Sommet de l’UA Pro-Gbagbo et pro-Ouattara s’avouent vainqueurs

Crise ivoirienne / Sommet de l’UA à Addis-Abeba
Ban Ki Moon et Sarkozy plaident en faveur d’Alassane Ouattara

L’ouverture de la 16éme session ordinaire de la conférence de l’Union Africaine à Addis-Abeba le dimanche 30 janvier 2011 a fortement été marquée par des propositions de sortie de crises en Afrique notamment en Côte d’Ivoire.

Après le mot de bienvenue du Pr. Bingu Wa Mutharika, l’honneur est revenu au président de la commission de l’Union, le Gabonais Jean Ping de féliciter Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo qui ont mis selon lui, l’intérêt supérieur de la Guinée avant, tout en se prêtant au jeu démocratique. Profitant de cette tribune, Jean Ping a demandé à l’Union Africaine et à la communauté internationale de faire face à ‘’l’incendie qui s’allume en Côte d’Ivoire’’. Bien que dira-t-il ’’Alassane Ouattara ait été reconnu vainqueur des élections par la communauté internationale, ces résultats n’ont pas été accepté par toutes les parties. D’où la situation bloquée que nous vivons et que nous déplorons tous aujourd’hui’’. Toujours aux dires du président Jean Ping ‘’ un groupe de haut niveau comprenant des chefs d’Etat de nos cinq régions ainsi que les présidents des commissions de l’UA et la Cedeao, assisté d’une équipe d’experts, a été constitué pour amener les parties ivoiriennes à se hisser au diapason de leurs responsabilités historiques et pour faire prévaloir dans leur pays la démocratie en même temps que la paix’’. Même son de cloche pour Ban Ki Moon, secrétaire général des Nations-Unies qui, du haut de cette tribune, a réaffirmé le soutien de son institution au président Ouattara et à son gouvernement avec qui il entend travailler. Quant à Nicolas Sarkozy, son discours pour le président Ouattara n’a pas changé. Il a seulement tourné le dos à l’option militaire et préconisé une approche démocratique à la résolution de la crise ivoirienne. Pour lui, ‘’la France respecte la souveraineté des Etats et le droit des peuples à se déterminer eux-mêmes. Elle ne veut ni donner de leçon, ni chercher à imposer un modèle. Au nom de quoi le pourrait-elle ? Mais il y a des valeurs qui sont universelles, celles de la charte des Nations-Unies et de l’Acte constitutif de l’Union Africaine, celles aussi du dialogue, de l’écoute, de l’ouverture, que chacun, par les moyens qui lui sont propres et qui dépendent évidemment de son histoire, de sa culture, des circonstances, doit s’efforcer de respecter et de promouvoir. Tous les hommes, tous les peuples y aspirent. De cette aspiration, nul, dans le monde où nous vivons, ne peut se tenir à l’écart’’. Poursuivant dans sa démarche, il a montré que les médias sont aujourd’hui un outil indispensable dans la mondialisation. ‘’Les moyens de communication ont fait de la terre un village. L’Opinion publique mondiale, la conscience universelle, sont devenues des réalités. Elles réunissent tous les peuples qui à chaque instant partagent les mêmes informations, les mêmes émotions. Tous les responsables politiques doivent compter avec elles, avec les valeurs qu’elles portent. Vous, comme moi, nous devons en tenir compte dans notre façon de gouverner. Dans le monde d’aujourd’hui, on ne peut plus gouverner comme dans celui d’hier. Ce changement, ou bien ou le subit et c’est la porte ouverte, un jour où l’autre à la violence, on bien, on le précède, on l’accompagne et il peut s’accomplir sans heurt, sans déchirement, sans ouvrir la voie à toutes les aventures. Ce changement pacifique, la France le souhaite, elle est prête à l’accompagner….En Côte d’Ivoire, c’est tout un peuple qui voit bafouer le choix qu’il a librement exprimé lors d’une élection qui devait sceller le retour à la paix. La France apporte un soutien résolu aux efforts de l’Union Africaine, de la Cedeao et du secrétaire général des Nations-Unies pour faire prévaloir, dans la paix, le respect du choix des Ivoiriens’’. Quant à ce qui se passe en ce moment en Tunisie et en Egypte, Nicolas Sarkozy a exprimé son soutien à ces deux peuples qui selon lui, traversent une période difficile. ‘’ La France se tient avec amitié et respect aux côtés des Tunisiens et des Egyptiens dans cette période cruciale. Permettez-moi sur ce sujet sensible, au nom du lien fraternel qui uni les peuples d’Afrique et le peuple français, de parler à cœur ouvert. Je veux le faire à un ami, en ami sincère, parce que l’on doit la vérité à ses amis. Je veux le faire parce que les événements le rendent nécessaire, parce que devant les victimes innocentes la conscience ne peut rester indifférente, parce que la violence, d’où qu’elle vienne, n’est jamais une solution, parce qu’elle n’engendre que la désolation et la souffrance’’, a conclu Sarkozy sur ce sujet.
Dosso Villard, envoyé spécial à Addis-Abeba

