économique sain. Et vous avez tout intérêt à vous lever tôt ce matin pour vous dresser contre le premier nouveau dictateur africain du 21ème siècle sinon le chômage sera votre compagnon de tous les temps.
J’accuse les femmes de Côte d’Ivoire de ne pas savoir écouter les pleurs de leurs enfants et des cris de leurs maris tués par la volonté d’une personne et de sont clan. Vous devez savoir que depuis bientôt deux mois que M. Gbagbo confisque le pouvoir dans notre pays, chaque jour des enlèvements sont faits dans vos quartiers et des meurtres y sont commis. Qu’attendez-vous pour réagir ? Que voulez-vous qu’il advienne avant de secourir vos chairs ? Ah vous me direz que les kalachnikovs sont pointées sur vos nez, et qu’en mai 2008 vous aviez marché les mains nues pour réclamer une baisse des prix des denrées alimentaires sur les marchés et Gbagbo vous avait fait assassiner, que certaines de vos sœurs ont été violées, qu’une première dame a déjà dit que violer une femme n’est pas si grave que remettre en cause le fauteuil de son mari de président, que votre voisin de gauche a perdu depuis lors son épouse.
Eh bien alors je vous répondrai que la liberté ne se donne pas mais qu’elle s’arrache. Je vous ferai savoir que l’histoire contemporaine de l’humanité nous enseigne que les grandes luttes se gagnent au prix de mille sacrifices. Je vous rappellerai que Madame Anne Marie Essy RAGGI, la fille de LOZWA a initié la marche sur Grand-Bassam le 24 décembre 1949 au plus fort de la répression coloniale. Et elle et ses femmes ont obtenu ce qu’elles voulaient. La libération de leurs maris.
J’accuse les religieux (certains religieux) de Côte d’Ivoire de s’être alliés au mensonge pour combattre la vérité. Dieu, qu’il s’appelle JESUS Christ de Nazareth pour les chrétiens, ALLAH pour les musulmans, JEHOVAH pour les juifs ou que sais-je encore, est le même partout. Il sert la vérité. Il est vérité. Et il combat le mensonge.
Les enseignements chrétiens et musulmans sont faits autour de la vérité. Quelque soit la personne, la vérité doit être dite. Or nous constatons avec beaucoup de regret que les leaders des religieux ont décidé de ne pas dire la vérité. Je vous accuse parce qu’au même titre que M. Yao N’dré, le violeur de la loi, de tout ce qui adviendra de notre pays.
J’accuse l’armée nationale, avec à sa tête le Général Mangou, de ne s’être pas rangée du côté de la République. L’allégeance faite à M. Gbagbo en ce début de décembre et les jours suivants est une trahison de votre serment. La répression sanglante dont vous rendez coupable sera comptabilisée dans le registre des crimes à élucider et à punir le moment venu. Vous êtes autant responsable que M. le cardinal Agré Bernard du désordre que nous vivons en ce moment.
J’accuse également nos intellectuels ivoiriens qui ont préférés se mettre au service de l’argent que de faire profiter de leurs éclectismes tous leurs concitoyens en mal de la forfaiture de M. Gbagbo et de ses amis. Vous n’avez pas le droit d’abandonner vos frères à leurs sorts. Vous me direz que le Professeur Ouraga Obou s’apprête à déménager parce qu’il à décidé un jour pair de dire quelque chose pas tout à fait intéressant à ses amis de toujours? Mais moi je vous répondrai qu’on peut tuez le corps mais que les idées resteront à jamais. Et qu’un intellectuel mort pour ses idées vaut mieux que dix vivants contre leurs idées. Vous avez l’obligation de vous prononcer clairement en libérant la parole libératrice des énergies humaines. Votre pays s’en portera mieux.

Enfin j’accuse tout le peuple de Côte d’Ivoire de son laxisme. Notre peuple a droit à cette sorte d’autodétermination pour jouir de sa liberté. Nous nous laissons embrigader par des personnes cyniques, inhumaines qui sont capables de danser la mort (imaginaire) de leur adversaire. Oh quelle tristesse !
Bientôt nous commencerons tous à sentir les premiers coups des sanctions de l’Union Européennes. Les navires marchands ne rentreront plus à quais. Nous n’aurons ni poissons, ni riz encore moins de la farine de blé pour nourrir nos familles. Quel dommage !

Mais j’accuse aussi la communauté internationale de nous avoir laissé chanceler durant tout ce temps en espérant une issue pacifique hypothétique.
La Cedeao n’a-t-elle pas compris que Koudou Gbagbo ne respecte aucun de ses engagements ? L’Union Africaine ne savait t-elle pas que ce monsieur ne comprend que le langage de la force ?
Voilà donc plus de quarante cinq jours que nous avons des nuits d’insomnie. Bientôt deux mois que Venance Konan ne dort plus. Il est traqué pour ses idées et pour ses convictions. Et des Venance Konan, il y en a partout à Abobo et à Anyama.
Si la Cedeao avait attaqué les miliciens de Gbagbo depuis le 4 décembre, on serait peut-être à 2000 morts de ces criminels de guerres et de ses assassins de la volonté du peuple, mais on ne serait pas à plus de 300 morts d’honnêtes citoyens ivoiriens et même de certains étrangers. On aurait pu éviter ces carnages journaliers et ces charniers à profusion. Les ivoiriens ne seraient pas sous le coup d’un manque de médicaments dans les hôpitaux. Les malades par milliers ne mouraient pas par faute de soins appropriés du fait des grèves et de l’absentéisme observé dans les hôpitaux. Les services publics fonctionneraient normalement aujourd’hui pour le décollage de l’économie nationale exsangue. Je crois que la Côte d’Ivoire s’en porterait mieux.

La force légitime doit impérativement se déployer sinon la Côte d’Ivoire, pire que le Libéria et la Sierra-Leone, restera engluée dans cette espèce d’imbroglio ou la bêtise des uns enfante la vendetta des autres.

Je veux que le conclave de ce jour à Bamako débouche sur une opérationnalité claire et sans ambiguïté de la solution militaire qui libérera le peuple de Côte d’Ivoire à moins que d’ici là les jeunes, les femmes, les religieux, l’armée nationale et les intellectuels ivoiriens aient compris le sens de notre engagement républicains pour sonner, comme ce 14 janvier en Tunisie, la fin de la récréation de cette dictature naissante sous nos yeux.

GAVAN ATTOURA

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