Addis Abeba Quelles que soient les recommandations qu’ils feront – Les chefs d’Etat africains vont-ils se donner les moyens de leur politique ?

Charles Kouassi

L’Afrique joue son destin et sa crédibilité à Addis Abeba à l’occasion du sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement de demain, qui s’est ouvert hier par la réunion préparatoire des ministres des affaires étrangères. Aujourd’hui c’est le Conseil de paix et de sécurité qui va se réunir pour examiner la situation en Côte d’Ivoire et plusieurs autres dossiers. Une quinzaine de pays tenteront de donner les indications aux chefs d’Etat et de gouvernement qui viendront entériner les propositions faites et les améliorer. Le représentant spécial du SG de l’Onu en Côte d’Ivoire sera présent, aux côtés de son patron, à savoir Ban Ki Moon. L’action des Nations Unies étant décriée en Côte d’Ivoire, les représentants de l’institution auront l’occasion de clarifier les choses. Même si finalement Alassane Ouattara est absent pour cause de suspension de la Côte d’Ivoire, et par souci d’effaroucher les susceptibilités des uns et des autres, Laurent Gbagbo ne peut que se souvenir, du grand raout qui avait été le sien à l’époque de sa crise avec Charles Konan Banny. Arrivé à l’époque en conquérant à Addis Abeba, il avait mis à l’étroit le premier ministre issu de la résolution 1633 de l’ONU. C’était une sorte de belle époque à laquelle il faudra revenir bientôt quand il aura remporté la bataille postélectorale contre Alassane Ouattara. Mais à côté des représentants de l’Onu qui viendront défendre et consolider leurs positions sur la Côte d’Ivoire, il faut compter avec la présence de Nicolas Sarkozy qui est défavorable au camp Gbagbo et qui ne s’en cache point. On avait cru à une fausse alerte au sujet de la présence de Nicolas Sarkozy quand elle avait été annoncée à la mi-janvier. Mais le numéro un français qui part à Addis Abeba en qualité de président du G20-G8 ne pouvait pas manquer à cette tribune de l’Union africaine qui a souvent accueilli des invités spéciaux, comme les SG de l’Onu, le président chinois, Berlusconi, Yasser Arafat, Nelson Mandela, etc. Malgré la crise ivoirienne, la qualité de président du G20 fait que la présence du chef de l’Etat français ne paraît pas incongrue, même si elle peut être perçue comme un revers pour les souverainistes africains, partisans d’une Afrique qui règle elle-même ses problèmes, et très hostiles à l’Onu et à l’Occident, même si ce n’est pas toujours pour la bonne cause, ni au service des peuples du continent. Avec cette situation, la présence de Nicolas Sarkozy qui aurait pu paraître gênante pour le camp Ouattara et consolider le soupçon du candidat que l’étranger veut imposer (même si de plus en plus le camp Gbagbo ne rechigne pas à séduire cette même communauté internationale hostile et vouée pour le moment aux gémonies), apparaît désormais comme une occasion pour les adversaires de Laurent Gbagbo, de bétonner leur avance diplomatique et obtenir les soutiens nécessaires. L’objectif est clair : renvoyer aux calendres grecques, l’idée de recomptage des voix de l’élection présidentielle du 28 Novembre dernier. Le Conseil de paix et de sécurité qui se réunit ce jour, avait déjà reconnu la victoire d’Alassane Ouattara. C’est fort de cette position que Jean Ping et le président malawite avaient pris des positions, et que l’UA avait envoyé Raïla Odinga. C’est fort des recommandations de l’UA que l’Onu, et d’autres instances ont reconnu la victoire du candidat du RHDP. Toutes ces instances ont-elles été manipulées. Ont-elles été trompées et abusées ? Par Choi, comme le prétend et l’affirme l’Angola tête de file des pays pro-Gbagbo, pour ne pas dire, des pays non anti-Gbagbo ? A coup sûr l’Afrique joue sa crédibilité. Si malgré ces conditions désavantageuses, la fumée blanche sort en faveur de Laurent Gbagbo, et que les chefs d’Etat africains décident du recomptage des voix, alors le camp Ouattara devra faire mauvaise fortune contre bon cœur, et s’en tenir à cette recommandation la mort dans l’âme.. En tout état de cause la question qui se pose est la suivante : l’UA aura-t-elle les moyens de faire respecter les décisions qu’elle prendra ? Si Ouattara ou Gbagbo récuse les recommandations et résolutions du sommet, que fera l’Union africaine. Le syndicat des chefs d’Etat africains, ou le machin africain, pour emprunter la célèbre expression du Général De Gaulle au sujet de l’Onu, aura-t-il les moyens de sa politique ? Un rendez-vous de crédibilité et de vérité s’annonce pour tous. Attendons pour voir….

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