Retranscription de l’interview accordée par le Coordonnateur humanitaire, NDolamb NGokwey, à ONUCI FM, sur la situation dans l’Ouest

 

Côte d’Ivoire

ABIDJAN, Côte d’Ivoire, 3 février 2011/African Press Organization (APO)/ — Le Coordonnateur humanitaire en Côte d’Ivoire, M. Ndolamb Ngokwe, a effectué deux tournées dans l’ouest du pays pour évaluer la situation et s’entretenir avec les autorités civiles, militaires et religieuses. Dans une interview avec ONUCI FM, M. Ndolamb, qui est aussi le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général pour la Côte d’Ivoire, fait le point sur sa mission.

ONUCI-FM: Ndolamb Ngokwey, bonjour

Ndolamb Ngokwey: Bonjour

ONUCI-FM: A la date d’aujourd’hui, quelle est la situation humanitaire sur le terrain? On sait qu’après les événements de Duekoué, Abengourou, Lakota, vous avez fait une tournée d’évaluation. Quelle est aujourd’hui la situation sur le terrain ?

NN: Effectivement, j’ai effectué deux tournées. Je suis allé deux fois de suite en dix jours. L’objectif était, bien sûr, de faire le point de la situation, mais c’était aussi de parler avec les autorités, aussi bien civiles, militaires que religieuses, pour discuter de l’accès à ces populations vulnérables. Nous avons reçu un accueil très positif de toutes les autorités, qu’il s’agisse de Duekoué, Danané ou de Man. Toutes les personnes rencontrées étaient disposées à nous aider à avoir effectivement accès à ces populations. Et comme nous l’a dit un des leaders communautaires, quand une personne vient à votre secours, vous l’accueillez à bras ouverts.

Cette disponibilité des autorités militaires, civiles, religieuses et communautaire est largement due au fait qu’elles perçoivent effectivement la communauté humanitaire comme répondant à des besoins humanitaires, c’est-à-dire comme étant une communauté impartiale qui ne se mêle pas de politique, dont l’objectif est tout simplement de soulager la détresse des populations, de quelque bord qu’elles soient et de quelque religion qu’elles soient.

ONUCI-FM: Qui étaient ces populations sinistrées et à combien peut-on les estimer ?

NN: La situation pour le moment est que il ya près de 18000 personnes déplacées internes. La plupart de ces 18000 personnes se trouvent à la mission catholique de Duekoué mais il y en a aussi à la mission protestante de Duekoué aussi bien qu’à Man et à Danané. Un recensement beaucoup plus précis, qui est mené par le HCR et l’OIM, a commencé, non seulement pour enregistrer effectivement les personnes déplacées internes mais aussi les personnes qui sont dans les familles d’accueil parce que les 18000 dont je vous parle, il s’agit effectivement de personnes qui sont dans des sites tels que le camp de la mission catholique ou la mission protestante. Mais nous savons qu’il ya aussi un nombre indéterminé qui se trouve dans les familles d’accueil. Donc, la mission d’enregistrement qui commence, dirigée par le HCR et l’OIM, nous permettra d’ici une semaine d’avoir un chiffre beaucoup plus précis, non seulement des déplacés qui sont dans des sites mais aussi de ceux qui sont dans des familles d’accueil.

ONUCI-FM: Quels sont les besoins immédiats de ces populations déplacées ?

NN: Les besoins immédiats tels qu’ils nous sont apparus étaient d’abord des besoins d’emplacement et des besoins d’abris. A la mission catholique, par exemple, il y a plus de 13000 personnes sur un espace très réduit. C’est pour cela que, en discussion avec les autorités religieuses et préfectorales, il ya un effort qui est fait pour identifier un site alternatif pour désengorger cet espace de la mission. Donc ça, c’était un besoin très, très important. Même à Man, la même question s’était posée, mais à Man la question a été résolue parce qu’un espace a déjà été identifié. De la même manière, à Danané, un espace alternatif a été identifié et il est pour le moment en voie de réhabilitation par le HCR. En plus des besoins d’espace et d’abri, il ya bien sûr les besoins d’alimentation et le PAM avait pu faire une distribution pour deux semaines pour toutes ces populations déplacées dans toutes ces villes. Il y a aussi des besoins de santé, des besoins de protection, puisqu’il y a eu des cas de violence basée sur le genre, et aussi, bien sûr, des besoins d’eau et d’assainissement. Je dois dire que la communauté humanitaire s’est bien organisée pour répondre de façon coordonnée à l’ensemble de ces besoins ; mais cette réponse, aussi coordonnée qu’elle soit, n’aurait pas pu être efficace sans la participation effective des autorités locales et sans la participation des personnes déplacées elles-mêmes.

ONUCI-FM: En termes de chiffre, à combien peut-on évaluer le coût de ces besoins dont vous venez de parler ?

NN: Nous avons fait un premier calcul et nous avons estimé que pour répondre de façon satisfaisante aux besoins de ces populations déplacées et autres, nous avons besoin de 32 millions de dollars et, effectivement, c’est cette somme que nous sommes en train de mobiliser maintenant sur le plan international. Nous pensons qu’étant donné la façon dont nous avons répondu jusqu’à présent, nous pourrons effectivement mobiliser ces ressources.

ONUCI-FM: Quel message pour une cohésion sociale en Côte d’ivoire ?

NN: Mon premier message est de dire que personne ne devient déplacé interne ou refugié parce qu’il le souhaite, et de dire aussi que cela peut arriver à n’importe lequel d’entre nous, et les conditions qui amènent les gens à devenir des déplacés internes ou des refugiés sont des conditions qui sont créées par des hommes. C’est donc des hommes qui peuvent aussi mettre fin à ces conditions. Mon appel est un appel à tous pour que la paix revienne effectivement en Côte d’Ivoire, pour que les conditions de sécurité soient présentes pour tous, pour que la réconciliation communautaire se fasse afin que personne ne sente le besoin de se déplacer dans son propre pays ou ne sente le besoin de se réfugier dans un autre pays.

ONUCI-FM: Ndolamb Ngokwey, je vous remercie.

NN: Merci à vous.

SOURCE

Mission of UN in Côte d’Ivoire

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