Régulation des médias par le Conseil national de la presse – Les vérités crues de Eugène Kacou à Ouattara Gnonzié

Ouattara Gnonzié n’a pas franchi le Rubicon. Depuis qu’il squatte les bureaux du ministère de la Communication, au Plateau, le collaborateur de Laurent Gbagbo caresse le secret espoir d’interdire de parution les journaux proches du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). Mais, hier, en visite au Conseil National de la Presse (CNP), Ouattara Gnonzié n’a pu exprimer son exigence, de façon explicite, à Eugène Dié Kacou, Président du CNP. Car, le premier responsable de ce Conseil chargé de la régulation de la presse lui ayant clairement coupé l’herbe sous les pieds. Se fondant sur la loi, le premier responsable du CNP a expliqué, à l’envoyé de Laurent Gbagbo, les avancées non négociables de la presse ivoirienne dans sa quête de liberté : « En Côte d’Ivoire, la presse bénéficie d’un libre exercice enraciné dans le corpus juridique général. Les articles 9 et 10 de la Constitution ivoirienne consacrent la liberté d’expression. Car, il s’agit de garantir la liberté de la presse et le droit du citoyen à une information équilibrée». Le disant, Eugène Kacou laisse voir que la presse ivoirienne est aujourd’hui à un niveau tel que quiconque ne peut s’arroger des prérogatives dévolues au « gendarme des médias » pour penser obtenir la suspension de parution d’un journal.
Poursuivant, M Kacou a clairement fait savoir, à Ouattara Gnonzié, que son institution ne peut recevoir d’ordre, fut-elle d’une autorité, de quelque nature qu’elle soit, pour infliger une quelconque sanction à un tel ou tel autre journal. « Jamais nous n’avons, au CNP, reçu d’instructions en vue de prendre telle ou telle sanction à l’encontre d’une publication». Pour lui, le faire serait enfreindre à la norme de la régulation : « De telles instructions émanant de quelque autorité qu’elle soit, seraient inacceptables car perçues comme une tentative d’ingérence condamnable dans l’accomplissement, par le CNP, de sa mission de régulation. » Visiblement désarmé par ces « balises » du régulateur, Ouattara Gnonzié, n’a pas manqué d’emboucher la litanie des refondateurs « Nous vivons une situation extraordinaire. La Côte d’Ivoire n’est ni plus ni moins l’Amérique. Mais, le 11 septembre 2001, lorsque la catastrophe des Tours jumelles est survenue, aucun journal, aucune radio n’a eu un son discordant de celui du gouvernement américain». Selon Gnonzié, avec la situation postélectorale, tous les journaux devraient écrire que Gbagbo a gagné les élections.
En tout cas, la rencontre d’hier a montré que le CNP n’entend pas accompagner le camp Gbagbo dans sa tentative de bâillonnement de la presse dans l’optique de la pensée unique.

Jean- Antoine Doudou

Le Patriote

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