En Côte d’Ivoire la bataille continue de faire rage à Abobo, la raffinerie en difficulté

Reuters pat Luc Gnago

par Loucoumane Coulibaly

ABIDJAN (Reuters) – Des fusillades et explosions ont retenti dans la nuit de jeudi à vendredi dans le quartier d’Abobo à Abidjan, théâtre d’affrontements depuis mardi entre partisans de Laurent Gbabgo et Alassane Ouattara.

La presse locale rapporte que de mystérieux insurgés qu’elle baptise les « commandos invisibles » se sont soulevés contre le président sortant, qui refuse depuis trois mois de céder le pouvoir à son rival l’ancien Premier ministre Ouattara.

Des centaines d’habitants de ce quartier de la capitale économique du pays continuent à fuir.

« Des tirs ont retenti partout cette nuit. Il y avait des tirs d’armes lourdes. Nous n’avons pas dormi une minute », a déclaré Souala Tiemoko. « Ce matin, les rues étaient remplies de gen s qui essayaient de partir. Ils vont dans les autres quartiers ou dans les villages. »

Par centaines, portant sacs ou valises, des habitants marchent le long de la route qui permet de quitter Abobo, un quartier d’environ 250.000 habitants, a constaté un correspondant de Reuters.

Des habitants de Yamoussoukro, la capitale située dans le centre du pays, ont également fait état de coups de feu pendant la nuit. « Il y a eu des tirs toute la nuit ici », a déclaré Salif Caba. « Ça m’a réveillé vers minuit et ça a continué jusqu’à 2h du matin. Les balles sifflaient dans tous les sens. Ce matin, j’ai vu un véhicule de police incendié. »

Des combats ont débuté mercredi dans l’ouest du pays, près des frontières guinéenne et libérienne, ont indiqué jeudi la mission des Nations unies et l’armée ivoirienne.

UNE RAFFINERIE EN DIFFICULTE

Le porte-parole du gouvernement Gbagbo, Ahoua Don Mello, a déclaré que les insurgés d’Abobo étaient des rebelles du Nord mais le gouvernement parallèle d’Ouattara, reclus dans l’hôtel du Golf à Abidjan sous la protection de casques bleus de l’Onu, assure qu’il s’agit de civils qui ont décidé de prendre les armes contre Gbagbo ou de soldats ayant fait défection.

Ouattara a été déclaré vainqueur de la présidentielle du 28 novembre par la commission électorale indépendante, mais le résultat, validé par les Nations unies, a été annulé par le Conseil constitutionnel, dirigé par un pro-Gbagbo.

La crise a déjà fait plus de 300 morts et poussé le prix du cacao, dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial, à son plus haut niveau depuis 30 ans.

Plus de 80.000 personnes ont fui leurs foyers, dont la moitié vers le Liberia voisin, selon l’Onu.

Vendredi de rnier, le gouvernement formé par Ouattara a lancé un appel à un soulèvement semblable à ceux du monde arabe, mais les forces pro-Gbagbo ont dispersé les tentatives de rassemblement, faisant plusieurs morts.

On ignore encore le bilan total des derniers affrontements.

Une délégation de l’Union africaine a tenté en vain une médiation en début de semaine. Les présidents de l’Afrique du Sud, du Tchad, de la Mauritanie et de la Tanzanie sont tous repartis mercredi après-midi.

Laurent Gbagbo est soumis à des sanctions internationales dans le but de le pousser à quitter le pouvoir et d’assécher ses revenus.

Un porte-parole de la raffinerie SIR (Société ivoirienne de raffinage), qui se trouve à Abidjan, a déclaré vendredi que l’installation fonctionnait au minimum de sa capacité – 80.000 barils par jour – raison des sanctions imposées au pays par l’Union européenne.

Jean-Stéphane Brosse pour le service français

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