Encadré
Pro-Gbagbo et pro-Ouattara s’avouent vainqueurs

‘’La communauté internationale a reconnu Ouattara comme président de la Côte d’Ivoire. Un panel de chefs d’Etat Africains se rendra à Abidjan pour résoudre la crise ivoirienne à l’africaine, à travers le dialogue et la négociation’’. Tel est le résumé des différents messages qui ont été adressés à l’endroit des Ivoiriens qui attendent de tout cœur un dénouement heureux de cette crise postélectorale. Idem pour le communiqué final du CPS de vendredi dernier dans lequel l’UA endosse les décisions de la Cedeao. Dans les couloirs du sommet d’Addis-Abeba, pro-Gbagbo et pro-Ouattara estiment pourtant que rien n’est gagné d’avance. ‘’Vous savez, il faut faire beaucoup attention au langage diplomatique. Comprenez bien que l’union Africaine ne pouvait pas du coup rejeter du revers de la main les décisions qui ont été prises par la Cedeao. Vous savez aussi que l’option militaire a été écartée par les Nations-Unies aussi bien par la France que par l’Union Africaine qui propose d’ailleurs une solution africaine à travers le dialogue. Et là, nous nous en réjouissons, c’est une victoire parce que l’UA rejoint le président Gbagbo qui a toujours préconisé le dialogue. Lors de ces rencontres, le président Gbagbo va leur fournir les preuves de sa victoire avec documents à l’appui’’, a expliqué le conseiller Assamoi de la cellule communication du président Gbagbo. Pour sa part, un militant des droits de l’homme pro-Ouattara venu de Paris et qui a requis l’anonymat pour dit-il des problèmes de sécurité de sa famille en Côte d’Ivoire, s’est voulu clair : « Tout est fini pour Gbagbo et vous verrez bien que c’est Ouattara qui sera le président de la Côte d’Ivoire. Si vous avez bien suivi le discours de Sarkozy, il a déjà jeté les bases de la conclusion des travaux ou si vous voulez, des démarches qu’entreprendra le panel de chefs d’Etat Africains. Sarkozy a dit qu’en Côte d’Ivoire, c’est tout un peuple qui voit bafoué le choix qu’il a librement exprimé lors d’une élection qui devait sceller le retour à la paix. Et il a ajouté que la France apportera un soutien résolu aux efforts de l’Union Africaine et du SG des Nations-Unies. N’oubliez pas aussi que c’est lui qui prend la tête du G8 et du G20. C’est tout dire ». Comme on le constate ici à Addis, personne ne s’avoue perdant et tout le monde crie victoire. Pour ces négociations, le continent africain a été divisé en cinq grands groupes. Chaque groupe désignera un leader pour conduire sa délégation en harmonie avec les autres. C’est le président de la Mauritanie selon des sources proches de la commission qui devrait en principe conduire la délégation.
Dosso Villard, envoyé spécial à Addis-Abeba

Les coulisses du sommet
Alpha Condé ovationné
Le président Guinée Alpha Condé a eu le soutien de tous les chefs d’Etat et de gouvernements qui ont effectué le déplacement d’Addis-Abeba. Alors que son nom ne figurait sur la liste des intervenants, le Pr. Alpha Condé a eu droit à la parole au 16ème sommet des chefs d’Etat en présence de Ban Ki-Moon et Sarkozy dans le mythique centre de conférence de la commission économique africaine (ECA).

Une sécurité maximale
L’ouverture de la conférence des chefs d’Etat du 16ème sommet de l’Union Africaine s’est déroulée dans la sérénité avec une sécurité maximale. Pour avoir accès à la salle de conférence, il fallait franchir trois check points où sont installés des scanners derniers cri. Même les VIP n’échappent pas au contrôle.

Le gouvernement éthiopien offre une balade et un dîner à la presse étrangère
La journée du samedi a été très relaxe pour la presse étrangère. Le ministère de la communication en collaboration avec celui du tourisme a organisé un voyage sur le site archéologique de Tiya. Le soir, un dîner a été offert aux journalistes qui se sont régalés avec plusieurs prestations d’artistes traditionnels éthiopiens.

M. Adou au four et au moulin
Le directeur du protocole de l’ambassade de Côte d’Ivoire à Addis-Abeba, M. Adou est au four et au moulin. Très disponible, l’homme ne trie pas les Ivoiriens. Peu importe ta tendance politique ou ton organe. Adou se bat pour vous offrir un meilleur séjour à tout Ivoirien en transit à Addis-Abeba, la capitale de l’Afrique.

Le Maghreb grand absent du sommet
Le grand et truculent Kadhafi n’était pas à Addis-Abeba. A cause de la situation ayant court dans les pays Maghrébins. Les présidents de la Lybie, de la Tunisie, de l’Egypte et du Maroc, seront restés prudemment chez eux.
DV

L’Intelligent d’Abidjan

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