Le sommet de l’Union africaine s’ouvre sur fond de fortes tensions

Photo par Intelligent d'Abidjan

Côte d’Ivoire, Tunisie, Egypte, Sud Soudan seront notamment au menu du XVIème sommet de l’Union africaine qui s’ouvre ce dimanche.

Cote d’Ivoire, Tunisie, Egypte, Soudan… les dirigeants des 53 pays membres de l’Union africaine (UA) qui se réunissent à partir de ce dimanche 30 janvier ont du pain sur la planche. Il vont essayer, lors de ce XVIe sommet de démontrer qu’ils gardent la main sur un continent qui s’emballe, secoué par de multiples crises. « Des décisions majeures vont être prises « , a promis lundi dernier le président de la Commission de l’UA, Jean Ping.

Le sommet est en grande partie consacré à la crise ivoirienne. Deux mois après la présidentielle en Côte d’Ivoire et l’installation de deux pouvoirs, celui d’Alassane Ouattara et celui du président sortant Laurent Gbagbo, une nouvelle phase de discussions importante va s’ouvrir.

Après l’échec de plusieurs médiations africaines, dont celle du Premier ministre kényan Raila Odinga au nom de l’UA, et sous la menace d’une intervention militaire des pays d’Afrique de l’Ouest, le chef de l’Etat sortant Laurent Gbagbo joue la montre, en proposant notamment un recomptage des voix.

Désormais, des chefs d’Etats africains se font publiquement les avocats d’une « solution pacifique », qui pourrait maintenir Laurent Gbagbo au pouvoir. Jean Ping a déclaré au Monde que « les Africains pensent à la démocratie mais aussi à la paix », sous-entendant qu’un partage des pouvoirs n’était pas forcément écarté, malgré la pression de la communauté internationale. Une réunion ministérielle de l’UA a décidé vendredi de confier à un panel de cinq chefs d’Etat le soin de présenter des décisions « contraignantes » d’ici un mois. Jean Ping a affirmé samedi que ce panel devait « amener Alassane Ouatarra à exercer la réalité du pouvoir » dans le pays « par la négociation ».

A la recherche de soutien

Dans cette perspective, une bataille d’influence se livre en coulisse car l’unanimité affichée par la communauté internationale et les dirigeants africains en particulier pour reconnaître la victoire d’Alassanne Ouattara se fissure peu à peu. La tactique de Laurent Gbagbo de jouer la carte du temps semble payer.

Le président en exercice de l’UA, le Malawite Bingu wa Mutharika, s’est engagé à présenter les « propositions » de son « frère et ami » Gbagbo lors du sommet. Et l’entourage du président de Guinée Equatoriale Teodoro Obiang Nguema, appelé à prendre la présidence de l’UA dès ce week-end, a fait savoir que ce dernier « n’était pour personne » dans la crise ivoirienne. Par ailleurs, plusieurs autres chefs d’Etats africains voit dans le soutien à Alassane Ouattara la main mise de l’Occident pour imposer leurs candidats.

De son côté, le camp Ouattara espère voir l’UA rester dans la ligne de la communauté internationale et imposer des sanctions contre Laurent Gbagbo et son entourage. Il multiplie les rencontres officieuses. Nicolas Sarkozy, ses ministres et ses conseillers se chargeront de rencontrer les présidents les plus favorables au président Gbagbo pour tenter de les faire changer d’avis, du moins de s’assurer de leur neutralité.

Tunisie, Sud-Soudan, Somalie…

Sur les manifestations de rues en Tunisie et la chute du régime autoritaire de Zine El Abidine Ben Ali, l’UA devrait enfin s’exprimer officiellement, après avoir jusqu’à présent observé un long silence, ceci alors que le mouvement semble faire tâche d’huile dans le monde arabe, en Egypte notamment. Dans un entretien au Monde, Jean Ping a salué le fait que « la Tunisie se donne un gouvernement conforme à la volonté populaire ».

La multiplication des crises fait presque passer au second plan ce qui devait être l’événement majeur du sommet : l’avènement imminent d’un 54e Etat africain, le Sud Soudan, qui vient de se prononcer par référendum à une écrasante majorité pour faire sécession du nord du pays. Mutharika a ainsi souhaité que l’UA soit la première organisation à reconnaître l’indépendance de ce nouveau pays, à quelques jours de la proclamation des résultats définitifs du référendum. Le président soudanais Omar el-Béchir et le vice-président Salva Kiir, sud-soudanais seront présent au sommet où une importante réunion est prévue lundi sur le sujet.

Le conflit en Somalie, l’enquête de la Cour pénale internationale (CPI) sur les violences post-électorales de 2008 au Kenya, les poursuites contre l’ancien président tchadien Hissène Habré ainsi que la réforme du système des Nations unies figureront au menu des discussions des chefs d’Etats africains.

Nicolas Sarkozy, invité d’honneur

Le chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy, invité d’honneur de ce sommet, prononcera dimanche un discours d’ouverture où il sera question des priorités du G20 et du G8. La place de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité de l’ONU sera sans doute l’un des thèmes majeurs abordés par Nicolas Sarkozy. Il sera accompagné du nouveau Monsieur Coopération, Henri de Raincourt, ainsi que de la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, le conseiller Afrique à l’Élysée, André Parant, le directeur Afrique du Quai d’Orsay, Stéphane Gompertz, et la conseillère Afrique à la Coopération, Ahlem Friga-Noy.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa et le président palestinien, Mahmoud Abbas, prendront également la parole.

Changement de présidence

Après le Malawite Mutharika, le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema devrait être désigné par ses pairs pour prendre la présidence en exercice de l’UA en 2011, selon son entourage. Enfin, il sera discuté du changement très symbolique du nom de la « Commission de l’UA », principal organe exécutif de l’organisation, en « Autorité de l’UA ».
L’Union africaine organise deux sommets par an, un à Addis Abeba, siège de l’organisation, et l’autre dans l’un de ses Etats membres. Le dernier sommet s’était tenu en Ouganda en juillet.

(S-D avec agences)

NouvelObs.com

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