Indignation et dénégation en Côte d’Ivoire après la mort de partisanes de Ouattara

Par RFI
En Côte d’Ivoire, les forces de l’ordre fidèles au président ivoirien sortant Laurent Gbagbo rejettent toute responsabilité dans la mort de six femmes, tuées par balles, jeudi 3 mars 2011 à Abidjan dans le quartier d’Abobo, un fief abidjanais de son rival Alassane Ouattara. Des témoins avaient mis en cause les Forces de défense et de sécurité venues disperser un rassemblement anti-Gbagbo.
En Côte d’Ivoire, le gouvernement Gbagbo crie au complot dans l’affaire de la manifestation des femmes d’Abobo en faveur d’Alassane Ouattara. Cette manifestation a été dispersée à balles réelles et les bilans varient entre six et huit mortes. Selon le porte-parole de ce gouvernement, les Forces de défense et de sécurité n’étaient pas présentes sur les lieux au moment des faits.

Pour Ahoua Don Mello, il s’agit d’un « complot » : « Le ministre de l’Intérieur en charge de la sécurité n’avait aucun élément présent sur les lieux. Il en est de même du ministre de la Défense, qui n’avait pas d’élément présent sur ces dits-lieux. Par conséquent, nous pensons que c’est un complot, dans la mesure où depuis longtemps, ils cherchaient des charniers qu’ils n’ont pas vus, et avant la date décisive à laquelle les quatre du panel devaient se réunir, ils ont certainement pensé qu’il était bon de briser l’unité qui est en train de se faire autour de Laurent Gbagbo, en brandissant une horreur imaginaire, (…) et des tirs, des homicides qui n’ont jamais existé, soutient le porte-parole. Il fallait qu’ils trouvent quelque chose. Parce que, on ne peut pas comprendre qu’une telle chose puisse se dérouler et que ni la défense, ni l’armée, ni la sécurité, ne soient au courant et qu’on dise qu’il y a des morts », conclut Ahoua Don Mello.

L’état-major des Forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire a demandé une enquête. Une déclaration de sa part est attendue dans les heures qui viennent.

Vingt-quatre heures après, c’est l’Indignation dans le camp Ouattara et dans la communauté internationale. Selon les Nations unies, on compte une cinquantaine de morts en une semaine en Cote d’Ivoire. Le Conseil de sécurité s’est réuni hier, jeudi 3 mars 2011, estimant que le pays était au bord de la guerre civile.

Et l’ambassadeur de Côte d’Ivoire auprès des Nations unies, Youssoufou Bamba, nommé par Alassane Ouattara, a demandé un changement du mandat des casques bleus sur place : « Je dois dire que la situation est très grave, et du point de vue de mon gouvernement, elle exige un changement du mandat des Nations unies. Et nous pensons que le mandat doit passer au stade de l’imposition de la paix. Et ensuite nous pensons également, qu’on doit envisager l’application dans ce contexte du chapitre 8 de la charte qui permettra à la Cédéao de pouvoir venir sur le terrain et mettre cela en œuvre. Parce que ce qui se passe en ce moment est inadmissible et intolérable », martèle Youssoufou Bamba.

« Est-ce que la communauté internationale veut attendre qu’il y ait 10 000 morts avant d’entrer en jeu ? Non ! Je pense que c’est maintenant qu’il faut agir. On a donné un mois au panel et nous pensons que c’est encore du temps donné à Monsieur Gbagbo pour s’armer. Cela est intolérable ! Les populations étrangères sont également victimes de toutes ces atrocités de Monsieur Gbagbo. Et la communauté internationale devra adresser cette question avec responsabilité. Nous ne comprenons pas pourquoi certains membres du Conseil de sécurité font des réserves, font des résistances, tout comme comme mon gouvernement s’indigne devant toutes ces manœuvres qui n’honorent pas les Nations unies », s’offusque l’ambassadeur.

Toujours à propos de ces mêmes évènements, la France demande une commission d’enquête sous l’égide de l’ONU alors que ce vendredi 4 mars, le HCR suspend ses activités dans l’ouest de la Côte d’Ivoire à cause, dit-il, de la détérioration de la situation sécuritaire.

D’autre part, le panel de chefs d’Etat, mandaté par l’Union africaine, est à Nouakchott. De source diplomatique, il devrait se rendre dès cet après-midi à Abidjan.

« Grave dégradation de la situation dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire », selon MSF
Médecins Sans Frontières s’inquiète de la dégradation de la situation dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire et à la frontière libérienne. « Les populations fuient les violences et le personnel médical déserte des structures de santé », rapporte l’organisation humanitaire dans un communiqué. « Face à l’intensification des affrontements, MSF adapte son intervention et demande à toutes les parties au conflit de laisser ses équipes médicales soigner les patients de quelque bord qu’ils soient. »

Dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire, une équipe mobile de MSF avait commencé à dispenser des soins de santé primaires dans le nord du district de Duékoué, le personnel médical ayant abandonné les centres de santé. « Mais le 3 mars, MSF a dû arrêter ses activités pour des raisons de sécurité. Les habitants de cette zone ont commencé à fuir. De même, les personnes déplacées autour de la ville de Toulepleu, située près de la frontière libérienne et inaccessible pour le moment, prennent la fuite », indique MSF.

A Abidjan, MSF « observe également une inquiétante dégradation de la situation et s’efforce d’apporter un soutien aux structures hospitalières ».

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